Une première maison de transition pour réfugiés africains francophones

Signée La Passerelle-I.D.É.

réfugiés africains, Agapanthe
Le refuge L'Agapanthe, au 179 rue Gerrard Est, entre Jarvis et Sherbourne. Photos: Soufiane Chakkouche, l-express.ca
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Publié 27/05/2025 par Soufiane Chakkouche

«Historique», tel est le qualificatif octroyé par l’équipe de La Passerelle-I.D.É. à sa maison de transition pour réfugiés africains francophones qui vient d’ouvrir ses portes à Toronto, une première pour la francophonie ontarienne.

Tel un phénix des temps modernes, l’organisme d’intégration des immigrants francophones La Passerelle-I.D.É. semble renaître de ses cendres, du moins s’agissant de son financement!

En effet, après les quelques scandales qui ont secoué la structure en 2019, allant jusqu’à pousser les ministères ontariens de la Formation et des Services sociaux à suspendre leur financement, La Passerelle-I.D.É. semble avoir regagné la confiance des bailleurs de fonds grâce à un nouveau projet, et pas des moindres.

Léonie Tchatat
Léonie Tchatat.

L’Agapanthe

Il s’agit de la première maison de transition francophone pour réfugiés africains en Ontario. Baptisé L’Agapanthe, le lieu d’hébergement d’une capacité de 50 lits, situé au 179 rue Gerrard Est, est prêt à accueillir les résidents depuis quelques jours.

«L’une des raisons qui nous ont poussés à prendre cette initiative est qu’il n’existe pas de maison de transition francophone à Toronto où les réfugiés africains francophones peuvent avoir un accompagnement sur mesure en français», explique Léonie Tchatat, directrice générale et fondatrice de La Passerelle-I.D.É.

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«Comparativement à d’autres shelters, nous sommes une maison de transition avec des objectifs bien précis et une priorité qui nous tient à cœur, celle de recevoir ces réfugiés avec beaucoup de dignité.

Aïssa Nauthoo
Aïssa Nauthoo. Photo: courtoisie

Un constat qu’Aïssa Nauthoo, vice-présidente responsable des services d’Aide juridique, d’emploi et d’établissement au Centre francophone du Grand Toronto, confirme. «Pour l’heure actuelle, à l’exception de La Passerelle, il n’y a pas un autre organisme qui offre du logement transitoire. Cette ouverture est donc pour nous une bonne chose.»

Pour rappel, à elle seule, la clinique juridique du Centre a reçu quelque 250 réfugiés francophones ayant sollicité une assistance juridique durant la saison 2024-2025.

La coopération, clé du succès

Toutefois, l’avocate nuance ses propos: «Ceci dit, lorsqu’on offre du logement transitoire, il faut que l’organisme ait la capacité d’offrir tous les autres services pour combler les besoins des résidents.»

«Or, à ma connaissance, La Passerelle n’a pas de services, tels que la santé primaire, la santé mentale, l’aide juridique… Alors, je dirais qu’un partenariat ou une collaboration entre les organismes serait nécessaire pour mettre ces réfugiés au centre du travail que nous faisons pour la communauté francophone.»

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Une chambre à quatre lits.

Un conseil aux allures de proposition qui ne tombe pas dans l’oreille d’une sourde!

«Pourquoi pas, le CFGT va certainement nous référer des clients, et nous allons aussi faire appel au CFGT pour d’autres services que nous n’offrons pas dans un partenariat gagnant-gagnant. Plus que jamais, nous avons besoin de collaborer et de travailler ensemble», fait remarquer Léonie Tchatat.

En attendant, la principale source de référencement reste le système mis en place par la Ville. Mais pas que, comme l’explique la fondatrice de La Passerelle-I.D.É.

«Il y a un système à Toronto appelé Central Intake par où passent tous les réfugiés, quelle que soit leur origine linguistique. Nous allons recevoir des réfugiés à travers ce système, mais aussi à travers des shelters anglophones. On a déjà une liste de réfugiés francophones en attente qui sont référés par des shelters anglophones.»

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La cuisine commune des pensionnaires de L’Agapanthe.

Financement indéterminé

Le principal contributeur à ce projet reste la Ville de Toronto – qui fournit l’édifice – avec une enveloppe globale toujours pas déterminée, selon Léonie Tchatat.

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«Honnêtement, je n’ai pas le montant total du financement pour le moment, puisqu’il y a eu plusieurs négociations autour du projet et ces négociations se poursuivent encore. Mais je peux vous dire qu’on a l’intention de diversifier le financement, parce qu’on ne peut pas dépendre d’un seul bailleur de fonds, car les besoins sont énormes et dépassent le financement reçu.»

Le bâtiment hébergeait auparavant un centre de soins pour la communauté autochtone. «La Ville nous l’a confié afin d’y établir des services pour les réfugiés africains francophones, une continuité dans le service aux communautés racialisées.»

En outre, un rapide coup d’œil au dictionnaire à l’ancienne nous apprend que le nom L’Agapanthe fait référence à une fleur originaire d’Afrique du Sud, dont le nom scientifique est Agapanthus, du grec agape (amour) et anthos (fleur), ce qui signifie littéralement «fleur de l’amour». Un nom qui porte la promesse d’un enracinement solidaire.

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