Batman, Captain America, Black Panther et même le Joker nourrissent notre imaginaire. Notre univers culturel et social se remplit de superhéros et de superhéroïnes, majoritairement issus des bandes dessinées américaines. Ces héros aux pouvoirs multiples s’infiltrent même dans nos rapports sociaux et politiques.
«Ils vivent au sein d’univers corrompus ressemblant à des représentations conspirationnistes, là où la loi ne fonctionne pas et où l’on a toujours recours au superhéros pour résoudre les choses», présentait Frédérick Guillaume Dufour, professeur au Département de sociologie politique de l’Université du Québec à Montréal, dans le cadre du colloque de l’ACFAS sur La représentation des rapports sociaux dans les univers de superhéros, le mois dernier.
Femmes invisibles ou hypersexuées
Le monde politique et social dépeint dans l’univers des superhéros pourrait même révéler à quoi ressemblent nos rapports sociaux avec les minorités ou les femmes.
«Elles y sont proches de l’invisibilisation et hypersexuées. Ce sont également des univers où la politique sociale n’existe pas — il n’y a pas de filet de protection pour les plus vulnérables — et les représentations de l’avenir des sociétés occidentales s’avèrent assez sombres», souligne encore le chercheur.
Les notions d’histoire sont également biaisées ou absentes. «Ce qui me frappe, c’est que les jeunes possèdent une culture historique très faible. Les régimes autoritaires (le fascisme, l’autoritarisme), la période stalinienne ou encore le génocide des Khmers rouges, ils n’en ont jamais entendu parler», rapporte-t-il.