L’amour comme thème du 26e festival Cinéfranco

Le festival torontois Cinéfranco revient du 3 au 11 novembre pour une 26e édition au cinéma Carlton, avec une sélection de 19 longs-métrages et 2 séances de plusieurs courts-métrages. 

En entrevue avec l-express.ca, la fondatrice et directrice de Cinéfranco, Marcelle Lean, indique que l’amour est au coeur de tous les films choisis «sous toutes ses formes, romantique, filial, toxique, etc».

Un retour 100% en présentiel

Cette année, Cinéfranco propose une programmation uniquement au cinéma Carlton pour «éviter que le public ne se balade d’une salle à une autre». Le prix du billet est de 10$, et 8$ pour les aînés et les étudiants. 

Marcelle Lean indique que c’est pour «l’amour du cinéma et une expression visuelle, musicale et communautaire» qu’il n’y aura pas de virtuel cette année.

«Il y a quelque chose de magique et de spécial de pouvoir partager nos émotions et nos rires. C’est un privilège exceptionnel de pouvoir parler avec des gens qui ont les mêmes goûts que nous.»

Des premières canadiennes 

Marcelle Lean a choisi comme film d’ouverture Sexygénaires de Robin Sykes, car elle trouve «le duo de séxagénaires français Thierry Lhermitte et Patrick Timsit très drôle».

Le rapport au vieillissement dans le film est «un sujet qui fait réfléchir et qui fait rire». Ce sera la première fois que le film sera diffusé au Canada anglais. 

Le film de fermeture sera également une première pour le Canada anglais. Il s’agit du film franco-sénégalais Tirailleurs réalisé par Mathieu Vadepied. Ce choix n’est pas fait au hasard, car ce sera le Jour du Souvenir, le 11 novembre. 

«L’histoire des tirailleurs sénégalais et des colonies françaises est un sujet qui me tient à coeur car mon père, originaire du Maroc, s’est battu pour la France lors de la Seconde Guerre mondiale.» Le choix des Tirailleurs comme film de clôture est l’occasion de «rendre hommage et mettre en lumière la participation des colonisés». 

Des films qui ont fait le tour du monde 

«Cette année, on a une chance extraordinaire de montrer des films qui ont fait le tour du monde.»

Sélectionné aux festivals de Munich et de Cannes, le documentaire original Les Filles d’Olfa, réalisé par Kaouther Ben Hania, présente l’histoire d’une mère et de ses quatre filles, dont les deux aînées sont parties en Libye et ont rejoint l’État islamique.

Il s’agit d’un film entre le documentaire et la fiction, car la famille est parfois remplacée par des actrices. 

Le film Banel et Adama, réalisé par Ramata-Toulaye Sy, a également été sélectionné aux festivals de Cannes, de Munich, de Jérusalem et même chez nous au TIFF. Il raconte l’histoire de jeunes amoureux qui veulent s’isoler de leur famille au Sénégal. 

Le Bleu du Caftan, réalisé par Maryam Touzani, évoque l’histoire d’un homme gai marié à une femme malade. Ce film dramatique a été sélectionné aux festivals de Marrakech, Vancouver, Palm, Springs, Seattle, Götberg, Haifa, Athènes et Angoulême.

Un accent sur les films québécois 

Ayant un partenariat avec La Tournée Québec Cinéma, Cinéfranco compte programmer des films québécois qui n’ont pas encore été diffusés à Toronto.

C’est le cas d’Une femme respectable de Bernard Emond, qui viendra en personne à Cinéfranco pour présenter son film. Selon Marcelle Lean, «c’est un film très touchant d’un couple dans les années 1930».

Joelle Desjardins Paquette sera également au festival Cinéfranco pour présenter son premier long-métrage intitulé Rodéo. C’est l’histoire du voyage d’un père et de sa fille qui prennent la route pour aller à une fête de camions en Alberta. 

Cinéfranco accueille également pour la première fois Les Chambres rouges, réalisé par Pascal Plante, racontant l’histoire d’une jeune fille obsédée par l’affaire d’un tueur en série. 

Le documentaire québécois L’Audience, d’Émilie B. Guérette et de Peggy Nkunga Ndona, sera une première ontarienne. C’est l’histoire de la route migratoire périlleuse et d’une demande d’asile d’une famille congolaise pour le Canada. 

Les courts-métrages, une tradition

Deux séances de courts-métrages franco-ontariens seront proposés par Cinéfranco le samedi 4 et le samedi 11 novembre de 11h30 à 13h30. «Les courts-métrages, c’est une tradition à Cinéfranco», rappelle Marcelle Lean. 

«Le développement de l’industrie cinématographique ontarienne francophone est une mission difficile.» Marcelle Lean souhaite donc «mettre en valeur une industrie qui est en plein développement et leur donner une visibilité accrue».

Cinéfranco s’associe à des agences comme Le Labo ou le Front des Réalisateurs Indépendants du Canada (FRIC) afin de trouver des films grâce à leurs recommandations.

Le samedi 4 novembre, Cinéfranco diffusera six courts-métrages avec la présence de certains des réalisateurs et cinéastes comme Joël Tremblay, Pascaline Lebras, Marcel Grimard et Nicole Blondel. 

Tandis que le samedi 11 novembre, trois courts-métrages de 30 minutes seront diffusés. Joanne Beloucou viendra présenter son court-métrage Nos Identités canadiennes, un aperçu des perceptions des franco-canadiens concernant leur identité.

Julia, un court-métrage proposant un voyage dans le temps, sera également présenté par Vincent Smitz. Florence Sobieski présentera également Tête à tête, l’histoire de deux femmes évoquant leur bisexualité.

Des premières en Amérique du Nord

Le public pourra découvrir des films qui n’ont pas encore été diffusés en Amérique du Nord. «Cinéfranco essaye de programmer des films francophones dont on est privés», indique Marcelle Lean.

C’est le cas du film Les Vengeances de Maître Poutifard, de Pierre-François Martin Laval. Cette comédie évoque le plan diabolique d’un instituteur à la retraite, interprété par Christian Clavier pour se venger de ses anciens élèves. 

Le film dramatique de Valérie Donzelli L’Amour et les Forêts sera également une grande première, interprété par le duo Virginie Efira et Melvil Poupaud. Présenté aux festivals de Cannes et de Jérusalem, il évoque les violences conjugales, psychologiques et physiques. 

Reconnu au Festival du film francophone d’Angoulême, La Petite, réalisé par Guillaume Nicloux, fera également sa première apparition. Fabrice Luchini interprète un père qui perd son fils, qui attendait la naissance de son bébé né d’une mère porteuse. 

Ce sera une grande première aussi pour Magnificat, qui remet en question la position des femmes dans l’Église catholique, réalisé par Virginie Sauveur. 

Des défis pour Cinéfranco

Suite au décès du co-directeur de Cinéfranco Bernard Lecerf, en septembre 2022, et après avoir perdu une partie des membres de l’équipe, Marcelle Lean évoque «de nouveaux membres merveilleux, mais une équipe encore un peu disloquée».

Le financement fait également partie des défis rencontrés par Cinéfranco. Des agences gouvernementales offrent un soutien financier, de même que des partenaires locaux.