Deux livraisons d’XYZ, la revue de la nouvelle

XYZ, la revue de la nouvelle
XYZ, la revue de la nouvelle, no 156 – «Hors réserve», et no 157 – «Bibliophilie et autres pathologies», Montréal, hiver 2023 et février 2024, 104 pages, 14 $.
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Publié 22/05/2024 par Paul-François Sylvestre

En choisissant Hors réserve comme thème de sa 156e livraison, la revue XYZ a voulu faire état de ce désir de tout faire péter. Un traumavertissement est donné dès la première page: «ce numéro n’est pas un safe space. Les barreaux de la cage fraîchement scié demeurent coupants pour celui ou celle qui cherche à s’en extirper.»

Gilles Vigneault a déjà dit que la meilleure façon de défendre une langue, c’est de la parler bien, de l’écrire le mieux possible et de la lire beaucoup. Mathieu Villeneuve signe la première nouvelle où son personnage «checke vite fait que la pelle mécanique est en bonne shape» et reprend la route «avec son trailer loadé . Inutile de dire que je ne l’ai pas suivi «sur sa trail».

Suicides

David Bélanger signe la deuxième nouvelle et rappelle qu’Émile Durkheim a noté en 1900 que les suicides s’adaptaient à l’environnement. «Les poutres nues des campagnes appelaient les pendus, comme les immeubles des villes les défenestrés.» Aujourd’hui, il est difficile de répertorier «toutes les possibilités offertes à qui veut se donner la mort».

Yann Leblanc illustre bien ce qui est authentique, c’est-à-dire «ce qui sort de toi avec sincérité». Son personnage est un artiste qui décide de peindre les sons, «les retranscrire en lignes, touches, couleurs, aplats et formes». Il va réaliser sa meilleure exposition: «la peinture à bout de souffle».

Mémoire

Le personnage que campe Jocelyn Sioui travaille dans un hôpital montréalais. L’auteur en profite pour glisser plusieurs notes historiques. Il souligne que Jean Mance a bâti le premier hôpital en 1643, que Ochehagas est la meilleure prononciation du mot Hochelaga qui signifie le peuple de la montagne.

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Il ajoute même que selon l’éminent neurochirurgien Wilder Penfield, notre mémoire se situe dans les lobes temporaux. «Si vous perdez la mémoire, vous savez désormais où la trouver.»

Page blanche

Les premiers mots de la 157e livraison sont: «La bibliophilie est l’amour des livres. Cet amour ne délivre pas toujours.» Beau jeu de mot et verdict qui s’applique à plusieurs nouvelles beaucoup trop longues à mon goût.

Frédéric Hardel tourne les pages d’un cahier pour découvrir que chaque page est blanche. Je veux bien comprendre qu’il n’entendre plus la voix d’un être cher, mais il y a des mots pour exprimer cette situation.

Romain Menini est un bibliophile qui prit plaisir «à caresser le plat supérieur de son exemplaire, la pulpe de son index délicatement pressée sur la guirlande de feuillage mosaïquée. Il huma la blondeur suave du maroquin citron». Rien sur le contenu, sur la substantifique moelle.

Reliure

Coté emballage, Bruno Lalonde nous parle de livres reliés en peau humaine. Sa bibliothèque est un Temple et certains ouvrages lui confèrent «une aura de sanctuaire sacré». Les livres errants tombent-ils dans les limbes, dans la réserve d’un bibliophile pathologique?

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Le parfum enivrant de l’encre, la texture exquise d’une reliure et le doux bruissement du papier semblent tous plus enchanteurs que les histoires racontées.

Auteurs

  • Paul-François Sylvestre

    Chroniqueur livres, histoire, arts, culture, voyages, actualité. Auteur d'une trentaine de romans et d’essais souvent en lien avec l’histoire de l’Ontario français. Son site jaipourmonlire.ca offre régulièrement des comptes rendus de livres de langue française.

  • l-express.ca

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