La cryptomonnaie s’invite au Sommet francophone de la finance

Club canadien de Toronto, Sommet francophone de la finance et de l'investissement
On discute de cryptomonnaie au Sommet francophone de la finance et de l'investissement, organisé par le Club canadien de Toronto au centre Vantage Venues. Photos: Soufiane Chakkouche, l-express.ca
Partagez
Tweetez
Envoyez

Publié 06/11/2025 par Soufiane Chakkouche

L’une des conférences qui ont connu le plus de succès lors du récent Sommet francophone de la finance et l’investissement (SFFI) est celle du 29 octobre qui portait sur la cryptomonnaie: Bitcoin, Ethereum & Cie: comment s’y retrouver et en profiter?

Au-delà du fait que le sujet intéresse de plus en plus de personnes, jeunes comme moins jeunes, le quatuor d’intervenants réunis par le Club canadien de Toronto au Vantage Venues était de qualité et muni d’une longue expérience en la matière.

«Levez la main, celles et ceux qui possèdent de la cryptomonnaie», a sondé d’emblée Marc Lijour, président de la fondation Northstar et l’un des quatre panélistes participants à cette conférence.

Quelques mains timides s’étaient levées, représentant environ 10% des personnes présentes dans la salle. Cela tombait bien, car 10% c’est le pourcentage des Canadiens qui investissent dans la cryptomonnaie selon les données officielles, un chiffre qui sera probablement amené à augmenter durant les prochaines années.

Club canadien de Toronto, Sommet francophone de la finance et de l'investissement
Le panel sur la cryptomonnaie: Marc Lijour, Douglas Heintzman, Geraldine Jippe et Antoine Sarhan.

Les facteurs de fluctuation de la cryptomonnaie

Toutefois, avant de se jeter tête baissée dans ce que certains appellent l’or digital, il convient de connaître, voire maîtriser les facteurs de fluctuation de cet actif qui a la solide réputation d’être très volatil.

Publicité

«Si on prend le grand-père de toutes les cryptomonnaies, c’est-à-dire le Bitcoin, il est commercialisé sur des bourses d’échanges. Alors, c’est la loi du marché, et donc celle de l’offre et de la demande, qui crée les fluctuations», explique Marc Lijour à l-express.ca.

Même son de cloche du côté d’Antoine Sarhan, responsable des ventes à Ndax. «Ce sont les mêmes facteurs qui agissent sur la fluctuation des actions. Tout le monde dit que la cryptomonnaie est trop volatile, mais, quand on regarde la performance sur 10 ans, la tendance est à la hausse, et elle est mieux que les actions, les obligations et l’or.»

Cependant, comme pour tout autre investissement, il faut savoir gérer ses émotions et se munir de patience, de beaucoup de patience, conseille l’expert:

«Les gens ont peur parce qu’ils n’ont pas de patience. Il faut avoir une logique et une pensée à long terme dans le domaine de la crypto, et très peu d’investisseurs savent comment le faire.»

Le Canada en retard sur le plan législatif

Par ailleurs, les quatre panélistes s’accordent pour dire que le Canada enregistre un retard très significatif au regard du cadre législatif.

Publicité

«Il est clair que le Canada est pionnier en la matière. Par contre, le pays a pris aujourd’hui beaucoup de retard en matière de législation pour démocratiser complètement ce type d’actifs, et cela, quelle que soit la province», déplore Geraldine Jippe, cofondatrice et directrice des opérations d’AssetsWaves.

Et d’ajouter: «Ça prend plus de temps de travailler avec les institutions en vigueur pour être capable de légiférer et de se développer à la même rapidité à laquelle progressent les nouvelles technologies, et cela freine le marché.»

Antoine Sarhan n’en pense pas moins que «d’une perspective législative, le Canada est en retard. J’en veux pour exemple le Canadien Vitalik Buterin, qui a créé Ethereum au Canada, mais qui a quitté le pays à cause de la législation de ce dernier. Malheureusement, beaucoup de Canadiens et d’investisseurs émigrent vers d’autres pays qui sont plus avancés législativement parlant.»

Club canadien de Toronto, Sommet francophone de la finance et de l'investissement
Antoine Sarhan.

Absence d’une vision stratégique

De son côté Douglas Heintzman, catalyseur en chef chez BRI (Blockchain Research Institute), pointe du doigt le manque d’une vision stratégique, notamment concernant les stablecoins qui sont, comme leur nom l’indique, des cryptoactifs spécialement conçus pour être dotés d’une valeur stable:

«La cryptomonnaie est un actif spéculatif, c’est comme de l’or digital. Mais le Canada a accumulé du retard par rapport à l’Europe ou aux États-Unis, y compris en matière des stablecoins, qui est un gage de stabilité. On a besoin de développer une vraie stratégie au Canada.»

Publicité

Pourtant, il fut un temps où le Canada était précurseur en la matière. À titre d’exemple, le Canada était l’un des premiers pays, avant les États-Unis, à introduire des ETF (actions en bourse) pour le Bitcoin et Ethereum.

De plus, le pays de Mark Carney était l’un des premiers à offrir une assurance, via les plateformes réglementées, allant jusqu’à un million de dollars canadiens pour protéger les investisseurs des fraudes ou tout siphonnage de plateformes, comme cela a été le cas à plusieurs reprises dans le passé sur le sol canadien et sous d’autres cieux.

Club canadien de Toronto, Sommet francophone de la finance et de l'investissement
Marc Lijour.

Les conseils des pros

Du reste, en ce qui concerne les conseils d’investissement tant attendus, les panélistes n’étaient pas autorisés à proposer au public un actif d’avenir ou une suggestion d’investissement précise, et ce, par déontologie du métier.

«Le seul conseil que je suis permis de donner c’est d’avoir la curiosité d’apprendre et de s’informer par soi-même, parce que c’est ce qui permet d’avoir la confiance pour investir, encore une fois à long terme», préconise Antoine Sarhan.

Même recommandation sortant de la bouche de Marc Lijour:

Publicité

«Pour minimiser les risques, je conseille toutes les pratiques classiques de gestion de portefeuille financier, comme la diversification des actifs et des investissements. Par contre, il y a un risque technologique dans le secteur de la cryptomonnaie, surtout lorsqu’il s’agit d’une nouvelle blockchain, à prendre en compte, d’où la nécessité de rester constamment informé.»

En d’autres termes, il ne faut acheter que ce que l’on comprend et ce qu’on est capable de perdre.

À l’heure de la mise sous presse, le Bitcoin s’échange à 143 807 dollars canadiens, soit un effondrement de prêt de 8% en seulement cinq jours, entrainant dans son sillage la chute de presque tous les autres altcoins, c’est dire la volatilité de cet actif faiseur de millionnaires comme de fauchés.

Auteurs

Partagez
Tweetez
Envoyez
Publicité

Pour la meilleur expérience sur ce site, veuillez activer Javascript dans votre navigateur