Nouvelles déroutantes : des mots pour apprivoiser les événements

Quatorze nouvelles ancrées dans des univers tour à tour absurdes, oniriques et fantastiques, voilà ce que nous offre Pierre-Marc Asselin dans Reliques profanes.

Ces textes s’interrogent sur notre condition à l’heure où matérialité et virtualité dominent de plus en plus nos vies.

Des personnages égarés

Chaque nouvelle met en scène des personnages égarés sur le chemin du sens et de la destinée.

Un homme en quête d’un cadeau d’anniversaire sent les allées d’une grande surface se refermer sur lui.

Un autre en instance de divorce est pris au piège par le téléphone intelligent d’une inconnue qui l’ensorcelle comme le chant d’une sirène.

Des parents venus à la grande ville pour aider leur fils à déménager voient dans une place de stationnement vide le signe d’un miracle.

Un père de famille est convaincu que la route sans asphalte qui borde sa propriété est responsable de la tragédie qu’il vit.

Détours abracadabrants

Je glane ici et là pour découvrir que le win-win est notre chance de toujours tomber pile. Sauf qu’il y a plusieurs détours abracadabrants. Mais rassurez-vous, la méthode Moi sans complexe vieille à ce que personne ne soit mal dans sa peau.

J’apprends que s’il y a une sorte de mise en abyme «au nord de nulle part», c’est parce que nous sommes en route vers la vie réelle. Attention, cette vie n’est pas un cheminement rectiligne.

Dans la nouvelle intitulée «Comment ne pas devenir soi», on se demande si «on peut glisser à la surface de l’existence sans jamais s’y ancrer». Ce texte renferme le jeu de mots suivant: «je mène une vie terne, peu heureuse peu peureuse, comme vous voulez».

Plus loin, la prose devient poétique avec trois rimes: «Matthéus a réveillé Antonine en pissant, qui a réveillé Henri en riant, qui a réveillé les voisins en criant.»

L’auteur sait transformer un message simplissime comme «Salut ça va» en un puissant sous-texte où la personne «avait compris ce qui se tramait au plus intime de son être».

Nouvelles qui expliquent le monde

L’éditeur dit que ces nouvelles déroutantes plairont aux lecteurs de Don DeLillo, George Saunders et David Foster Wallace. J’avoue ne pas les connaître.

Je sais, en revanche, qu’«on ne rend pas souvent compte de ce qui vient avant le sens, avant les mots qu’ont met sur les événements pour les apprivoiser. Une fois ingurgité par l’intellect, le monde paraît apaisé, triste et explicable.»

Pierre-Marc Asselin est né à Alma, au Lac-Saint-Jean. Il prépare actuellement un doctorat en études littéraires à l’Université du Québec à Montréal, ce qui l’amène à s’intéresser aux short stories états-uniennes et aux liens qu’elles entretiennent avec les mythes sociaux.

Ses essais et nouvelles ont paru dans Moebius, Contre-jour, Captures, Nyx, Quartier F, Revue Saturne et Le Crachoir de Flaubert. Reliques profanes est son premier livre.