Difficile cohabitation entre francophones et anglophones, place des femmes dans des métiers traditionnellement masculins, patriotisme exacerbé menant au racisme et à la xénophobie, autant de thèmes abordés par Pauline Vincent dans La Femme de Montréal. Son suspense historique s’inspire d’une période phare de l’histoire du Québec des années 1930.
Montréal, 1934: Kill the frogs! Kill the pea soup! Ces cris d’injures envers les Canadiens français (qualifiés de grenouilles et de soupe aux pois) demeurent monnaie courante. Ils sont source d’une «certaine paranoïa mêlée à une haine grandissante de l’Anglais».
Société secrète
C’est dans ce contexte que l’Ordre de la Patrie, société secrète et misogyne, recrute des Canadiens français et catholiques dignes d’être appelés «frères». On pense évidemment à l’Ordre de Jacques-Cartier, alias La Patente, dont le rituel initiatique et la structure de commanderie sont repris ici.
La femme dont il est question dans le titre du roman est Claude Dufresne qui se travestit en homme sous le nom de Claude Dumesne. Son alter ego masculin porte «perruque et moustache à la Clark Gable, lunettes cerclées d’or, un feutre à la Gary Cooper, un costume de serge légèrement glacé par l’usure, un nœud papillon et des souliers noirs en cuir verni».
Berné par le déguisement, le quotidien La Laurentie l’engage. Claude n’est au journal que depuis peu quand un collègue l’approche et l’invite sans détour à participer à la réunion de l’Ordre de la Patrie.