Akos Verboczy : une personnalité façonnée par des lieux

Akos Verboczy, La Maison de mon père
Akos Verboczy, La Maison de mon père, roman, Montréal, Éditions du Boréal, 2023, 330 pages, 29,95 $.
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Publié 10/05/2023 par Paul-François Sylvestre

Un roman où un lieu devient un personnage. Un roman où le protagoniste n’est jamais nommé. Voilà ce que nous offre Akos Verboczy en signant La Maison de mon père. C’est aussi un roman de l’exil et du retour, un exercice où une tendre ironie vient sans cesse tempérer la nostalgie.

Né à Budapest en 1975, Akos Verboczy quitte sa Hongrie natale à l’âge de 11 ans, avec sa mère et sa sœur, pour atterrir à Montréal. Il y vit toujours. Verboczy retourne quelques fois en Hongrie et La Maison de mon père relate, de façon presque autofictionnelle, son dernier voyage.

Les lieux possèdent une âme

Pour que des gens aient des liens entre eux, le romancier estime que ça prend des lieux. On se rencontre quelque part. On grandit quelque part.

Dans ce livre, un village, un quartier, un parc, un café, une maison, tout possède une âme. Le narrateur-protagoniste les redécouvre avec l’aide d’un ami d’enfance.

L’homme qui revient en Hongrie n’est plus celui qui y est né. Budapest a pris de nouveaux airs également, surtout après des changements de régime et de gouvernement.

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On peut dire que la maison du père de l’homme qui revient d’exil est un personnage. C’est là où le paternel a su transmettre à fiston « un peu de ce qu’il était, du meilleur de lui-même, de ce qu’il avait voulu être ».

Ça, c’est mon fils!

Le narrateur note que son père ne l’appelait jamais par son prénom. Il disait «Ez az én fiam! Ça, c’est mon fils!» Il y a aussi un recours, parfois, au titre d’un film pour dégager une impression. «Disons que ma vie, c’est plus Le Grand Embouteillage que L’Équipée du Cannonball.»

Des mots hongrois sont utilisés pour nommer des plats, souvent des desserts: un carré Rakóczi (gâteau au fromage garni de meringue), Indianers (choux à la crème), lángos (pain en forme de galette). Il y a aussi des références à Szent Istavan, saint Étienne, patron de la Hongrie.

En revoyant d’anciens camarades, le narrateur constate que la gestuelle, les mimiques, les postures, l’intonation de la voix et l’éclat du rire n’ont pas changé. «En chacun d’eux, je revois l’enfant que j’ai connu.»

Les gens autour du fils se souviennent du père comme étant plein d’assurance, fier comme un coq, convaincu qu’il s’en sortirait de ses conneries «grâce à son charme, à son humour, à son charisme».

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À chaque pèlerin ses raisons

«À chaque pèlerin ses raisons. Celles qui me poussent à revisiter les lieux de ma jeunesse, je me les explique déjà mal, alors celles qui m’entraînent sur les pas de mon père me sont encore plus mystérieuses. Et, question encore plus déroutante: faut-il avoir la foi pour entreprendre un pèlerinage?»

Au fond, tous les souvenirs accumulés au fils du temps, et évoqués ici pour se rappeler des lieux, des gens, des moments, ont façonné celui que le narrateur est devenu aujourd’hui.

Lors d’une entrevue avec Le Devoir, Akos Verboczy dit que ce roman lui a permis «d’observer son personnage, de créer une distance et de le laisser se débrouiller pour avoir des réponses». Le roman est écrit au «je» et l’auteur reconnaît, toujours en entrevue, que le protagoniste lui ressemble un peu.

Auteurs

  • Paul-François Sylvestre

    Chroniqueur livres, histoire, arts, culture, voyages, actualité. Auteur d'une trentaine de romans et d’essais souvent en lien avec l’histoire de l’Ontario français. Son site jaipourmonlire.ca offre régulièrement des comptes rendus de livres de langue française.

  • l-express.ca

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