Chine: lorsque l’art et la nature se donnent rendez-vous (1)

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Publié 31/07/2012 par Anne Antomarchi

«La beauté nous transfigure, car elle nous sort de l’habitude, permet de revoir les choses qui nous entourent comme si c’était la première fois. En sortant dans la rue, vous voyez cet arbre en fleur, et l’univers vous apparaît comme au matin du monde.» – François Cheng

Pour la quatrième année consécutive, je participe à un voyage de presse organisé par l’Office du Tourisme chinois. J’ai accepté l’invitation, sachant que les découvertes seraient intéressantes. Retourner dans des contrées déjà connues, c’est en quelque sorte revenir un peu chez soi. Certains aspects me sont familiers, mais ça n’exclut pas les surprises, car la Chine offre l’un des plus grands éventails touristiques du monde

C’est en 2009 que j’ai visité la Chine pour la première fois: Shanghai, le Barrage des Trois Gorges, la ville de Wuhan dans la province du Hubei. C’était le printemps. Chacune de mes visites par la suite était teintée par les couleurs du printemps ou par celles de l’automne, empreintes d’une poésie au charme atemporel, les paysages variant selon les saisons.

Je garde un souvenir impérissable des spectacles réalisés dans des décors naturels hauts en couleur. Cette année, oh surprise, c’est l’été qui m’accueille à Beijing, puis viendra la province du Hubei, les Trois Gorges, avec la magie d’une croisière sur le Yangzté, des «échappées belles» dans des Géo-parcs nationaux, des grottes, des gouffres, des peintures rupestres. Jingshou, Chongqing et d’autres surprises.

Visiter ces régions en juillet est une aventure en soi. Pour avoir visité Wuhan, je savais que la chaleur et la pluie feraient partie du paysage: je le mentionne dans le reportage intitulé: «J’ai vu se lever le soleil sur le Yangzté», édité dans le magazine Prestige Design et dans mon site Anne autour du monde.

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D’emblée, j’ai pensé: «Anne, tu feras avec.» «On peut aussi bâtir quelque chose de beau avec les pierres du chemin», a aussi dit Goethe.

Je tiens à signaler que la chaleur qui s’est abattue sur les régions visitées était exceptionnelle. Généralement, il fait un peu moins chaud.

Beijing sous les brumes

Me voici à Beijing, l’hôtel Jianguo nous accueille, il se situe au cœur de la capitale, au 5 de l’avenue Jianguo Men Wai Da Jie, dans le district de Chaoyang. L’accueil à la réception est des plus sympathique, l’hôtel 4 étoiles, présente un lobby moyennement vaste qui permet d’être en contact visuel avec les différents services.

Confortablement installée dans un fauteuil, je peux commander une boisson ou un thé, un café, et brancher mon ordinateur: une connexion Wi-Fi gratuite est disponible.

Au lever du jour, je sors sur la terrasse de ma chambre afin de faire une première photo: il est 6 h, la brume coiffe les grattes-ciel de Beijing, l’appareil photo se couvre de buée instantanément. Pourquoi ne pas aller faire un tour sur l’avenue?

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Libre de toute contrainte sans ma caméra, j’admire les gratte-ciel modernes au style d’avant-garde qui bordent l’avenue. Je constate que l’hôtel est tout près de la Cité interdite, dont j’ai visité les jardins l’année dernière, de la Place Tian’Anmen, du marché de la soie (à 500 mètres de l’hôtel). Le marché aux antiquités de Panjiayuan est, lui, à 3,3 km de l’hôtel. Le brouillard se dissipe, le soleil est enfin de la partie.

Le Café Wu. Je prends quelques photos: c’est ici que je déjeunais. De chaque côté de la réception, à droite comme à gauche, la lumière matinale traverse les murs de verre, laissant contempler depuis le café Wu, un canal qui longe les parois de l’hôtel avec un pont qui l’enjambe, ses jets d’eau, ses poissons rouges.

Les murs de cette partie de l’hôtel sont tapissés de plantes grimpantes; chaque chambre ouvre sur le canal avec une terrasse nichée dans un véritable écrin de verdure; déjeuner devant ce paysage bucolique, agrémenté de rocailles plantées de fleurs, de buissons taillés comme des sculptures, est agréable.

La Grande Muraille

Il n’est pas question de s’éterniser, à 8h am c’est le départ pour la Muraille de Chine.

Vous me direz: tu l’as déjà vue l’année dernière? Oui j’ai marché sur un segment de cette muraille pendant 3 heures. Aujourd’hui on me propose une autre section sur le même segment… donc un autre paysage. (Lire Sur la route de la soie dans L’Express)

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L’année dernière j’ai entrepris de grimper la section à droite de la porte, aujourd’hui je marcherai sur la section à gauche. J’apprends qu’il n’y a pas une seule muraille mais différentes murailles avec des tracés se doublant très souvent.

Dehors, l’autobus climatisé nous attend. Nous nous rendons au segment nommé Ba Da Ling. Un des plus couru et la partie la mieux préservée. Badaling signifie «partant dans les 8 directions», se référant aux crêtes enchevêtrées allant, en effet, dans plusieurs directions. Sa longueur est de 7,6 km.

Une heure trente plus tard nous sommes à la station où nous prenons le téléphérique qui mène au sommet de la montagne; nous marcherons sur la Grande Muraille qui ourle ses crêtes.

Classée au patrimoine mondial de l’UNESCO, la Muraille est un ensemble de constructions militaires bâties afin de se protéger de l’invasion Mongole. L’architecture de la Muraille Badaling est remarquable, la plus belle de tous les segments, particulièrement résistante. Chaque bloc de granit pèse une tonne, nous raconte Amélia notre guide. Les Chinois disent que chaque pierre a coûté une vie humaine.

