Cézanne, «peintre de légende sous le soleil de Provence»

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Publié 25/09/2012 par Gabriel Racle

À l’image de ce titre d’un article d’Internet, c’est bien souvent ainsi que l’on perçoit Cézanne, le «maître d’Aix», ville de sa naissance en 1839 et de son décès en 1906, en conjuguant en quelque sorte le début et la fin de sa carrière, et en oubliant une partie de son existence.

Une biographie

Pour mettre Cézanne à sa vraie place et saisir les complexités de sa vie, nous disposons d’un ouvrage très complet de la collection Les Grandes Monographies, Cézanne par John Rewald, Flammarion, relié, 288 pages, de très nombreuses illustrations en noir et surtout en couleur. John Rewald (1912-1994), docteur ès Lettres de la Sorbonne, était une expert mondialement reconnu de l’impressionnisme et du postimpressionnisme, et spécialiste de Cézanne.

On peut, pour donner un aperçu global de l’ouvrage, regrouper les 25 chapitres qui suivent pas à pas le périple de Cézanne, en trois grandes parties, sa jeunesse à Aix, ses séjours parisiens, son retour en Provence. Nous suivrons ce découpage sommaire et le lecteur qui ne manquera pas de s’intéresser à cet artiste exceptionnel n’aura qu’à se reporter au livre pour en connaître les détails.

La jeunesse

On peut relever deux ou trois faits marquants de la prime jeunesse de Paul Cézanne, fils d’un banquier qui n’était pas originaire d’Aix, enrichi d’abord dans le commerce des chapeaux, qui avait épousé en 1844 une de ses employées dont il avait eu deux enfants, Paul en 1839 et Maries en 1841, et qui avait acquis en 1858 une belle et grande propriété. Paradoxalement, par rapport à la fierté actuelle d’Aix, tout cela avait valu à la famille Cézanne une mise à l’écart de la société aixoise.

De ce fait, celle-ci aura certainement une influence sur Cézanne, qui restera d’un abord difficile, et explique peut-être aussi les fortes relations amicales qu’il avait noué avec Émile Zola, élève du même collège que lui, et un futur ingénieur, Baptistin Baille.

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«Ce que nous recherchions, écrira Zola, c’était la richesse du cœur et de l’esprit, c’était surtout notre avenir que notre jeunesse nous faisait entrevoir si brillant.»

Et cet avenir, Cézanne l’entrevoit vite dans la peinture. «Cézanne rêve peinture (1860)». Son père n’est pas d’accord, qui lui dit: «Enfant, songe à l’avenir, on meurt avec du génie et l’on mange avec de l’argent.»

Cézanne travaille cependant ai musée d’Aix où il fait des copies, il s’inscrit à une école de dessin, peint aussi dans la résidence paternelle et voudrait partir pour Paris où Zola le presse de venir.

Séjours parisiens

Monsieur Cézanne est réticent, madame est favorable: «Il s’appelle Paul comme Rubens et Véronèse, dit-elle, et sans doute est-il prédestiné à la peinture.» Le père cède, persuadé que son fils va s’ennuyer à Paris et revenir.

C’est ce qui arriva, au grand désespoir de Zola. Mais le retour à Aix de Cézanne n’est qu’un feu de paille et, repris par le démon de la peinture, il se retrouve à Paris, sans se rendre à l’École des beaux-arts comme le désirait son père. «Il manifestait déjà à cette époque son dédain de l’art et des maîtres officiels».

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À partir de 1863, Cézanne est en relations plus ou moins suivies avec Pissarro, Renoir. Monet, Sisley. On le retrouve à Aix, la vie y étant plus facile, et il peint des portraits, des murales dans le salon de la maison de son père, et diverses compositions, s’acharnant «à la réalisation de ses rêves», donc d’œuvres purement imaginaires.

Après la guerre de 1870, Cézanne s’installe à Pontoise puis à Auvers-sur-Oise, fin 1872 ou début 1873, non loin de Paris. Il y passe deux années «décisives pour l’évolution de son art», grâce à sa collaboration avec Pissarro, qui le fait éclaircir sa palette de couleurs et sa technique, ne donnât que des conseils pratiques. Par exemple, obtenir des formes par la couleur, au lieu d’un dessin linéaire, et en répétant «que l’on doit prendre la nature pour seul guide».

Retour en Provence

En 188, Cézanne est de retour à Aix. La nature est pour lui la source de l’art, l’élément essentiel, qu’il veut représenter par «des équivalents plastiques et colorés».

Il travaille dans le jardin de la maison, au fil des saisons et de leurs variations de couleurs. Il peint aussi des natures mortes.

«Le travail console et fait oublier les douleurs.» Peut-être est-ce pour cela que Cézanne a travaillé presque jusqu’à la dernière minute, avant de s’éteindre le 23 octobre, après avoir peint environ trois cents tableaux.

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On ne saurait résumer en quelques lignes le travail de John Rewald, qui situe Cézanne en son temps, dans son infinité, avec les critiques et les polémiques, tout autant que l’enthousiasme qu’il a suscité, et l’appui d’illustrations abondantes et fidèles dans leurs couleurs. Un livre de référence d’une agréable lecture.

Auteur

  • Gabriel Racle

    Trente années de collaboration avec L'Express. Spécialisé en communication, psychocommunication, suggestologie, suggestopédie, rythmes biologiques, littérature française et domaine artistique. Auteur de très nombreux articles et d'une vingtaine de livres dont le dernier, «Des héros et leurs épopées», date de décembre 2015.

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