De 1968 à 2008, Yvon Deschamps a livré quelque 80 monologues et une trentaine de chansons. Ces textes sont présentés en ordre chronologique et en versions originales dans Vraiment tout Deschamps au complet. Voilà un document incontournable pour quiconque s’intéresse à l’histoire culturelle du Québec.
Ironiquement, c’est malgré lui qu’Yvon Deschamps est devenu monologuiste. En 1968, dans le cadre de L’Osstidcho, il avait écrit un sketch à quatre personnages – Les unions, qu’ossa donne ? – qu’il devait jouer sur scène avec Mouffe, Robert Charlebois et Louise Forestier. Mais au dernier moment, Charlebois avait changé le programme: « Tu vas la conter tout seul, ton histoire, et je vais t’accompagner à la guitare.»
Pionnier de l’humour
On connaît la suite. Au cours de sa carrière, Deschamps a jeté un regard à la fois tendre et incisif sur son époque. Dans le fond, son œuvre se veut un pamphlet sur l’argent, le bonheur, le travail, la vieillesse, la guerre, l’intolérance, la violence, la religion, la sexualité, la liberté, la peur, la mort, tout y est! De plus, l’artiste a été un véritable pionnier en ouvrant la voie à plusieurs générations d’humoristes.
On retrouve parfois des commentaires ou des mises en contexte historiques. Ainsi, pour le monologue L’intolérance, Deschamps précise qu’il ne faut pas le prendre au premier degré. «En fait, le but poursuivi était de créer l’intolérance dans la salle. Pour moi, c’était absolument nécessaire que les gens me crient des insultes. Il fallait que je puisse me retourner contre un spectateur et lui dire qu’il était intolérant.»
Subversif
Dans le cas du monologue La Saint-Jean, une intéressante note en bas de page rappelle l’émeute qui a éclaté le 24 juin 1968 entre manifestation politico-indépendantiste et policiers. On apprend que le journaliste Claude-Jean De Virieux a décrit sur les ondes de Radio-Canada le «lundi de la matraque», ce qui lui a valu une suspension.