Un labo sur la culture populaire québécoise

Ce que regardaient, écoutaient et lisaient les Québécois dans les médias de masse fascinent les chercheurs du LaboPop de l'UQÀM.
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Publié 07/08/2017 par Isabelle Burgun

Dans un récent article, intitulé Poutine Dynamics, Nicolas Fabien-Ouellet, jeune chercheur à l’Université du Vermont, s’intéresse à la mobilité sociale de ce mets québécois sans prétention. Plusieurs éléments y sont abordés, dont son «appropriation culturelle» par le reste du Canada.

Sa position avait tant fait réagir le mois dernier – l’appropriation culturelle étant un des déclencheurs de colère chez les SJW, militants pour la «justice sociale» – qu’il avait jugé nécessaire de l’expliquer plus amplement.

N’en déplaise aux détracteurs de l’étudiant-chercheur, ce plat pourrait bien trouver éventuellement sa place au sein du nouveau Laboratoire de recherche sur la culture de grande consommation et la culture médiatique au Québec.

«Ce n’est pas interdit que l’on s’intéresse un jour à la gastronomie québécoise, avec toutes les émissions de cuisine que l’on retrouve à la télévision en ce moment. C’est un champ un peu pointu, mais on pourrait y venir», confirme en effet Pierre Barrette de l’École des médias de l’UQAM, cofondateur du LaboPop.

Cut the Cheese_TO_Smoked Chicken Poutine.jpgVaste base de données

Concrètement, ce laboratoire est en fait une vaste base de données sur la culture et les préoccupations des Québécois de 1920 à nos jours, consultable par les chercheurs qui en font leur champ d’études. Des données que l’on retrouve en chansons, émissions de radio ou de télé ou encore dans les romans de culture populaire.

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«Le terme ‘culture populaire’ renvoie à une classe sociale et est un peu daté. Je lui préfère la ‘culture de grande consommation’, car elle est destinée à l’ensemble de la population», nuance le chercheur.

Une culture médiatique donc: rapportée par la télévision, la radio ou encore le cinéma — et même l’internet, aurait-on envie d’ajouter — et que le chercheur oppose à la culture lettrée, plus pointue. Ces données souligneront, croit-il, les grandes tendances ayant façonné le Québec d’aujourd’hui.

Numériser le patrimoine

Ce nouveau laboratoire se dotera dans un futur prochain d’une infrastructure de numérisation des documents audiovisuels.

«Le laboratoire servira aussi à encoder le patrimoine populaire. Ainsi, on y trouvera des recherches existantes, mais également celles qui dormaient sur de vieux CD», précise le coordonnateur du LaboPop, Olivier Lapointe.

Pour l’instant, le LaboPop possède une infrastructure de recherche qui renferme déjà 26 000 enregistrements de la grille horaire radio des années 1940 (en provenance de CKAC et de Radio-Canada, notamment), des centaines de pages de couverture d’Échos Vedettes, des partitions éditées dans les années 1930 à Montréal, etc. Et elle ne cesse d’augmenter avec les nouvelles collaborations.

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«Nos outils peuvent faire de la transcription automatique et encodent les données dans un format d’archivage plus universel, ce qui facilite encore les collaborations et les partages», souligne M. Lapointe.

Si le stockage de ces données aidera les chercheurs à analyser certains pans plus médiatisés de la culture québécoise, il encouragera aussi le regard anthropologique, politique et sociologique sur des mouvements culturels populaires — que les scientifiques anglophones nomment les «Cultural Studies».

Auteur

  • Isabelle Burgun

    Journaliste à l'Agence Science-Presse, média indépendant, à but non lucratif, basé à Montréal. La seule agence de presse scientifique au Canada et la seule de toute la francophonie qui s'adresse aux grands médias plutôt qu'aux entreprises.

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