Un vote vaut mille mots

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L'exercice du droit de vote est au coeur des démocraties. Photo: iStock.com/andriano_cz
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Publié 26/02/2025 par Michèle Villegas-Kerlinger

Avec toutes les élections qui ont eu lieu récemment et celles qui se dérouleront sous peu, quoi de mieux que de revisiter le vocabulaire de ce droit démocratique? L’Office québécois de la langue française a mis au point des lexiques impressionnants dans de nombreux domaines, y compris celui des élections.

Pour tester vos connaissances en la matière, voici un petit passage sur les élections. Il y a 20 termes du lexique de l’OQLF, mais 10 sont des mots qu’il vaut mieux éviter. Essayez d’identifier ces derniers et pensez à des termes qui pourraient les remplacer favorablement. Les réponses suivent.

Si vous avez la franchise électorale, vous pouvez vous présenter au lieu de votation où le gouvernement a aménagé un bureau de votation, complet avec isoloirs et urnes. Vous pouvez même vous porter candidat ou candidate de votre comté en remplissant une déclaration de candidature. En revanche, si vous représentez un parti, ce dernier procédera à une mise en nomination.

Plusieurs postes peuvent s’offrir à vous: dirigeant de parti politique, colistier ou député pour n’en nommer que ceux-là. Parfois on a plus de chance de remporter les élections s’il y a une vacance ou si le sortant de charge décide de ne pas se présenter de nouveau aux élections. Il existe aussi la possibilité d’être élu sans opposition.

Dans une élection, c’est l’officier rapporteur ou l’officière rapporteuse qui se charge de l’organisation et du déroulement du scrutin. En vérifiant la liste électorale, le greffier ou la greffière du scrutin saura qui a voté et les officiers d’élection s’occuperont d’autres tâches dont un second dépouillement le cas échéant.

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Réponses et explications

Franchise électorale – Calqué de l’anglais «elective franchise», ce terme est déconseillé par l’OQLF. On le remplacera avantageusement par «droit de vote», c’est-à-dire ce droit dont jouissent les citoyens canadiens et qui leur permet de participer au choix de représentants ou à une décision par leur vote lors d’une élection ou d’un référendum.

Lieu de votation – L’OQLF recommande les termes «lieu de vote» ou «lieu de scrutin». Ces derniers se réfèrent au bâtiment où se trouvent un ou plusieurs bureaux de vote. Le terme « votation » n’est plus employé en France et il est vieilli au Canada. Bien qu’employé encore en Suisse, le mot désigne plutôt une consultation populaire.

Bureau de votation – Comme pour le cas précédent, on privilégiera les termes «bureau de vote» ou «bureau de scrutin» pour désigner l’endroit aménagé pour le déroulement d’un vote et où l’on pourra trouver une table avec le personnel électoral, une urne et un isoloir.

Comté – Ce terme familier pour désigner une division administrative d’un territoire et établie en vue de l’élection de représentants a été remplacé le 9 juin 2022 par la Commission de toponymie du Québec. Les termes «circonscription» ou «circonscription électorale» ont depuis supplanté le mot «comté» qui ne figure pas dans les lois électorales québécoises ni canadiennes. Le terme «circonscription» convient aux élections fédérales, provinciales et scolaires alors que les divisions du territoire au niveau municipal s’appellent «districts électoraux» ou «quartiers».

Mise en nomination – L’OQLF recommande les termes «mise en candidature» ou «présentation de candidature» pour nommer le processus par lequel une personne se porte candidate à un poste dans le but de remplir une charge élective. Le terme «nomination» renvoie à la sélection d’un candidat pour un prix ou une récompense.

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Sortant de charge – Pour désigner l’élu(e) dont le mandat prend fin, que cette personne décide de se présenter pour un nouveau mandat ou pas, l’OQLF recommande le terme «sortant» comme dans le «premier ministre sortant» ou le «conseiller sortant». Le terme «sortant de charge» est à proscrire. Utilisé au 19e siècle et au début du 20e, il est vieilli et quelque peu pléonastique étant donné le fait que le sortant est une personne qui cesse d’exercer sa charge.

Officier rapporteur et officière rapporteuse – Ce calque de l’anglais « returning officer », employé autrefois au Canada, est fautif. Le terme anglais «officer» peut signifier «director», mais le mot français «officier» n’est pas synonyme de «directeur». Par ailleurs, les titres auxquels on ajoute l’adjectif «rapporteur» s’appliquent en général à des personnes qui doivent rendre compte d’une affaire ou d’une question, par exemple. La personne responsable de l’organisation et du déroulement des élections et des référendums dans une circonscription électorale est un «directeur du scrutin» ou une «directrice du scrutin». S’il s’agit d’élections municipales ou scolaires, on dira un(e) «président(e) d’élection».

Greffier ou greffière du scrutin – La personne qui seconde le scrutateur ou la scrutatrice du bureau de vote (cette dernière est la personne qui doit veiller à l’aménagement des lieux, assurer le bon déroulement du vote et procéder au dépouillement des votes) et dont une des principales responsabilités consiste à indiquer sur la liste électorale les électeurs qui ont voté, s’appelle un ou une «secrétaire du bureau de vote». Cette personne doit mentionner aussi si un électeur a dû prêter serment ou a refusé de le faire, si quelqu’un a eu besoin d’aide au moment de voter ou si l’électeur a remis un bulletin de vote non conforme. En français, le mot «greffier» est un terme du système judiciaire et les mots «greffier du scrutin» et «greffière du scrutin» s’emploient surtout pour les élections fédérales.

Officiers d’élection – Le personnel qui travaille à la tenue d’une élection est connu sous le nom de «personnel électoral». Tel que mentionné ci-haut, les termes «officier» et «officer» n’ont pas le même sens. Ce dernier est plutôt général et désigne tout titulaire d’une fonction de responsabilité dans une organisation. En français, le terme appartient surtout à la terminologie militaire, juridique ou au vocabulaire des ordres honorifiques. En droit, ce mot désigne le titulaire d’un office ou d’une fonction publique qu’il assure à vie.

Second dépouillement – Quand il s’agit du décompte des votes, présidé par un juge et qui s’effectue en cas de résultat serré ou d’irrégularités alléguées, on parle d’un «dépouillement judiciaire». Bien que « second dépouillement » ne soit pas forcément un terme à proscrire, il faut préciser que le nouveau dépouillement pourrait être supervisé par une autre autorité, comme un scrutateur. Dans de tels cas, le terme recommandé par l’OQLF est plus précis. Fait intéressant: au Canada, un dépouillement judiciaire est automatique lors des élections fédérales et provinciales chaque fois que la différence des votes entre les deux candidats avec le plus grand nombre de votes est de moins d’un millième des voix exprimées.

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Pour consulter les autres termes des élections proposés par l’Office québécois de la langue française ainsi que les autres lexiques disponibles sur leur site web, veuillez cliquer sur ce lien.

Auteurs

  • Michèle Villegas-Kerlinger

    Chroniqueuse sur la langue française et l'éducation à l-express.ca, Michèle Villegas-Kerlinger est professeure et traductrice. D'origine franco-américaine, elle est titulaire d'un BA en français avec une spécialisation en anthropologie et linguistique. Elle s'intéresse depuis longtemps à la Nouvelle-France et tient à préserver et à promouvoir la Francophonie en Amérique du Nord.

  • l-express.ca

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