Quelle surprise! Une foule compacte de touristes majoritairement chinois a envahi la Muraille. Chacun tient son ombrelle au-dessus de la tête et la montée démarre par une pente raide d’au moins 60 degrés… Il faut se pencher en avant et être attentif, on a pas le choix, il faut suivre le rythme.

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Des familles entières, incluant les grands-parents, sont là, bien déterminés à réussir l’escalade… Je remarque des couples avec leurs enfants très élégamment habillées: robes ornées de dentelles, portant chapeaux et gants… et complet veston. Ce sont des jeunes gens venus se faire photographier avec leurs invités, le jour de leur mariage, dans ce décor impressionnant.

La vue est à couper le souffle, la muraille s’étend d’est en ouest, depuis la province du Hebei jusqu’à celle du Gansu, elle serpente le long des crêtes abruptes des montagnes, plonge dans des plateaux. C’est une frontière entre les steppes d’Asie centrale et la Chine du Nord. Sa longueur: 8851 km.

Elle est surnommée «la longue muraille de dix mille li». Le «li» est une ancienne unité de longueur chinoise et «dix mille» signifiait «l’infini».

Marcher sur la Grande Muraille, c’est voyager à travers l’histoire. La Muraille mesure environ 5 à 7 m de large et est protégée des deux côtés par des créneaux, ces ouvertures permettaient aux défenseurs de voir les assaillants et de leur lancer des projectiles.

Cela n’empêcha pas l’Invasion mongole. Gengis Khan cherchait à faire des échanges avec les Chinois qui ne voulaient aucunement entrer en contact avec ceux qu’ils considéraient comme des barbares. Les Mongols ne détruisirent pas le monument. Aujourd’hui sur ces créneaux s’accroche une rampe en métal, facilitant les montées et les descentes. La descente, dans les parties «en pente» sans escaliers, est plus difficile que la montée.

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Au loin on aperçoit d’autres segments et d’autres tours de guet qui se dressaient à l’origine sous la dynastie des Ming à environ tous les cent mètres. Entrepôt pour les armes et les munitions, les tours de guet logeaient les soldats et servaient de postes pour les sentinelles. Équipées de feux, elles pouvaient envoyer des messages.

La montée constellée d’ombrelles de couleurs pastel se poursuit plus haut grâce cette fois à des escaliers aux marches d’inégales hauteurs.

La Muraille a facilité les communications et le commerce

Le plus grand symbole de la richesse culturelle de la Chine a alimenté contes et légendes décrivant les péripéties de ceux qui ont participé à sa construction. Outre sa fonction défensive, la Muraille propagea rapidement les nouvelles à travers le pays, facilita l’expansion du commerce notamment en étant située sur la «Route de la soie» servait de base pour l’expansion à l’Ouest, vers l’Asie centrale.

La Muraille contribua au développement du Nord moins peuplé et économiquement en retard par comparaison aux prospères plaines du sud. Ces considérations majeures sont à la mesure d’un monument sans pareil qui abritait déjà sous la dynastie des Ming plus d’un million de soldats.

Voici un exemple de légende: «Un devin avait prédit que les difficultés ne seraient surmontées que si 10 000 hommes étaient ensevelis vivants sous la Muraille. Mais l’Empereur Qin hésita à sacrifier une telle force de travail et trompa le Ciel en ensevelissant 1 homme dont le nom comprenait le caractère 10 000. Grâce à ce subterfuge, les travaux se poursuivirent sans encombre…»

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Les segments de la Muraille au départ de Beijing sont Simataï, Mutianyu, Jinshanling. Les sites de Juyonggan et Ba Da Ling sont les plus rapprochés de la capitale et les plus assaillis par les touristes.

Le repas au célèbre restaurant Dazhaimen, à Beijing, est un vrai délice pour la saveur des aliments et pour son décor théâtral. Un petit palais dans le «Jardin Lejia», il faisait partie, autrefois, de la résidence impériale sous la dynastie des Qing. À l’intérieur, l’architecture en bois est incomparable. Le soir, des airs d’opéra, interprétés par les artistes installés dans les mezzanines, vous transporteront au XVIIe siècle chinois.

Le 3e empereur Ming

Me voici à présent à 45 km au nord-ouest de Beijing, circulant sur «La Voie des Esprits», une allée longue de 7 km bordée de saules pleureurs et de pins. Construite en 1435, agrandie en 1540, la première porte marque l’entrée de la nécropole. Les empereurs Ming, nommés les 13 fils du Ciel, y sont enterrés. Le site fut sélectionné pour son alignement répondant aux règles du «Feng shui».

Une allée piétonnière, remplie de silence, où il fait bon flâner en cette fin d’après-midi. Cette voie est connue par ses 36 statues représentant: un personnage religieux, un fonctionnaire civil, un général, un cheval, une chimère, un éléphant, un chameau, une licorne et un lion…

Nous visiterons le site du Tombeau Changling, mausolée de l’Empereur Zhudi (1360-1424), 3e empereur de la dynastie des Ming, aussi baptisé Yongle. Et celui de l’impératrice Xushi.

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Connu surtout par son exploit, Zhudi s’est auto proclamé empereur, déplaça la capitale de la Chine réunifiée vers Beijing, bâtit son Palais qui sera plus tard la Cité interdite. Des 13 tombeaux, c’est un des plus vastes: 120,000 m2. Il accueille aussi son épouse et ses seize concubines et n’a jamais été fouillé.

À la semaine prochaine pour des sites aux paysages époustouflants…

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