Vivre à Taïwan (1) : l’expérience récente d’un doctorant de l’Université d’Ottawa

Décoration à l'occasion du Taïwan Lantern Festival 2023 à l’entrée de la City Hall Plaza, Taipei. Photos: Richard Atimniraye Nyéladé.
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Publié 28/06/2023 par Annik Chalifour

Basé à Taipei depuis six mois, Richard Atimniraye Nyéladé est chercheur invité à la prestigieuse National Chengchi University de Taïwan.

Candidat au doctorat et chargé de cours à l’Université d’Ottawa, il est spécialisé en sociologie et en anthropologie.

Richard Atimniraye Nyéladé.

Il a obtenu une bourse (2023-2024) du ministère des Affaires étrangères de Taïwan et du Conseil de recherches en sciences humaines du Canada (CRSH).

Le chercheur nous explique que son but est «d’examiner les tensions actuelles entre la Chine et les États-Unis concernant Taïwan, en se concentrant sur les relations significatives que Taïwan établit avec des pays tels que le Somaliland».

En effet, «malgré leur souveraineté interne et leurs relations diplomatiques, Taïwan et le Somaliland ne sont pas largement reconnus comme des États indépendants».

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Taïwan
À la National Chengchi University de Taïwan.

Relations diplomatiques, journalisme

Ce projet offre une contribution originale à l’anthropologie politique, dit-il, «en explorant la construction de la souveraineté et les forces et les limites du système international onusien».

«Une ethnographie innovante en anthropologie politique en résultera.»

Outre ses recherches portant sur les relations diplomatiques, Richard Atimniraye Nyéladé s’intéresse au journalisme comme vecteur de cohésion sociale, de paix et de justice.

Détenteur d’un diplôme en journalisme du Collège La Cité à Toronto, il fut l’un de mes étudiants en mode virtuel en 2021.

Taïwan
Richard Atimniraye Nyéladé en visite au musée du Palais national de Taïwan.

Cet article – le premier de deux – a été réalisé à la suite de ma récente entrevue menée à distance avec Richard, recueillant ses impressions et ses découvertes durant son séjour taïwanais.

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Il tente de comprendre la complexité culturelle de Taïwan, pays stratégique «portant le sort du monde sur ses épaules où tout est politique», selon Laura Julie Perreault, envoyée spéciale de La Presse à Taïwan.

Décrypter la culture taïwanaise

«Les Taïwanais sont connus pour leur amabilité, leur politesse et leur hospitalité envers les étrangers. Ils accordent une grande importance à la famille et aux relations interpersonnelles», souligne Richard.

«Les principales influences culturelles sur Taïwan sont la culture chinoise, en raison de l’histoire et de la proximité géographique.» Notamment celle des Hoklo et des Hakka originaires principalement de la province mitoyenne chinoise du Fujian. qui ont commencé à s’installer sur l’île depuis le 12e-13e siècle.

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Sentinelle du temple Dongxing, plage de Fulong.

L’empreinte laissée par la colonisation japonaise a aussi apporté des éléments culturels distincts. Et la culture occidentale (américaine) a influencé à la fois la culture japonaise et chinoise. Mais la culture taïwanaise a des éléments uniques qui lui sont propres, «enracinés dans la cuisine des autochtones austronésiens ayant habité l’île depuis près de 6 000 ans.»

La nourriture, un aspect central

«Avec l’arrivée des Portugais entre 1540-1542, qui nomment l’île Ilha Formosa (la Belle Île), et l’arrivée des Hollandais (1624) et des Espagnols (1626), l’installation des Hoklo et des Hakka sur l’île a été accélérée, apportant une influence considérable à la culture et aux préférences culinaires.»

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«Les colons européens recherchaient de la main-d’œuvre pour leurs plantations, et les ont encouragé à se déplacer de la Chine continentale vers Taïwan.»

«La nourriture est ainsi devenue un aspect central de la culture taïwanaise. Avec une impressionnante variété de plats locaux populaires: nouilles aux crevettes, dumplings et beaucoup plus.»

Hot Pot en forme de lapin avec piment rouge.
Omelettes macabos. Salades. Poulet, canard, viande de boeuf.
Repas typique: omelette, macabos (plante tropicale), salade, poulet, canard, viande de boeuf.
Ailes de poulet, oignon et légumes servis avec une bière locale.
Nouilles de style Tainan.

Certaines similitudes avec les cultures africaines

Bien que les cultures taïwanaise et africaines sont très différentes, certaines similitudes peuvent être observées, selon Richard, qui est originaire du Cameroun.

«Telles que l’importance accordée à la famille, la présence de croyances spirituelles et religieuses, ainsi que l’appréciation commune pour la musique, la danse, la gastronomie et l’artisanat traditionnel.»

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L’intérieur d’un temple taoïste près de Taichung.
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Temple taoïste près de Taichung.

Immersion culturelle

Richard s’est immergé dans la culture taïwanaise «pour découvrir les traditions, l’art et la vie quotidienne du peuple taïwanais».

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En visitant les magnifiques temples. En participant aux festivals traditionnels comme le Nouvel An lunaire. En explorant l’art et l’artisanat locaux. En assistant à des spectacles traditionnels comme le Festival des lampes. En découvrant la délicieuse cuisine taïwanaise. Et en participant à des cours de langue chinoise.

«Ces explorations inédites m’ont offert une occasion unique de m’imprégner de la culture taïwanaise», témoigne-t-il.

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Un temple près de Taichung.
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La salle de concert de Kaohsiung, dans le Sud-Ouest de Taïwan.
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Le Mémorial de Tchang Kaï-chek, le chef nationaliste retranché à Taïwan lors de la révolution communiste en Chine.

Se lier d’amitié avec les Taïwanais

«Généralement, il faut faire le premier pas pour se faire des amis à Taïwan. La culture étant influencée par le mode de vie réservé, il est un peu rare pour les Taïwanais d’engager le premier contact», commente Richard.

«De plus, comme partout dans le monde, les personnes ayant une couleur de peau plus sombre ont tendance à être acceptées par la société avec plus de réticence par rapport aux personnes au teint clair…»

«Cependant», assure Richard, «une fois le premier contact établi, les Taïwanais sont habituellement très chaleureux et sympathiques.»

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Taïwan
Rencontres amicales autour d’une bonne table à Taipei.

Communauté d’expats

Par ailleurs, il existe une importante communauté d’expatriés à Taïwan. Ils viennent notamment des États-Unis, du Canada, d’Europe, du Japon et de Corée du Sud.

Richard remarque qu’ils occupent une variété de postes professionnels dans les secteurs de l’enseignement, des affaires, de la technologie et de l’industrie. Certains sont également des étudiants internationaux poursuivant des études supérieures dans les universités taïwanaises.

Peu d’Africains à Taïwan

La présence des Africains est limitée. Taïwan a principalement comme seul allié Eswatini (ex-Swaziland enclavé en Afrique du Sud), avec qui il a des relations diplomatiques formelles, indique Richard.

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Diplomates africains et taïwanais durant le Festival culturel africain.

Cependant, Taïwan a établi des bureaux économiques et culturels avec des pays tels que le Nigéria, l’Afrique du Sud, le Somaliland, et certains pays des Caraïbes tels que Haïti, Sainte-Lucie, Saint-Vincent-et-les-Grenadines, Saint-Christophe-et-Niévès.

«Cette présence dans les pays caribéens contribue à augmenter la représentation des personnes d’ascendance africaine.»

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L’anglais demeure la langue principale de communication entre les expats et avec les Taïwanais.

Premier de deux articles.

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