À Kapuskasing, dans le Nord de l’Ontario, l’influence du français est passée dans la syntaxe anglaise, en particulier chez les moins de 25 ans. De nouvelles recherches démontrent que l’alignement linguistique n’est pas superficiel. Des données recueillies cet été à Sudbury et Wawa pourraient le confirmer.
«C’est un alignement, c’est quelque chose qui indique que les francophones et les anglophones font quelque chose ensemble. C’est beaucoup plus clair», disait déjà en 2019 Sali Tagliamonte, la cheffe du Département de linguistique de l’Université de Toronto et titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur la variation et le changement du langage.
Doublement du sujet
Elle avait alors isolé le doublement du sujet chez les anglophones de Kapuskasing, où elle avait tenu des entrevues en 2016.
Ce doublement est commun en français oral (études à l’appui, depuis les années 1980), mais moins fréquent en anglais… Sauf à Kapuskasing, où 10% des sujets étaient doublés. Par exemple: «mes parents, ils sont séparés»; «ma compagne, elle est très jolie»; «moi, je vais chez Tim Hortons»; «mon père, il fumait la cigarette»…
Sali Tagliamonte avait aussi remarqué l’ajout de mots à la fin des phrases. «En français, on dit “là,”, mais les personnes qui parlent anglais au Nord disent maintenant “there”. Ce n’est pas quelque chose d’anglais.»