L’ACFO-Toronto s’inquiète de la diversité à l’UOF

UOF
Dyane Adam (à la tribune) et le Conseil des gouverneurs de l'Université de l'Ontario français en 2018: Normand Côté, Jacques Naud, Jean Michel Beck, Rodrigue Gilbert, Koubra Haggar, Glenn O'Farrell, Florence Ngenzebuhoro, Marième Lo, Frédéric Dimanche et Fété Kimpiobi. (Absente: Marie-Andrée Vermette)
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Publié 02/06/2020 par François Bergeron

L’Association des communautés francophones de l’Ontario à Toronto (ACFO-Toronto) s’inquiète de «certains commentaires que nous entendons ces derniers mois» à propos de l’Université de l’Ontario français (UOF) quant à la transparence de son processus de recrutement et à la diversité culturelle au sein de son équipe de direction.

Dans un communiqué daté du 1er juin, le lobby politique franco-torontois rapporte qu’«il a été noté l’absence d’affichage des postes à pourvoir alors même qu’on annonçait l’embauche de nouvelles personnes à l’UOF. Et quand les postes sont finalement affichés, les salaires ne sont pas publics malgré le fait que cette institution soit financée par le gouvernement.»

Serge Paul, élu en 2018 président de l’ACFO de Toronto.

Pétition

Le président Serge Paul confirme à L’Express qu’il fait référence à une pétition lancée le 24 mai sur Change.org par Jean-Marie Vianney, un journaliste d’Ottawa qui a fondé l’an dernier la Coalition des noirs francophones de l’Ontario, et Mélissa Villella, une doctorante de l’Université d’Ottawa en éducation, originaire de la région de Welland, qui a aussi vécu à Toronto.

La pétition, que 75 personnes avaient signée en date du 2 juin, est intitulée UOF: Rendez le processus de nomination et d’embauche transparent.

Sur Twitter et dans son blogue MLVillella: En route, Mme Villella, qui a été enseignante et directrice d’école, dénonce également l’absence de noirs dans l’équipe de direction actuelle, l’absence d’hommes noirs dans le conseil de gouvernance (il y a des femmes noires), ainsi que des incidents de racisme qu’elle dit avoir observés au cours de sa carrière dans le système scolaire franco-ontarien.

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Elle soutient aussi que les affichages des postes et le site web de l’UOF devraient mentionner sur quel «territoire autochtone non cédé» se trouve l’institution, au 9 rue Lower Jarvis à Toronto. «Ça fait partie des gestes de réconciliation avec les Premières Nations», dit-elle à L’Express.

Dyane Adam

En entrevue à L’Express, Dyane Adam, la présidente du conseil de gouvernance de l’UOF (constitué en 2018 par le gouvernement de l’Ontario), déplore que l’ACFO-Toronto se soit associée à ces critiques sans avoir contacté l’UOF pour tenter d’obtenir des explications.

Dyane Adam

«Depuis janvier, nous avons une vice-rectrice aux partenariats, aux collectivités et à l’international (Édith Dumont) dont le mandat est justement de faire le pont avec la communauté; l’ACFO-Toronto aurait pu lui demander son avis.»

«Le public n’a accès qu’aux informations du site web de l’UOF, alors nous nous sommes fiés à celles-ci», justifie Serge Paul.

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Mme Villella, par contre, indique avoir toujours taggé l’UOF sur Twitter, sans jamais recevoir de réponse: «C’est un manque de leadership et d’ouverture.»

«Je suis fière de notre petite équipe qui a accompli un travail gigantesque», affirme Dyane Adam, qui rejette toute accusation d’insensibilité à la diversité culturelle, raciale ou sexuelle.

Quand à la transparence du processus d’embauche, la présidente fait valoir que l’entente fédérale-provinciale de 126 millions $ sur 8 ans n’a été signée qu’en février, et qu’«on vient de commencer à créer les infrastructures physiques, humaines, académiques» dont l’UOF a besoin.

Ressources humaines

Le poste de direction des ressources humaines de l’UOF est d’ailleurs encore à pourvoir. Certains cadres sont en prêts de services de ministères ou de conseils scolaires. L’UOF prévoit ouvrir ses portes à quelques dizaines ou centaines d’étudiants de premier cycle en septembre 2021.

Depuis quelques mois, c’est le directeur général Jean-Luc Bernard (un ancien directeur de l’Éducation du Conseil scolaire Viamonde qui est aussi président du Centre francophone du Grand Toronto) qui gère le processus d’embauche. «Il arrive qu’on n’affiche pas de salaire parce qu’on ne sait pas encore combien on peut ou on doit offrir exactement», indique Dyane Adam.

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André Roy

Ces arguments sont loin de rassurer Mme Villella et M. Vianney. «Comment attirer des talents et convaincre les futurs étudiants de l’UOF en paraissant aussi désorganisé?», demandent-ils.

Et pour garantir, selon eux, qu’on a à coeur «les valeurs canadiennes d’égalité des chances et d’inclusion», on devrait voir des représentants de toutes les francophonies canadiennes au Conseil de gouvernance et au sein du personnel de l’UOF.

Fierté

L’UOF a eu recours à une firme spécialisée pour recruter récemment le recteur André Roy, un géographe québécois dont l’expérience administrative couvre des universités francophones et anglophones, au Québec et en Ontario. «C’est une prise formidable, mais quelques personnes nous ont reproché qu’il n’est pas Franco-Ontarien», remarque Dyane Adam.

L’ACFO-Toronto estime tout de même que l’UOF est «fortement appréciée par la population francophone de l’Ontario», ajoutant: «nous en sommes fiers et nous souhaitons pouvoir le rester».

Mélissa Villella et Jean-Marie Vianney disent s’être battus pour l’UOF. C’est pour honorer ces efforts de toute la communauté, font-ils valoir, que son processus d’embauche se doit d’être transparent et de favoriser la diversité.

L’UOF sera au 2e étage du 9 Lower Jarvis, une tour de condos encore en construction.

Auteur

  • François Bergeron

    Rédacteur en chef de l-express.ca. Plus de 40 ans d'expérience en journalisme et en édition de médias papier et web, en français et en anglais. Formation en sciences-politiques. Intéressé à toute l'actualité et aux grands enjeux modernes.

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