Un film et deux séries à voir sur Tou.tv et Crave

Périodiquement dans l-express.ca, l’équipe de Cinéfranco, le festival torontois du film francophone, partage avec vous des suggestions de films ou de séries sur les plateformes Netflix, Apple TV, Disney, MUBI et plusieurs autres.

Voici un film et deux séries disponibles ce mois-ci.

LA PASSION DE DODIN BOUFFANT

Dodin Bouffant, l’épicurien par excellence, goûte aux plaisirs de la chair et de la chère avec sa cuisinière Eugénie.

M. Dodin, surnommé le Napoléon de l’art culinaire, inspiré par le roman éponyme de Marcel Rouff, conçoit des recettes délicates, d’une originalité exceptionnelle qu’Eugénie dotée de «qualités intuitives» cuisine.

La préparation des mets est chorégraphiée avec minutie, amour, sensualité. La magie des mains qui brassent les fines herbes, celle qui remue les crèmes onctueuses, celle qui touche les volailles, reste très tactile.

Les vapeurs qui se dégagent des marmites, les hommes qui se couvrent la tête pour inhaler les ortolans avant de les manger, sont enivrantes tant elles donnent envie de goûter à tous ces plats.

C’est le chef triplement étoilé Pierre Gagnaire qui a orchestré et préparé les mets. La photographie nimbée de couleurs dorées, lumineuse avec, pour fond sonore, le chant des oiseaux, les aboiements de chiens, les croassements, le tambourinage des pic bois, le crépitement du feu des cheminées, enchante les sens.

Sa beauté esthétique évoque des tableaux de Renoir. Les dialogues sont aussi délicieux. Comment résister à ce vin qui «a tout, la race, l’élégance, la pureté, la langueur en bouche et un bouquet extraordinaire, le cachemire des vins de Bourgogne, la grâce incarnée» (Chambolle Musigny).

Eugénie aime Dodin, mais privilégie sa liberté. Leur complicité pétillante de tendresse, d’humour et de respect est interprétée avec justesse par Benoı̂t Magimel et Juliette Binoche, qui formaient un couple dans la vie entre 1998 et 2003. À déguster avec amour!

IL A DÉJÀ TES YEUX

L’adoption de Benjamin, le bébé blanc aux yeux bleus, par Paul et Sila, ses parents noirs, était le sujet d’une comédie hilarante ayant chiffré 1 million d’entrées en 2017. La suite est offerte en format série de six épisodes.

Benjamin a maintenant 14 ans. Il a un frère Noé d’un an son cadet, Fils naturel de Paul et de Sila.
Benjamin aime la danse et le sport, et Noé est un musicien et intello coincé. En somme parents et enfants forment «une famille normale un peu plus pittoresque que le reste» (Paul), préjugés à part.

La venue inopinée de Lazare, le père indigne de Paul, bouleverse la famille. Paul arrive à peine à tolérer son géniteur qui l’avait abandonné. Maintenant, il doit le loger pour qu’il ait droit à des soins médicaux en France.

Lazare s’immisce ainsi dans la vie de toute la famille avec charme, humour et sagesse manipulatrice tant et si bien qu’il inspire Benjamin à vouloir rencontrer «ses vrais parents», ce qui met la famille dans tous ses états.

Benjamin attaque son camarade de classe noir qui le surnomme Chocolatine. Noé est jaloux de son frère. Sila s’inquiète et cherche des solutions. Manu, parrain blanc de Benjamin, met de la fantaisie dans l’air. Et Mamita, la grand-mère maternelle fait son cirque.

Jean-Louis Baptiste, l’acteur, le coscénariste et le réalisateur de la série, traite avec ses excellents comédiens de la quête identitaire, du bonheur familial et de l’immigration avec Finesse, tendresse, humour, drame et fortes émotions.

Chaque épisode se termine par une interrogation ou un détail intriguant qui pousse à les dévorer tous, sans modération!

LES MÉTÉORITES

Lena et Maelle, deux petites soeurs haïtiennes noires, sont arrachées du foyer de leur mère biologique pour être placées dans une famille d’accueil blanche.

Sophie et Adrien, couple aimant, ramassent les morceaux de la vie de ces petites filles, témoins d’abus subis par leur maman. Elles partagent cette maison accueillante avec l’ado Alexa et les petits Max et Lou.

Ce n’est pas une histoire linéaire que nous racontent ces 10 courts épisodes. Ce sont des moments touchants, intenses, déchirants parfois et heureux d’autres fois.

Lena, la plus jeune, s’est attachée à Sophie qu’elle appelle maman. Elle veut désespérément être blanche. Maelle veut vivre avec leur mère biologique qui se meurt d’amour pour ses filles.

Au fil des épisodes situant les personnages dans le passé pour les ramener dans le présent de l’année 2002, la vie de ces enfants reste incertaine. Ils peuvent atterrir dans une autre famille en un clin d’oeil, un peu comme ces météorites qui tombent dans des lieux imprévisibles.

L’espoir de rentrer chez eux les taraude. Lou prévient Lena qui a recueilli un petit oiseau dans ses mains: «touche-le pas à cause que sa famille ne va pas pouvoir le reconnaître».

La réalisatrice Nadia Louis-Desmarchais, s’inspirant de sa propre vie, sait jouer avec le coeur.

«Oui, je voulais raconter une histoire lumineuse, sans pour autant enlever les enjeux raciaux, les enjeux identitaires, la violence familiale, la consommation, car finalement cela fait partie de la complexité de la vie humaine», a-t-elle confié à bpartsmedia.ca. «J’ai l’espoir que cette série ouvrira la porte à des gens qui pourraient devenir des familles d’accueil.»