Il y a cinquante ans, au Québec, on assistait à la création des cégeps. L’enseignante France Boisvert imagine les tribulations d’un collègue fictif dans Professeur de paragraphe, un roman qui défie parfois l’imagination.
Maurice Lecamp est un prof de la vieille école. Seulement papier et crayon, pas de tablettes, même si elles valent 800 $. Il considère ordinairement ses élèves comme «une bande d’ignorants frelatés par les jeux vidéos YouTube et Google». Quand il a 125 dissertations à corriger, ce prof est certain de les trouver «bourrées de fautes aussi folles que riches en niaiseries que pauvres en connaissances».
Lecamp entend bien enseigner la littérature, ou ce qu’il en reste, et aussi faire connaître diverses figures de style: litote, euphémisme, prosopopée.
Face à un bon pédagogue, les élèves ne cachent pas leur satisfaction. «L’une lance que c’est bien la première fois qu’un cours de français est aussi intéressant; l’autre, qu’elle n’a jamais eu un professeur qui explique en dessinant avec un doctorat sous le bras» (au cégep!). Personne ne sèche un cours.
L’auteure adore étayer son texte de jeux de mots. Elle écrit, par exemple, que plus son professeur cherche à mieux lire, plus il s’enfarge «dans les fleurs du tapis. Pleurs de dépit.» Ou encore: «Je suis gros Jean comme devant, comme la baronne Dudevant, vrai nom d’Aurore Dupin devenue George Sand.»