«On était en Louisiane avant les Américains, on sera ici après qu’ils sont partis.» Ce gros clin d’œil de la chanson Ma Louisiane, du chanteur louisianais bien connu Zachary Richard, résume admirablement l’esprit cadien qui prévaut toujours dans cet État du Sud des États-Unis.
Cadien et non cajun, car mettons tout de suite une chose au clair: le mot «cajun» ne devrait pas exister en français. Pour le dire poliment, il s’agit d’un anglicisme. Pour être vrai, c’est une corruption linguistique, une déformation d’une déformation, un illogisme. Bref, c’est pas beau!
Les Cadiens (ou Cadjins), quand ils parlent français, ne se décrivent jamais comme des «Cajuns». Pourquoi donc?
Lorsque les Acadiens se sont installés en Louisiane dans les années suivant la Déportation, ils ne s’identifiaient pas à l’oral comme des «Acadiens», mais comme des «Cadjins», soit un diminutif ou une variante d’«Acadiens» (d’ailleurs prononcé autrefois, et encore de nos jours par certains, comme Aca-djins).
Les anglophones ont écrit le gentilé comme ils l’entendaient, d’où le mot «Cajun», prononcé «ké-djeune». Des francophones de l’extérieur de la Louisiane ont par la suite «francisé» le mot anglais «Cajun» en conservant la même graphie, mais en lui donnant la prononciation française «ka-jeun».