C’était à prévoir: les astronomes avaient à peine fini de prononcer les mots «visiteur interstellaire» que les amateurs de science-fiction échafaudaient des scénarios. Et il a suffi d’une représentation d’artiste de ce à quoi ressemble (peut-être) cet astéroïde, pour ressortir du placard une dizaine de grands classiques.
N’y a-t-il pas une ressemblance entre la forme (présumée) de cet astéroïde et le mystérieux vaisseau extraterrestre imaginé par l’auteur Arthur C. Clarke dans Rendez-vous avec Rama? Les tout aussi mystérieux vaisseaux oblongs du film Arrival ? Ou la plus sinistre Doomsday Machine d’un vieil épisode de Star Trek?
Il était difficile d’y échapper tant la forme de cet astéroïde, révélée lundi dans un article publié par Nature, est inhabituelle: 10 fois plus longue que large, ou 400 mètres par 40.
Un article, de surcroît, publié à toute vapeur: l’objet, baptisé Oumuamua, a été détecté le 19 octobre à Hawaii. En quelques jours, les astronomes avaient calculé que sa trajectoire faisait de lui un objet venant de l’extérieur de notre système solaire, et qui ne faisait que passer, ayant frôlé notre Soleil en septembre avant de poursuivre sa route.
Le 1er novembre, l’équipe américano-européenne soumettait son article à Nature. Le 10, l’article était approuvé. Le 20, il était mis en ligne. Un exploit, pour une revue où ces délais se comptent plutôt en mois.
Mais d’un point de vue d’astronome, cet astéroïde apparemment dense, formé de roc et peut-être de métal, est une curiosité, davantage qu’une énigme: sur les 750 000 astéroïdes et comètes connus, aucun, à notre connaissance, ne provient de l’extérieur du système solaire — même pas ces comètes aux orbites si longues qu’elles ne reviennent qu’une fois par millénaire.