L’an dernier, on commémorait le 50e anniversaire du décès de Maurice de Vlaminck, peintre français qui a marqué l’art pictural d’une touche flamboyante, comme membre du fauvisme, ce groupe de peintres qui réinventaient l’art de peindre par leur emploi de la couleur. L’Express avait souligné cet événement dans son édition du 18 novembre, en présentant aussi le superbe catalogue de l’exposition qui lui était consacrée à Paris.
Cet ouvrage, véritable œuvre d’art, permet de rencontrer ce peintre hors norme, sans devoir se rendre dans la capitale française, un peu loin tout de même. Mais ce début de l’année 2009 nous offre la possibilité unique en Amérique du Nord de faire connaissance avec un autre membre de ce groupe d’anarchistes de la peinture, grâce à une exposition remarquable qui se tient au Musée des beaux-arts de Montréal jusqu’au 19 avril: «Van Dongen: un fauve en ville».
Première rétrospective importante de l’œuvre de ce peintre hollandais, l’exposition présente quelque 200 œuvres, plus d’une centaine de tableaux ainsi qu’une quarantaine de rares dessins, des estampes et autres documents d’archives et photographiques, et une douzaine de céramiques fauves.
Un maître hollandais
Cornelis Van Dongen, dit Kees, est né le 26 janvier 1877 dans la banlieue de Rotterdam au Royaume des Pays-Bas, dans une famille aisée. À 17 ans, après avoir travaillé chez son père, il s’inscrit à l’Académie des beaux-arts de Rotterdam. Ses œuvres de jeunesse portent la marque de maîtres hollandais comme Rembrandt et Van Gogh. Comme ce dernier, il peint des scènes d’intérieur, de petits paysages aux couleurs sombres. En 1897, il se rend à Paris, un voyage payé par son père pour ses 20 ans.
La liberté de Paris, si loin de l’austère Hollande, le fascine. Il vit de petits métiers, collabore à des journaux satiriques par des dessins à l’encre de Chine rehaussés d’aquarelle, peint des scènes de la vie parisienne, dans lesquelles les femmes tiennent une grande place. En 1904, Van Dongen se lie avec Vlaminick et Derain en exposant au Salon des Indépendants et au Salon d’Automne. Mais c’est une exposition de 1904, chez le marchand d’art Vollard, d’œuvres de sa période tachiste (notamment Le Boniment), qui marque son entrée dans le monde artistique parisien. En 1905, il se retrouve dans la «Cage aux fauves». Il y présente Le Torse, qui marque son appartenance au fauvisme et fera de lui le peintre de la femme. Son style est bien celui d’un fauve mais il se distingue des autres fauves qui s’expriment plutôt par des paysages.