On regarde souvent les tableaux que nous offrent les musées ou les expositions temporaires en fonction de critères artistiques ou historiques: les jeux d’ombre et de lumière, l’agencement des couleurs, les thèmes choisis, religieux, mythologiques, historiques, les personnages et leur mise en scène, le rendu, les effets, les perspectives et les impressions reçues de ces ensembles picturaux.
On pourrait allonger la liste de ces considérations, et les historiens d’art ou les critiques ne manquent pas de souligner tel ou tel aspect particulier à un peintre, à une école ou une époque, tant l’art pictural s’est diversifié au fil du temps, des sociétés, des commandes ou des possibilités techniques, pour mentionner seulement quelques faits.
Plus rarement on s’est efforcé, à partir de l’œuvre, de retrouver l’état psychologique de l’artiste, la signification profonde de son mode d’expression, ses relations psychologiques avec son environnement social. Il y a certes des cas évidents qui trahissent la religiosité de l’auteur, son adulation intéressée pour tel personnage, son désir de prendre le contre-pied de ce qui se fait alors.
Il n’est pas toujours facile de se livrer à cet exercice de reconstitution, lorsque les données nécessaires ne sont pas à notre disposition. C’est pourquoi le cas d’un peintre plutôt méconnu, dont l’exposition a donné lieu à un petit livre, est intéressant, car la lecture de ses réalisations artistiques manifeste clairement ses réactions psychologiques.
Un peintre sulfureux?
«Je suis pour l’art noir, pour le caractère Maudit. Je rejette la morale de la société bourgeoise, l’imposture de sa religion, la morale de ses curés, son patriocularisme», écrivait l’artiste qui définissait ainsi son état de révolte psychologique envers la société, un état que d’ailleurs d’aucuns reprendraient volontiers de nos jours.