Les rats prennent d’assaut Toronto: un plan d’urgence demandé

rats avenue Grange
L'avenue Grange, non loin du Musée des beaux-arts de l'Ontario à Toronto, est infestée de rats, comme plusieurs autres endroits de la métropole. Photos et vidéos: Nathalie Prézeau, l-express.ca
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Publié 30/08/2024 par Soufiane Chakkouche

Comme toute grande métropole, Toronto abrite des rats dans ses entrailles. Toutefois, la population des rongeurs n’y cesse d’augmenter et devient de plus en plus visible. Le phénomène est tel qu’on parle d’invasion dans certains quartiers, ce qui a poussé des élus à demander un plan d’action d’urgence. Ça sera chose faite, mais dans un an.

Un vieil adage français dit: «Il est plus difficile de se débarrasser des rats que de les attirer.» Malheureusement, cette maxime populaire s’applique à merveille à Toronto en ce moment.

Et pour cause, selon de nombreux témoignages oculaires, plusieurs quartiers connaissent une véritable invasion de rats.

«Il y a des rats même dans les bâtiments de l’Hôtel de Ville. Il faut faire quelque chose avant que cela ne se transforme en crise de santé publique, sans parler de l’impact sur la santé mentale dont peuvent être victimes les citoyens confrontés à ce problème», déplore la conseillère municipale Alejandra Bravo.

Comité consultatif francophone de la Ville de Toronto
La conseillère municipale Alejandra Bravo est notamment présidente du Comité consultatif francophone de la Ville de Toronto. Photo: l-express.ca

Pas de données

Ce n’est pas la peine de tenter de quantifier le problème si ce n’est par l’observation à l’œil nu, car les données en sont tout simplement inexistantes.

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rats
Elise von Scheel. Photo: courtoisie

«La Ville de Toronto ne suit pas la population totale de rats», affirme la porte-parole de la Ville, Elise von Scheel.

Et Alejandra Bravo de confirmer: «Il n’y a pas au sein de la Ville une entité dédiée pour comprendre et chiffrer la population des rats à Toronto. C’est une question qu’on doit se poser pour identifier le problème et comprendre son ampleur afin de prendre les mesures nécessaires.»

Le nombre des plaintes monte en flèche

Cependant, à défaut de chiffres, le nombre de plaintes des résidents liées aux rongeurs peut constituer un bon indicateur.

En effet, en 2023, la municipalité a reçu quelque 1 600 plaintes concernant les rats, contre 940 en 2019, soit une augmentation de plus de 70%.

Et la situation ne risque pas de s’arranger si rien n’y est fait. Pour preuve, entre janvier et juin de cette année, la municipalité a d’ores et déjà reçu 780 appels.

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Pas de stratégie non plus

Malgré le contexte, et hormis les actions sporadiques consistant à faire appel à des dératiseurs privés ou à des compagnes d’information et de sensibilisation (la dernière date de 2022), la Ville n’a toujours pas de stratégie pour remédier à ce fléau à queue. Et puis, comment établir une stratégie sans avoir cerné le phénomène avec des données?

«À date d’aujourd’hui, il n’y a pas une vraie stratégie ou d’efforts communs et coordonnés pour limiter la population des rats», constate amèrement Alejandra Bravo.

Impact sur le tourisme

Au-delà de l’évidence concernant les conséquences matérielle, sanitaire et mentale que cette prolifération peut causer aux Torontois, il est indéniable que la réputation de la ville reine en pâtit, tout en sachant que le secteur touristique y peine toujours à retrouver sa vigueur d’avant la pandémie.

À titre d’exemple, L’Express s’est rendu à l’avenue Grange et le parc éponyme limitrophe à l’AGO (Musée des beaux-arts de l’Ontario) et a constaté de visu l’étendue du phénomène. Tout le quartier est infesté de rats, grouillant sur les trottoirs, passant d’une cour de maison à une autre, d’une benne à ordure à une autre, et ce avec une effronterie déconcertante.

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«Les rats visibles donnent une mauvaise réputation à Toronto et forcément un mauvais retour d’expérience des touristes. Ce n’est pas une façon d’accueillir ces derniers», regrette la conseillère.

Les chantiers de construction mis en cause

L’un des facteurs responsables de la situation est l’accroissement des chantiers de construction dans la ville.

«Le bruit et les vibrations causés par les constructions peuvent également perturber les habitats des rongeurs et déplacer leurs populations», explique Elise von Scheel, avant de rappeler la responsabilité de qui de droit. «Lors des travaux, les entrepreneurs doivent respecter la Loi sur la santé et la sécurité au travail de l’Ontario et prendre des mesures pour protéger les travailleurs et le public contre tout danger réel ou potentiel, y compris les risques biologiques que la présence de rongeurs pourrait créer.»

rats avenue Grange
Avenue Grange, des gens laissent leurs poubelles devant leur maison en permanence.

Une motion déposée

Face à ce qui ne peut plus être dissimulé, et suite aux plaintes redondantes des habitants de leurs circonscriptions respectives, la conseillère Bravo et la maire adjointe Amber Morley ont déposé, le 2 juillet dernier, une motion auprès du Comité des infrastructures et de l’environnement.

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Le document exhorte le conseil municipal à établir en urgence un plan d’action interdivisionnaire pour limiter la casse et se doter d’une stratégie pérenne en matière de lutte contre les rongeurs.

La lettre recommande également de consulter et de s’inspirer des approches d’autres villes nord-américaines en avance dans ce domaine.

rats
Art de rue à Toronto.

Aussitôt déposée, aussitôt approuvée

22 jours plus tard, la motion est approuvée, et ce sans débats ni amendements, c’est dire l’urgence de la situation.

«Le 24 juillet dernier, le Conseil municipal a demandé au personnel de présenter un plan d’action interdépartemental pour la réduction des rats à Toronto, y compris des stratégies pour traiter les facteurs environnementaux contributifs et les impacts sur les quartiers locaux avec une approche de gestion intégrée des parasites», précise la porte-parole de la Ville.

Toutefois, à cause de la multitude des intervenants concernés, le plan ne verra pas le jour avant le troisième trimestre 2025. D’ici là, les Torontois n’ont qu’à prendre leur «mal» en patience.

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