Un petit tour en Provence

René Seyssaud , 1867-1952, Sous la direction de Claude Jeanne Sury-Bonnici, Somogy éditeur d'art, relié sous jaquette, 24,6 x 28 cm, 2016, 500 illustrations, 376 p. La couverture reproduit Coup de mistral, huile sur toile, 92 x 73 cm, vers 1914, collection particulière.
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Publié 20/09/2016 par Gabriel Racle

«Provence étincelante, au parfum de lavande, Tu garderas toujours l’odeur du romarin,  Le soleil en ton cœur», écrivait le poète Dominique Simonet dans Provence éternelle.

Qui n’a rêvé un jour de faire un petit tour là où le bleu de la mer caresse des plages dorées, où les collines ondulées cachent encore leurs villages aux charmes surannés.

Qui songeant à ces trésors de nature et d’histoire n’a souhaité profiter un jour de ce terroir. Mais elle est loin cette Provence «dont l’onde enchanteresse aux couleurs vermeilles, Enivrée de soleil respire l’allégresse.» (Murielle, Ma Provence)

Loin géographiquement, certes, mais proche pourtant si l’on se donne le temps de rêver sur les tableaux éblouissants d’un livre fascinant.

Un peintre

Ils sont nombreux les peintres qui ont chatouillé la Provence du bout de leur pinceau, qu’ils en soient ou non natifs. Le site Wikipédia consacré à la Provence énumère une liste comptant 40 noms de peintres peu connus ou bien connus, dont Paul Cézanne avec la Montagne Sainte-Victoire ou van Gogh et ses célèbres Tournesols (L’Express, 25 septembre 2012 et 6 octobre 2015) sans parler d’une quinzaine de membres de l’École provençale du XIXe siècle.

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Mais curieusement, le grand maître des paysages provençaux qui étincellent dans l’ouvrage de l’éditeur d’art Somogy, René Seyssaud, n’y figure pas.

Le Groupe des Jeunes

Le peintre français René Seyssaud est né à Marseille le 15 juin 1867. Son père est avocat. Avec son approbation, il entre à l’École des beaux-arts de Marseille à 13 ans. Il fréquente un groupe d’artistes et d’écrivains appelé le Groupe des Jeunes.

Il s’initie à l’Impressionnisme et au Pointillisme, tout en s’inspirant des maîtres que sont pour lui Corot et Courbet (L’Express, 7 août 2012).

Son père décède et René va vivre chez ses grands-parents à Avignon. Il a 20 ans et ses réalisations picturales impressionnent son professeur de l’École des beaux-arts locale. Mais atteint de tuberculose, il va vivre à la campagne dans les fermes de ses grands-parents.

Puis il s’établit solitaire à Ville-sur-Auzon et peint en plein air.

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En 1892, il se rend à Paris et présente son premier tableau au Salon des artistes indépendants, Châtaigniers en Vaucluse. Un marchand d’art et collectionneur de Marseille s’intéresse à ses œuvres et lui apporte un soutien financier. Seyssaud peut travailler sans se soucier du lendemain. Il se fait soigner et connaître à Paris.

Le climat de la mer

Il s’imprègne du climat de la mer en parcourant les agglomérations qui la bordent ou en sont proches, le Lavandou, La Ciotat, Bandol, Martigues, Giens, Agay, le Trayas, Cassis, et qui inspireront certains de ses tableaux.

En 1902, il se retire à Saint-Chamas, près de l’étang de Berre, avec son épouse, d’où il envoie des tableaux au Salon d’Automne et au Salon des Tuileries. On remarque sa composition et les couleurs vives et audacieuses qu’il utilise.

Et jusque vers 1911, il expose chaque année chez Bernheim-Jeune, une galerie d’art de Paris, puis au Brésil, à Amsterdam, à Barcelone, à Bruxelles, à New York, et il entre en 1921 au Musée d’Art Moderne de la ville de Paris.

En 1937, il est invité à l’exposition des Maîtres de l’art indépendant, au Petit Palais à Paris. En 1951, la Biennale de Menton lui décerne le Prix d’honneur des provinces françaises. Le musée Galliera à Paris organise en 1956 une rétrospective de son œuvre.

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René Seyssaud décède à Saint-Chamas le 24 septembre 1952. «L’utilisation qu’il fait de la pâte sera l’élément essentiel de sa gloire posthume. Seyssaud est un créateur de coloris et de formes dans ces colorations. Il compose lui-même la plupart de ses couleurs et les utilise directement.» (galerie-pluskwa)

«Il occupe une position particulière, entre le Fauvisme, pour l’intensité de ses couleurs, et l’Expressionnisme, pour l’extrême vigueur de sa vision de la nature, mais reste essentiellement un réaliste.» (Larousse)

Livre d’art

L’ouvrage consacré à René Seyssaud par l’éditeur d’art Somogy est une splendeur et l’on pourrait multiplier les qualificatifs élogieux pour en rendre compte. Il compte plus de pages de dessins et de reproductions de tableaux — et quelles reproductions! — de René Seyssaud que de textes.

Non que les textes soient inutiles, bien au contraire, ils sont très suggestifs de l’art du peintre. Qu’on en juge par quelques sujets traités: L’éternel paysan, Peindre d’après nature, Seyssaud, franc-tireur du fauvisme, Rochers, Sensations de mer, L’amour d’un paysage: Saint-Chamas, Peindre les nuages, L’acte de peindre: la sensation l’emporte sur la réflexion, Dans les ocres, Art vivant. Art indépendant. Art moderne.

Mais l’auteur s’efface devant la couleur. On ne saurait nommer tous ces tableaux, pleine page, demi-page, quart de page. La couleur déborde de partout. Om ne voit plus que cela en tournant ces pages qui flamboient des éclats du soleil sur la mer ou la verdure.

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La Fondation Regards de Provence avait rend hommage au peintre de paysages, de scènes champêtres, de natures mortes et marines, lors d’une précédente exposition sous le titre René Seyssaud-L’ivesse des couleurs. Alors voilà le livre pour s’enivrer en Provence avec lui!

Auteur

  • Gabriel Racle

    Trente années de collaboration avec L'Express. Spécialisé en communication, psychocommunication, suggestologie, suggestopédie, rythmes biologiques, littérature française et domaine artistique. Auteur de très nombreux articles et d'une vingtaine de livres dont le dernier, «Des héros et leurs épopées», date de décembre 2015.

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