Une page d’histoire canadienne au MBAC

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Publié 10/12/2013 par Gabriel Racle

Le Musée des beaux-arts du Canada (MBAC) à Ottawa ouvre une page de l’histoire du Canada avec une exposition, en cours jusqu’au 2 février, intitulée Artistes, architectes et artisans. L’art canadien de 1890 à 1918. Il ne s’agit pas, comme bien souvent, d’une exposition consacrée à un artiste, ni d’une exposition thématique, comme Splendore a Venezia au MBAM.

«L’exposition, précise le communiqué de presse du musée, étudie l’interaction entre les artistes, les architectes et les artisans ainsi que les critiques et les collectionneurs durant cette époque féconde. Les peintres peignent des murales, dessinent et décorent des meubles tandis que les architectes, les collectionneurs et les entreprises commandent des tableaux, du mobilier et des sculptures pour des bâtiments publics et pour des résidences privées. La photographie rivalise avec la peinture et les métiers d’art se muent en design appliqué.»

On ne se trouve donc pas devant une exposition consacrée à un art en particulier, mais à des approches artistiques et artisanales qui se développent en interdépendance ou en opposition, dans une recherche d’originalité, de complémentarité affectant divers domaines dans l’épanouissement de la société de l’époque.

1890 à 1918

L’époque en question est clairement définie et l’on peut légitimement se demander d’où vient cette précision. Elle résulte simplement du déroulement de l’histoire du Canada.

Le 1er juillet 1867, l’Ontario, le Québec, le Nouveau-Brunswick, la Nouvelle-Écosse s’unissent pour former un nouvel État: le Dominion du Canada. Le Manitoba et les Territoires du Nord-Ouest s’y joignent en 1870.

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En 1871, la Colombie-Britannique décide d’en faire autant si le gouvernement du Canada construit dans les dix ans un chemin de fer transcontinental. Le 7 novembre 1885, le dernier crampon est enfoncé solennellement à Craigellachie, en Colombie-Britannique, pour fêter la jonction de la voie venant de l’Est avec celle venant de l’Ouest. Huit mois plus tard, le 28 juin 1886, le premier train transcontinental quittait Montréal et Toronto à destination de la côte du Pacifique.

Désormais, il existait un pays et non plus une fragmentation de colonies. Il en résulte une euphorie psychologique qui va se répercuter dans bien des domaines, dont ceux de l’artisanat, des arts et de la construction. C’est l’explication de la date choisie comme point de départ de l’exposition: 1890.

L’année 1918 marque la fin de la Première Guerre mondiale, qui a des répercussions dans l’ensemble du monde. Le Canada, qui y a participé activement, a gagné plus d’autonomie et de reconnaissance internationale. Une autre époque va donc commencer.

Expression artistique

C’est dans le cadre ainsi défini que s’ouvre la page d’histoire consacrée par l’exposition à une période assez mal connue pour ce qui est de ses modes d’expression artistique, au sens large.

«L’optimisme et un nouvel esprit de fierté nationale marquent le point culminant de cette période d’expansion, stimulée par l’immense accroissement de la population dû à l’immigration.»

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L’exposition présente quelque 320 pièces diversifiées provenant de cette phase d’explosion de la créativité nationale, tableaux, objets, meubles, tapisseries, bronzes, vitraux, bijoux et autres articles répartis dans une dizaine de salles constituant un parcours original.

Un fond sonore d’extraits d’œuvres de compositeurs canadiens de cette époque – Calixa Lavallée (Patrie), Guillaume Couture (Rêverie), W.O. Forsyth (Romanza), Eva York (David and Jonathan) par exemple – aurait rendu plus vivante cette visite historique. Cela aurait créé toute une harmonie.

Variété

Les œuvres exposées proviennent de différentes sources: Halifax, Charlottetown, Burnaby, Vancouver, Victoria, l’Île d’Orléans, Trois-Rivières, Montréal, Toronto, Winnipeg, Regina, Calgary ou Edmonton.

On ne saurait mentionner toutes les pièces intéressantes. Chacun fera son choix. On notera l’importance accordée aux formats de type panoramique, des rectangles très allongés de petite largeur.

On peut aussi remarquer que les artistes, architectes et artisans ne partent pas du néant. De nombreuses réalisations puisent dans la culture européenne, apportée avec les conquérants et les immigrants. Mais, ce qui semble être un objectif important, c’est à partir de ces modèles de créer un nouveau mode d’expression typiquement canadien.

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Livre d’histoire

Pour accompagner cette exposition, le MBAC publie un important ouvrage qui porte le titre de l’exposition elle-même. De grand format, 30×24 cm, il compte 340 pages abondamment illustrées, avec une liste des œuvres et de courtes biographies des artistes mentionnés.

Des textes contribuent à faire connaître l’histoire de cette période, la façon dont travaillaient les concepteurs artistiques et leurs réalisations.

Voici quelques titres: Les intérieurs domestiques canadiens; Artistes, architectes et artisans à la maison; L’Église, protectrice des arts au Canada; Pour une intégration des arts; Architecture, urbanisme et architecture paysagère.

Cet ouvrage impressionnant est le complément naturel de l’exposition, car il permet de revoir les pièces de l’exposition, si variées que l’on ne saurait les mémoriser toutes, et de comprendre l’environnement particulier au cours duquel elles ont été créées. Ce livre d’histoire et d’art comble un vide dans l’histoire générale du Canada. Il existe également en version anglaise.

Auteur

  • Gabriel Racle

    Trente années de collaboration avec L'Express. Spécialisé en communication, psychocommunication, suggestologie, suggestopédie, rythmes biologiques, littérature française et domaine artistique. Auteur de très nombreux articles et d'une vingtaine de livres dont le dernier, «Des héros et leurs épopées», date de décembre 2015.

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