Pas simple d’emprunter un livre en français pour une liseuse

À la Bibliothèque publique de Toronto

Une liseuse Kindle.
Ce n'est pas toujours possible d'emprunter un livre en français de la Bibliothèque de Toronto pour une liseuse. Photo: Kindle
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Publié 13/03/2025 par Nathalie Prézeau

Josette Bouchard, cliente de la Bibliothèque publique de Toronto (TPL) depuis des années, a récemment constaté qu’emprunter un livre en français sur sa liseuse Kobo requérait un processus fastidieux impliquant le téléchargement d’Adobe Digital Editions et de Cantook pour transférer son fichier sur un ordinateur, puis vers sa liseuse. C’est problématique quand on n’a pas tout notre attirail sous la main.

Elle a tenté, sans succès, de suivre les étapes suggérées en ligne et au téléphone par Kobo, puis la TPL.

On lui suggère alors de se rendre en personne à sa branche de la TPL pour l’aider. «Vous verrez, c’est facile», lui disait-on.

«Et bien je me suis rendue à la bibliothèque avec ma liseuse, ma tablette, mon ordinateur. Quand ça n’a pas fonctionné, la gentille personne-ressource de la TPL a essayé avec l’ordinateur de la TPL, puis avec son ordinateur personnel. Sans succès. Non, ce n’était pas facile!»

«Mais pour acheter un livre français sur Kobo, ça, pas de problème!», souligne Josette Bouchard.

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Josette Bouchard
Josette Bouchard, artiste-peintre et enseignante retraitée de la Toronto French School. Photo: archives l-express.ca

Kobo vs Kindle

Les raisons d’opter pour une liseuse électronique sont nombreuses, que ce soit Kindle, qui détient environ 85% du marché mondial, ou Kobo, avec 15% de la part du gâteau.

Plus légère et plus compacte qu’un livre papier, une ou un ordinateur, la liseuse est idéale en voyage. Grâce à la technologie de «l’encre électronique», elle offre une expérience de lecture proche de celle d’un livre imprimé, réduisant ainsi la fatigue oculaire.

De plus, contrairement aux écrans à cristaux liquides, la liseuse ne reflète pas la lumière du soleil, un atout majeur pour les amateurs de lecture à la terrasse au bord de la plage.

Les deux principales marques de liseuses électroniques sont comparables, à deux différences près. Premièrement, la majorité des liseuses Kobo sont compatibles avec la TPL, alors que seule la liseuse Kindle Fire donne accès à ses livres numériques.

Kindle appartient à Amazon, tandis que Kobo a son siège social à Toronto, un facteur déterminant pour de nombreux Canadiens par les temps qui courent. Kobo a été développée par Indigo Books & Music en 2009. L’entreprise a été rachetée en 2012 par la société japonaise Rakuten pour 165 millions $, une belle opération pour Indigo.

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Petit fait amusant: ce n’est pas Rakuten qui a donné à sa liseuse son nom à consonance japonaise. En réalité, Kobo est une anagramme du mot «book», choisi par Indigo. Bien trouvé!

Une liseuse Kobo.
Une liseuse Kobo. Photo: Kobo

Les applications de lecture ne sont pas toutes égales

Pour accéder à des livres de la Bibliothèque publique de Toronto, les lecteurs peuvent connecter leur liseuse à l’inventaire numérique gratuit en anglais. Mais pour les titres en français, ça se complique.

La TPL utilise l’application de lecture Libby, développée par OverDrive. C’est habituellement en tentant d’emprunter un titre français sur leur liseuse que les usagers réalisent qu’OverDrive n’est utilisé que pour les titres anglais.

Pour permettre l’accès aux livres numériques en français, la TPL a contracté le leader Cantook, initialement conçu en partenariat avec l’ANEL représentant les maisons d’édition de langue française du Québec et du reste du Canada.

Or, déception, Cantook n’est pas compatible avec les liseuses!

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Les titres en français à la TPL

L’inventaire de livres en français à la TPL a toujours été plus limité. L’institution invoque l’offre et la demande.

Josette Bouchard rétorque: «Cela concerne l’éducation. Les écoles francophones et d’immersion ont besoin d’un accès équitable aux livres numériques.»

La TPL relève de la Ville de Toronto, mais les municipalités échappent à la Loi sur les services en français de l’Ontario. La Loi sur les langues officielles du Canada, elle, ne s’applique qu’aux ministères et agences du gouvernement fédéral. Les francophones doivent donc compter sur la bonne volonté des responsables de chaque bibliothèque.

C’est ainsi qu’on avait réglé rapidement la controverse de janvier 2020, lorsque la communauté a dénoncé les coupes prévues de 20 à 30% dans les collections en français de la TPL. La Bibliothèque avait reculé… et même augmenté son budget pour l’achat de titres francophones.

«Cela a permis d’acheter davantage de livres imprimés, mais aussi plus de livres numériques du catalogue de Cantook», se souvient Patrick Herman, spécialiste des collections en français à la TPL.

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Celui-ci met chaque mois en vedette une sélection de livres en français. Pour mars, Mois de la francophonie, la TPL propose d’ailleurs une liste de 33 titres.

écrivains, livres
L’entrée de la Bibliothèque de référence de Toronto sur Yonge au nord de Bloor. Photo: TPL

Beaucoup de difficultés techniques

Cependant, le site de la TPL n’est pas bilingue, et il n’est pas évident depuis la page d’accueil de trouver le lien menant directement aux titres français: torontopubliclibrary.ca/francais. Ni celui menant directement aux livres numériques en français: tpl.cantookstation.com.

En réaction aux déboires de Josette Bouchard, le spécialiste des collections françaises a expliqué que les usagers anglophones vivent la même chose. «Nos dépanneurs en ressources électroniques trouvent ça bien frustrant. Il y a tant de difficultés techniques possibles à chaque étape.»

Il y a des problèmes de compatibilité entre les différents modèles de liseuse, les éditions du système d’exploitation d’un ordinateur, les générations de l’application de lecture, etc.

Droits d’auteurs

À cela s’ajoute la disparité des licences de droits d’auteurs, entièrement négociés par Cantook et Overdrive avec les maisons d’édition. Ces droits n’ont pas tous été négociés pour toutes les versions: c’est le cas du livre recherché par Josette Bouchard.

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Par ailleurs, certains titres ne sont disponibles qu’en version PDF, souvent désagréables à lire.

Bref, on règle les problèmes au fur et à mesure qu’ils émergent. Et l’industrie ne cesse d’évoluer.

Patrick Herman recommande fortement d’utiliser le service de dépannage de la TPL Answerline, au 416-397-5981. Des techniciens feront tout, promet-il, pour trouver la solution aux problèmes que rencontrent les usagers de la bibliothèque publique pour profiter des livres numériques.

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