Une bible de la bande dessinée québécoise

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Publié 13/05/2008 par Paul-François Sylvestre

Le Québec aime rire en famille. Il le fait depuis belle lurette. Tout au long de son histoire, le Québec a eu recours à l’humour – caricatures, dessins, histoires illustrées, bandes dessinées – pour résister aux envahisseurs politiques et culturels. La bande dessinée jouit d’un riche passé au Québec et il est très bien raconté par Mira Falardeau dans Histoire de la bande dessinée au Québec.

«La bande dessinée (dite brièvement la BD) est un art à part entière. Un art spécifique, avec ses lois, son langage, ses univers particuliers. On l’appelle le neuvième art. Neuvième, c’est-à-dire le plus jeune, le plus récent. Art de l’image et du verbe, la bande dessinée n’est ni un art visuel ni de la littérature. Art inclassable autrement que par ses différences, la bande dessinée n’est pas encore reconnue au Québec comme il se doit.»

Telles sont les premières lignes du portrait historique que brosse Mira Falardeau. Dès l’introduction, l’auteure définit la bande dessinée en ces termes: «des histoires en images sur plusieurs cases où les héros et héroïnes se parlent avec des bulles et évoluent à l’aide de lignes de mouvement et d’idéogrammes». Son étude aborde uniquement les œuvres de création dessinées et publiées au Québec, quelle que soit la nationalité de leurs auteurs.

L’ouvrage ne se limite pas à retracer l’historique de la bande dessinée, à partir des histoires en images du XIXe siècle jusqu’aux bandes dessinées du XXIe siècle publiées sur Internet. Il en dégage aussi les spécificités et montre combien il est important d’appuyer davantage ces artistes.

Le livre s’adresse autant aux néophytes qu’aux connaisseurs: pour les uns, il sera une complète initiation, alors que pour les autres, il représentera une mise à jour incontournable.

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Dans le premier chapitre de son Histoire de la bande dessinée au Québec, Mira Falardeau traite des obstacles que doivent surmonter les graveurs, dessinateurs et illustrateurs au XIXe siècle, ainsi que des différents procédés utilisés avant la venue des bulles, des lignes de mouvement, etc. Elle aborde ensuite la naissance de la bande dessinée québécoise, les différents genres et les multiples invasions qu’elle a subies au XXe siècle.

Par la suite, elle consacre tout un chapitre à nous initier au vocabulaire précis et codifié de la BD, avant de présenter les revues marquantes, les albums et les auteurs les plus représentatifs et de faire connaître les pionniers du neuvième art sur le Web.

L’auteure soutient que la situation des dessinateurs a peu changé au cours des quinze dernières années, car la bande dessinée n’est pas suffisamment soutenue. Elle estime que nous devons préserver cette richesse afin que la BD québécoise trouve sa juste place aux côtés de la bande dessinée américaine, japonaise et franco-belge et que le talent québécois rayonne enfin.

En conclusion, Mira Falardeau écrit que la bande dessinée québécoise est «un drôle d’oiseau». Elle voit le jour dans les journaux mais on ne la considère pas comme du journalisme. Elle occupe une place de choix dans les revues mais ne se classe ni du côté des articles ni du côté des illustrations. On la trouve dans les maisons de la presse et les librairies mais elle n’est vue ni comme périodique ni comme littérature. En fin de course, la bande dessinée ne trouve aucunement sa place dans la mémoire collective.

Les derniers mots de l’auteure constituent une sérieuse interrogation. «La bande dessinée est un art de la métaphore. Le destin de la BD québécoise serait-il une métaphore du destin du peuple québécois? Avec ses petits héros toujours tassés par les puissants, très critiques et pleins d’humour, pleins de talents, mais hésitant à s’imposer chez eux… Vite, place à nos Kapitaines Kébec!»

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La publication de cette Histoire de la bande dessinée au Québec coïncide avec la présentation de Les histoires en images, ancêtres de la bande dessinée, une exposition qui porte sur les histoires en images dans la presse satirique du XIXe siècle, présentée à la Grande Bibliothèque (Montréal) jusqu’au 4 mai prochain. La commissaire de cette exposition est nulle autre que Mira Falardeau.

Mira Falardeau, Histoire de la bande dessinée au Québec, VLB Éditeur, collection «Études québécoises», Montréal, 2008, 192 pages, 25,95 $.

Auteur

  • Paul-François Sylvestre

    Chroniqueur livres, histoire, arts, culture, voyages, actualité. Auteur d'une trentaine de romans et d’essais souvent en lien avec l’histoire de l’Ontario français. Son site jaipourmonlire.ca offre régulièrement des comptes rendus de livres de langue française.

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