Vivre à Taïwan (2) : dynamisme et résilience dans l’ombre de la Chine

Dans ce deuxième de deux articles, nous poursuivons la découverte de la culture taïwanaise en compagnie virtuelle de Richard Atimniraye Nyéladé, doctorant en anthropologie à l’Université d’Ottawa, basé à Taipei depuis six mois. Il est chercheur invité à la prestigieuse National Chengchi University de Taïwan.

Priorité à la courtoisie

Il convient de citer l’importance de la politesse et de l’étiquette dans la culture taïwanaise, mentionne Richard.

«Les Taïwanais attachent une grande valeur à la courtoisie, au respect pour les aînés (piété filiale), aux salutations respectueuses et aux gestes de politesse, tels que se donner la main avec les deux mains ou présenter une carte de visite avec les deux mains.»

«De plus, l’amour pour l’apprentissage et l’éducation est profondément enraciné dans la culture taïwanaise, avec un fort accent sur l’excellence académique et l’investissement dans l’éducation des enfants.»

L’art du compromis

«Lors d’une situation de négociation avec un Taïwanais ou une Taïwanaise, il est important de faire preuve de respect, d’écoute active et de patience», selon Richard.

«Une attitude collaborative, axée sur la recherche de solutions mutuellement bénéfiques, favorisera un climat de confiance et de coopération pour parvenir à un accord satisfaisant pour les deux parties.»

Taipei, centre économique majeur

«Taipei est un centre économique majeur, avec des secteurs clés tels que la technologie, les services financiers, le commerce et le tourisme», confirme Richard.

«Il existe une diversité de niveaux de richesse à Taipei, allant des personnes aisées aux classes moyennes. Cependant, il y a aussi une partie de la population faisant face à des difficultés économiques. Les Taïwanais travaillent généralement beaucoup, avec des horaires de travail souvent longs.»

«Par ailleurs les femmes jouent un rôle important dans l’économie de Taipei. Plusieurs d’entre elles occupent des postes professionnels et contribuent de manière significative à divers secteurs tels que la finance, les affaires, l’éducation et la recherche.»

Vie dynamique, rythme rapide, modernité 

La vie à Taipei est souvent caractérisée par son dynamisme, son rythme rapide et sa modernité.

Les habitants de Taipei peuvent profiter d’une scène culturelle vibrante, de nombreux parcs et espaces verts, ainsi que d’une variété d’options pour la nourriture, les loisirs et le magasinage.

«Le système de transport public est également bien développé, ce qui facilite les déplacements dans la ville», ajoute Richard.

Le défi du climat

Le climat de Taïwan, avec ses températures chaudes et humides, ainsi que sa saison des pluies distincte, a un impact significatif sur la vie quotidienne des habitants.

«S’adapter à ces conditions peut être un défi pour les personnes non habituées», estime Richard. «Mais en prenant des mesures appropriées telles que porter des vêtements légers, rester hydraté et utiliser la climatisation, il est possible de s’acclimater.»

«Les habitants de Taïwan ont trouvé des moyens de tirer le meilleur parti de ces conditions climatiques particulières.»

Par ailleurs, au défi de s’acclimater, ajoutons le décalage horaire: Taipei est en avance de 12 heures par rapport à Toronto.

Conflit avec la Chine 

«Les Taïwanais vivent les menaces de la Chine avec une certaine inquiétude, étant donné les tensions politiques persistantes entre les deux États», selon Richard.

«Cependant, ils ont également démontré une résilience et une détermination à défendre leur souveraineté et leur mode de vie démocratique.»

«Toutefois, en toute objectivité, je relève une certaine fébrilité teintée de militarisme du camp occidental, avec les États-Unis en tête de file comme allié de Taïwan.»

«Les opinions sur les tensions avec la Chine peuvent varier parmi les Taïwanais. Certains sont plus préoccupés et prudents, tandis que d’autres peuvent être plus confiants ou même insouciants face aux risques perçus.»

 Tensions bien présentes

«Bien qu’une invasion ne soit pas imminente, les risques d’escalade des tensions sont bien présents. Le maintien de la paix et de la stabilité dans la région reste une priorité pour le gouvernement taïwanais en dépit des influences externes à déplorer», soutient Richard.

«Taïwan maintient un système de défense solide et s’est préparé pour faire face à d’éventuelles urgences ou menaces. Des exercices de préparation sont régulièrement organisés pour la sécurité nationale et des mesures sont en place pour protéger les citoyens et maintenir l’ordre public en cas de besoin.»

Rôle du Canada

«Le Canada joue un rôle important en tant que partenaire diplomatique de Taïwan. Bien qu’il n’y ait pas de relation formelle de reconnaissance diplomatique entre les deux pays», rappelle Richard.

«Le Canada entretient des relations commerciales et culturelles avec Taïwan, contribuant ainsi au soutien de sa stabilité et de son développement économique.»

 Les recherches menées sur le terrain par des experts comme Richard Atimniraye Nyéladé peuvent contribuer à une meilleure compréhension du contexte taïwanais; à préciser et rehausser le rôle diplomatique du Canada avec cette puissance de l’avenir que nous connaissons peu.

 À propos de Richard Atimniraye Nyéladé

Après avoir terminé sa maîtrise en sociologie à l’Université de Ngaoundéré au Cameroun en 2010, Richard Atimniraye Nyéladé a travaillé comme chercheur au ministère de la Recherche scientifique et de l’Innovation du Cameroun.

Il a ensuite reçu une bourse de la Norvège et obtenu une deuxième maîtrise en anthropologie en 2015.

En 2017, il a entrepris un doctorat en anthropologie à l’Université de Shanghai en Chine, qu’il a soutenu en 2022. En parallèle, il a obtenu un deuxième baccalauréat en éducation à l’Université d’Ottawa en 2020 et s’est inscrit au doctorat en anthropologie la même année.

Simultanément avec son travail de chargé de cours, il a également obtenu un diplôme de journalisme au Collège La Cité à Toronto en 2023.

Richard Atimniraye Nyéladé est l’auteur de nombreuses communications scientifiques portant sur les peuples autochtones, l’adaptation aux changements climatiques, les relations internationales et la politique.

Il est coauteur avec l’écrivain et cadre au ministère du Commerce du Cameroun, Alexis Bindowo, de l’ouvrage Lamidalisme, colonialisme, esclavage et génocide des autochtones au nord Cameroun – Aux confins de l’expérience cachée des «Fali» publié aux Éditions scientifiques canadiennes en 2021.

Deuxième de deux articles.