Un nouveau guide sur l’art de la rue de Toronto

Et de quatre pour notre chroniqueuse Nathalie Prézeau!

Magnifique murale collective autour du terrain de stationnement à 157 rue Beatrice, visible au dessus du Fish Store & Sandwiches (657 rue College).
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Publié 11/04/2017 par François Bergeron

La ville a connu une telle explosion de murales depuis 2015 que Nathalie Prézeau n’a pu résister à l’appel. Elle vient de publier un troisième guide de marche, Toronto Street Art Strolls, consacré à l’art de la rue de Toronto.

C’est en fait son quatrième ouvrage, après le guide d’activités familiales Toronto Fun Places (réédité cinq fois de 1999 à 2011) et Toronto Urban Strolls… for girlfriends 1 et 2 (2011 et 2013).

Tout aussi enthousiaste pour sa ville d’adoption qu’elle ne l’était à son arrivée de Montréal il y a 25 ans, l’auteure, chroniqueuse occasionnelle à L’Express, a consacré la dernière année à explorer les œuvres majeures et leurs environs pour créer des circuits de marche mettant en vedette l’art de la rue sous toute ses formes.

Il en résulte des balades urbaines dans 43 quartiers de Toronto, illustrées de plus de 1100 photos. Toronto Street Art Strolls nous révèle une ville colorée et grouillante de créativité.

Toronto Street Art Strolls Nathalie Prezeau

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Le pouvoir de l’art

Nathalie Prézeau se dit fascinée par le pouvoir de l’art pour transformer une ville et en accroître le potentiel piétonnier – leur «walkability» – un concept d’urbanisme qui vise à créer des villes où il fait bon marcher.

«L’art public redonne une vie à des coins oubliés», dit-elle. «Les piétons font inconsciemment un petit détour pour marcher dans les ruelles transformées en galeries d’art à ciel ouvert. Ils se mettent à fréquenter des chemins passant sous des viaducs autrefois déprimants.»

Quiconque a vécu l’expérience de découvrir une murale, là où il n’y avait auparavant qu’un mur laid, connaît le plaisir que procure les efforts d’embellissement d’un quartier.

«C’est d’ailleurs contagieux», remarque-t-elle. «Lorsqu’un bon artiste s’exécute dans un quartier, d’autres artistes du même calibre suivent. C’est pourquoi même si, de par sa nature, l’art de la rue est temporaire et les œuvres changent, les endroits répertoriés dans mon guide continueront longtemps d’être des vortex d’art de la rue.»

Cachez ce tag que je ne saurais voir

Pour L’Express, la chroniqueuse avait interviewé le graffiteur Pascal Paquette lors de son exposition à la Galerie Glendon en 2012, rencontre qui a semé la graine de son nouveau guide, confirme-t-elle. Elle en avait tiré un article expliquant les codes de l’art de la rue, pour lesquels il existe une hiérarchie en général respectée par les graffiteurs. En bref, on ne peint sur l’œuvre d’un collègue qu’avec une œuvre de maîtrise supérieure.

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Le tag (signature en une couleur) est la forme d’expression la plus simple de l’art de la rue, celle contre laquelle se récrit l’opinion générale. Dans la communauté des graffiteurs, il est acceptable de faire un throw-up (sorte de grosses lettres gonflées) par dessus des tags.

Les ruelles de Chinatown et du Kensington Marquet sont des terres fertiles pour ce genre d’art. Les pièces (beaux graffiti plus élaborés illustrant des mots de façon indéchiffrable pour les non-initiés) peuvent supplanter tags et throw-up. Et finalement, les muralistes peuvent s’exécuter par-dessus tout le monde.

Il n’y a pas si longtemps (bonjour Rob Ford!), la Ville de Toronto se lançait dans une guerre aux graffitis en peignant sans distinction sur toute forme d’art de la rue (incluant des œuvres commissionnées par la Ville!). Elle opte maintenant pour une tactique gagnante pour tous, facilitant entre autre en la commission de murales sur des murs habituellement bardés de tags.

Nathalie Prézeau
Nathalie Prézeau

De l’humour à l’activisme

Il y en a pour tous les goûts dans l’art de la rue à l’honneur dans Toronto Street Art Strolls, depuis l’humour des clins d’oeil dans les petits recoins de ruelles ou dans le détail des murales (telles les petites grenades fofolles de Spud ou les Lovebots), en passant par les œuvres historiques de John Kuna qui habillent tout le Village of Islington, les murales ambitieuses de Christiano de Araujo dans le quartier gai de Church-Wellesley Village ou les personnages ancrés dans la communauté multiculturelle d’Elicser, qu’on trouve un peu partout dans la ville.

Les œuvres du couple muraliste Bruno Smoky et Shalak Attack sont des incontournables de Toronto. Nul défi ne semble trop petit ni trop gros pour ce duo. On les retrouve aussi bien dans les fonds de ruelle que sur les grands piliers de viaduc. C’est à eux qu’on doit entre autres la plus longue murale de Toronto, le long de l’avenue Lawrence Ouest dans North York, à l’ouest de la rue Caledonia.

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Nathalie Prézeau, qui définit l’art de la rue dans un sens large, a choisi d’inclure l’art public extérieur dans son guide. Elle a également inclus une section sur des événements artistiques annuels de Toronto (Nuit blanche, Icefest…) et sur plusieurs sorties en dehors de la ville (Kleinburg, Penetang, Haliburton…), mettant de façon originale l’art au centre d’une balade.


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Auteur

  • François Bergeron

    Rédacteur en chef de l-express.ca. Plus de 40 ans d'expérience en journalisme et en édition de médias papier et web, en français et en anglais. Formation en sciences-politiques. Intéressé à toute l'actualité et aux grands enjeux modernes.

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