Découvertes: un musée, un peintre

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Publié 03/12/2013 par Gabriel Racle

Une nouvelle exposition concernant un peintre peu connu dans nos milieux, et qui pourtant mérite de l’être par la place qu’il tient dans l’histoire de l’art, présentée par un musée qui n’a pas encore trouvé place dans nos colonnes, nous donne l’occasion de faire d’intéressantes découvertes.

La ville de Grenoble, située au cœur des Alpes françaises, est entourée de montagnes très proches. «Au bout de chaque rue, une montagne», aurait peut-être dit l’écrivain Stendhal, né à Grenoble en 1783.

Ces montagnes comprennent le massif de Belledonne, qui domine la ville de près de 3 000 mètres, le massif de la Chartreuse, de 200 à 2 000 mètres d’altitude, parsemé de sentiers balisés, et le Vercors, au relief particulièrement varié, qui culmine à 2 341 mètres.

Grenoble est une destination intéressante pour qui aime sortir des sentiers battus et faire des découvertes estivales ou hivernales. Il pourra également profiter de la ville historique et de ses monuments civils ou religieux, fort nombreux.

Le musée

Le musée, fondé en 1798, présente aux visiteurs plus de 900 œuvres: un ensemble unique par ses collections d’art ancien, moderne et contemporain, qui s’étendent du XIIIe au XXIe siècles.

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Chaque période comporte des chefs-d’œuvre de la peinture classique flamande, italienne, espagnole, française, et l’une des plus riches collections en Europe, du XXe siècle. S’ajoute un fonds d’antiquités égyptiennes, étudié par Champollion, lors de ses séjours à Grenoble.

Sigmar Polke

Jusqu’au 2 février 2014, ce musée présente une exposition consacrée à Sigmar Polke exceptionnelle, car il est rare de découvrir autant d‘œuvres de ce cet artiste sur les cimaises d’un musée ou dans le livre d’art qui s’y rattache. La sélection d’œuvres réalisées par l’artiste entre le début des années 1980 et le milieu des années 2000 est essentiellement consacrée à la peinture, mais elle comprend également des œuvres sur papier,

Sigmar Polke est un peintre allemand moderne, né en 1941 et décédé à Cologne en 2010. On ne saurait condenser en quelques lignes l’histoire de sa formation et de son évolution artistiques, alliant la photographie, la sténographie publicitaire imagée, la chimie, et le rejet des techniques traditionnelles de peinture. Tout cela a fait de lui «un révolutionnaire visuel» respecté.

L’exposition

Rassemblant près de 70 tableaux et une cinquantaine d’œuvres sur papier, l’exposition est organisée selon le parcours chronologique d’une œuvre dont le maître mot était «Liberté ». Elle couvre «une période féconde et fulgurante rappelant l’indépendance farouche de cet artiste qui, bien que courtisé par les plus gros collectionneurs du monde, ne s’est pas jamais reposé sur une formule». (Roxana Azimi, Sigmar Polke, l’alchimiste, Le Point, 11/11/2013)

Quelques repères peuvent caractériser l’œuvre de Polke et le parcours de l’exposition. Sans oublier l’esprit joueur, voire espiègle, qui animait Polke en permanence dans son rapport au monde. L’ambigüité du réel traverse tout son œuvre, et n’est que le constat assumé de l’ambiguïté même du réel.

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L’attention particulière qu’il porte au support est manifeste dans certains tableaux où l’artiste a remplacé la toile classique par un tissu différent: toile à matelas, nappe, rideau, (Perruque, 1983, Notre service client!, 1985, Piques, 1988). Le support apparaît parfois comme l’œuvre à part entière, une sorte de peinture toute prête, «ironique et iconoclaste» (Mercedes, 1994, Torchons, 1994).

L’image

L’alchimie des formes et des couleurs qui fascinait tant l’artiste se traduit particulièrement dans la série des 10 Essais de couleurs (1985-1996).

Polke porte aussi un regard sur l’histoire, la Révolution française et le nazisme, en utilisant alors des techniques spécifiques de déformation de l’image.

Polke prélève dans les journaux, magazines, livres les images les plus inattendues qu’il intègre dans ses compositions en utilisant le procédé de la trame photographique qu’il grossit, déforme, stylise, réinterprète (On donne du grain aux poules, 2005, Cabinet fantôme, 2005).

L’image est centrale dans son œuvre. «Il en démonte les mécanismes avec une application jubilatoire mais aussi bouscule les hiérarchies pour mettre en évidence le nivellement du jugement critique face à l’omniprésence – et l’omnipotence – des images dans notre société. Entre réel et irréel, réalité et rêve, figuration et abstraction, les frontières s’estompent, disparaissent.»

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Livre d’art

Ces quelques caractéristiques, tirées du communiqué, montrent l’intérêt des œuvres de Polke et de l’ouvrage qui accompagne cette exposition: Sigmar Polke, relié, Musée de Grenoble-Actes Sud, bilingue, 184 p.

Que l’on aille un jour ou l’autre à Grenoble (librairie du musée), c’est le livre à s’offrir (une trentaine de dollars) pour découvrir cette «figure de premier plan de la peinture de ces cinquante dernières années».

Une première partie présente «Les Caprices de Sigmar Polke» et son «Grand Œuvre». Après ces 43 pages, se trouve le déploiement des œuvres de l’artiste. L’ordre chronologique permet de suivre son évolution au cours de la période envisagée. C’est la possibilité de se surprendre avec cet artiste «ayant produit une œuvre de première importance» (Fondation Roswitha Haftmann).

Auteur

  • Gabriel Racle

    Trente années de collaboration avec L'Express. Spécialisé en communication, psychocommunication, suggestologie, suggestopédie, rythmes biologiques, littérature française et domaine artistique. Auteur de très nombreux articles et d'une vingtaine de livres dont le dernier, «Des héros et leurs épopées», date de décembre 2015.

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