Ukraine: nous devons faire davantage

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Publié 30/03/2022 par Gérard Lévesque

Le 23 mars dernier, le premier ministre Justin Trudeau a prononcé une allocution au Parlement européen. Évidemment dans le contexte de l’invasion de l’Ukraine par la Russie.

C’était la deuxième fois qu’il était l’invité de l’Union européenne. En 2017, il faisait ses débuts sur la scène internationale.

De la covid à l’invasion de l’Ukraine

Que de changements au cours des cinq dernières années! Au premier plan, une pandémie universelle qui a coûté la vie de plus de six millions de personnes et qui a compliqué la vie de tous.

Outre une récession globale où des millions de personnes ont perdu leurs emplois, il y a eu un affaiblissement de plusieurs institutions.

Sans mentionner directement les États-Unis sous le mandat de Donald Trump, Trudeau observe que, durant quatre années, «un pays parmi les plus fervents garants de l’ordre international fondé sur des règles s’est éloigné du multilatéralisme» et d’organismes comme l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN).

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Et maintenant, nous avons la guerre criminelle de Poutine en Ukraine, un pays souverain, indépendant et démocratique.

Le premier ministre Justin Trudeau et Roberta Metsola, présidente du Parlement européen
Le premier ministre Justin Trudeau et Roberta Metsola, présidente du Parlement européen. Photo: Adam Scotti, cabinet du premier ministre

Le Canada présent en Lettonie

«Aujourd’hui ces règles et institutions sont ouvertement menacées. Vladimir Poutine a enfreint les préceptes les plus fondamentaux du droit international. Et il tue maintenant les civils innocents en bombardant les hôpitaux et les immeubles résidentiels. Ce mépris flagrant des lois et de la vie humaine constitue une menace immense pour l’Europe et pour le monde entier.» 

Le premier ministre rassure les Européens, y compris nos alliés en Europe de l’Est, qu’ils peuvent compter sur «l’amitié et le soutien total» du Canada.

Le Canada dirige le Groupement tactique de la présence avancée renforcée de l’OTAN en Lettonie, une mission qui regroupe 10 pays de l’OTAN. Depuis cinq ans des centaines de militaires canadiens sont déployés à des milliers de kilomètres de chez eux pour se positionner à 200 kilomètres de la frontière russe.

Zelensky, Ukraine
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky s’adressant aux membres du Parlement canadien le 15 mars. Debout: le premier ministre Justin Trudeau. Photo: Flick Justin Trudeau

Promouvoir la démocratie en ligne

Au Canada, notre gouvernement élabore actuellement une nouvelle mesure législative pour lutter contre les méfaits en ligne. Cette année, le Canada assume la présidence de la Coalition pour la liberté en ligne

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«Ensemble, nous devons soutenir des démocraties partout à travers le monde, incluant les plus fragiles, et lutter contre l’autoritarisme grâce à plus d’investissements et à plus de leadership engagé», a dit Justin Trudeau.

«Nous devons appuyer les gens courageux comme le président Zelensky et les Ukrainiens qui luttent pour leurs droits. Et nous devons poursuivre notre travail, chacun de nous, afin d’améliorer nos démocraties dans nos propres pays.»

Regards croisés France-Canada

Présidée par le sénateur Mickaël Vallet, la conférence Regards croisés France-Canada sur l’Ukraine, une initiative de l’Ambassade du Canada en France, l’Association nationale France-Canada, et le Groupe interparlementaire d’amitié France-Canada du Sénat, a eu lieu le 24 mars dernier au Sénat de France.

On y remarquait la présence de Jean-Pierre Raffarin, ancien premier ministre français et président de la Fondation Prospective et Innovation, de Anessa Kimball, professeure à l’Université Laval, et de Justin Massie, professeur à l’Université du Québec à Montréal.

Aujourd’hui, je vous présente l’allocution de la professeure Kimball. Elle est aussi directrice du Centre sur la sécurité internationale à l’École supérieure des études internationales et co-directrice du Réseau canadien sur la défense et de la sécurité.

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La professeure Anessa Kimball
La professeure Anessa Kimball

Participation aux centres d’excellence de l’OTAN

Les centres d’excellence de l’OTAN sont des organisations militaires internationales qui sont établies, gérées et financées par des Alliés ou des groupes d’Alliés.

Ils assurent la formation du personnel des pays alliés et partenaires sur des sujets spécialisés qui présentent un intérêt pour l’Alliance.

Le Canada est un important contributeur à plusieurs centres d’excellence de l’OTAN, notamment le Centre d’excellence pour la cyberdéfense en coopération, le Centre d’excellence pour la sécurité énergétique et le Centre d’excellence pour la communication stratégique.

Selon la professeure Kimball, le Canada et la France pourraient tous deux être membres d’un plus grand nombre de centres d’excellence de l’OTAN. La France en fait partie de 9, tandis que le Canada en fait partie de 5.

Cyberattaques et désinformation

Tous les membres de l’alliance sont touchés par les conflits hybrides qui comprennent les cyberattaques et les fausses informations – que la Russie et la Chine déploient.

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Observatrice expérimentée, la professeure affirme que, bien qu’il soit clair que le contrôle de l’information au sein de la Russie et de la Chine reste essentiel à leur succès dans le domaine des fausses informations, il se peut qu’un point d’inflexion se produise à mesure que les décès s’accumulent.

«Mais actuellement, la Russie est capable de réprimer plus rapidement que les gens ne protestent. Cela pourrait changer à moyen et long terme.»

Voisin à la fois des États-Unis et de la Russie

La professeure Kimball note que le Canada est le seul pays au monde pris en sandwich entre une grande puissance et une puissance mécontente.

Elle rappelle que la Russie a suspendu le Conseil de l’Arctique dont elle assure la présidence jusqu’en 2023. La Russie politise ainsi une institution qui cherchait explicitement à être exclue de telles manipulations.

Russie, Canada, Sécurité Arctique
Pays membres du Conseil de l’Arctique.

Expérience canadienne en Ukraine

Le Canada apporte sa vaste expérience tirée de certaines des régions les plus violentes d’Afghanistan au cours des dernières décennies, et du suivi de sa présence en Irak.

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Le Canada a également investi directement dans la sécurité en Ukraine avec sa mission de formation de la police UNIFIER. Il est l’un des rares pays à avoir été régulièrement sur le terrain en Ukraine au cours des cinq dernières années.

Un nombre important de civils canadiens ayant des liens avec l’Ukraine combattent également dans la zone de conflit. Le Canada et l’Ukraine ont conclu un accord de libre-échange en 2016 qui a généré plus de 300 millions $ d’échanges en 2020.

Les coûts de la paix et ceux de la guerre

L’Ukraine partage quatre frontières avec des partenaires de l’OTAN. Un certain nombre de troupes sont stationnées dans la région, ce qui augmente le risque d’escalade accidentelle.

La professeure Anessa Kimball constate que la Russie et l’Ukraine sont présentement dans une impasse mutuellement préjudiciable.

«Il n’y aura pas d’avancée significative vers la fin du conflit tant que les deux parties ne considéreront pas que les coûts de la paix sont moins élevés que ceux de la poursuite du conflit».

Auteur

  • Gérard Lévesque

    Avocat et notaire depuis 1988, ex-directeur général de l'Association des juristes d'expression française de l'Ontario. Souvent impliqué dans des causes portant sur les droits linguistiques. Correspondant de l-express.ca, votre destination pour profiter au maximum de Toronto.

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