David Lelait, 34 ans, est le biographe chez Payot d’Éva Peròn, Maria Callas, Romy Schneider, Édith Piaf et Dalida. Il vient de signer un livre d’un tout autre registre: Poussière d’homme. Il s’agit d’un récit, d’une ode, d’un chant d’amour d’un homme à un autre. Un écrit d’une rare beauté qui montre toute la sensibilité qu’un homme peut posséder lors de la perte de l’être aimé.
De passage à Montréal le 3 mai dernier, David Lelait a avoué que l’écriture de Poussière d’homme n’a pas été aussi douloureuse qu’on pourrait le croire. La souffrance était présente, mais l’auteur ressentait une joie immense chaque fois qu’il se mettait à écrire. Il y avait une sorte de communion: «la douceur du souvenir était plus forte que la douleur de l’absence à ce moment-là», affirme Lelait.
L’auteur est le narrateur et il nous signale qu’il sortait d’une aventure avec un «serial lover», un homme qui se spécialise dans les amorces d’amourettes étouffées dans l’œuf, lorsqu’il a rencontré celui qui allait bouleverser sa vie. Cet homme, dont le nom n’est jamais mentionné, entraîne David Lelait dans un amour «doux, confortable, d’une évidence ahurissante». L’auteur précise: «Je ne tombe pas amoureux, je m’élève amoureux.»
Le récit commence dans un train en direction de la Bretagne. L’auteur ramène l’urne qui contient les cendres de son amoureux à la famille de ce dernier. Le lecteur a droit à des flash-back, à des clips de vie où l’auteur se moque «de la concordance des temps et (fait) d’un passé perdu un présent retrouvé».
Il est précisé que l’amant tenait beaucoup à sa sacro-sainte discrétion, à ce que personne ou presque ne sache qu’il partageait la vie d’un homme. L’amant apprend qu’il est atteint du cancer de la lymphe et des ganglions. Le découragement le gagne petit à petit, mais son partenaire est là pour le soutenir: «Je t’aime anéanti comme je t’aime fort et inaltérable. Je t’aime homme pétri de toute ton humanité, je t’aime mon homme.»
Ce récit pétri de tendresse et de poésie nous montre David Lelait qui fait «cavalier seul avec la tendresse de (ses) souvenirs», qui palpe de ses doigts «la chair vive de (sa) blessure». L’auteur décrit avec sérénité la place que prend l’adieu; il le fait par le biais des scènes du quotidien, des vacances, des moments qu’il aurait voulu plus intenses encore, maintenant que la douleur se blottit contre lui à défaut de l’homme adoré.