Invasion de l’Ukraine: Poutine défie la majorité des nations

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Publié 08/03/2022 par Gérard Lévesque

Depuis le 24 février, la Russie mène en Ukraine une offensive militaire qui est contraire à la Charte des Nations Unies et à plusieurs conventions internationales et traités. Inflexible, le président Vladimir Poutine continue d’imposer à l’Ukraine et aux Ukrainiens les horreurs de sa guerre comme s’il n’a aucune obligation à respecter.

Le 1er mars, par une résolution de 4 pages sur l’agression contre l’Ukraine, l’Assemblée générale des Nations Unies exige que la Russie cesse immédiatement d’employer la force contre l’Ukraine. L’ONU exige également que la Russie retire immédiatement, complètement et sans condition, toutes ses forces militaires du territoire ukrainien.

L’influence russe: 35 abstentions et 5 votes contre

La résolution reçoit l’appui de 141 pays. 35 pays s’abstiennent de voter, dont la Chine, l’Inde, le Pakistan, l’Iran, l’Afrique du Sud, Madagascar, le Burundi, le Sénégal, l’Algérie, Cuba. Seulement 5 votent contre: la Russie, le Bélarus, la Corée du Nord, l’Érythrée et la Syrie. Poutine continue son agression.

vote ONU
Le vote des pays membres de l’ONU demandant l’arrêt de la guerre de la Russie contre l’Ukraine.

Le Conseil des droits de l’homme de l’ONU adopte aussi une résolution de quatre pages sur la situation des droits de la personne en Ukraine à la suite de l’agression russe. 

Condamnant fermement la poursuite de l’invasion du territoire de l’Ukraine par la Russie et son occupation de la «République autonome de Crimée» et de la ville de Sébastopol, le Conseil souligne qu’il est urgent que la Fédération de Russie cesse immédiatement ses hostilités militaires contre l’Ukraine, et que le Bélarus mette immédiatement fin à son soutien à ces hostilités.

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Liberté d’opinion et d’expression menacées

Michelle Bachelet, haute-commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme.
Michelle Bachelet, haute-commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme.

Le Conseil réaffirme que le droit à la liberté d’opinion et d’expression, en ligne et hors ligne, est un droit de l’homme garanti à tous. Il condamne toute attaque contre les journalistes, les journaux et les travailleurs des médias.

Le Conseil se déclare préoccupé par la progression de la désinformation et la propagation de fausses informations. Celles-ci peuvent être conçues et exploitées de manière à induire en erreur et à violer les droits de la personne… Et porter atteinte à ces droits, dont le droit à la vie privée et la liberté de chacun de chercher, recevoir et transmettre des informations.

Une commission d’enquête sur les violations

Le Conseil décide, entre autres, d’établir d’urgence une commission d’enquête internationale indépendante dont le mandat est le suivant:

a) Enquêter sur toutes les allégations de violations des droits de l’homme et d’atteintes à ces droits, et de violations du droit international humanitaire en Crimée et dans certaines zones des régions de Donetsk et de Louhansk depuis 2014, et dans d’autres régions d’Ukraine depuis le 22 février 2022.

b) Établir les faits et les circonstances qui peuvent constituer des violations des droits de l’homme et des atteintes à ces droits ou des violations du droit international humanitaire en Ukraine.

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c) Recueillir, rassembler et analyser les éléments de preuve attestant de telles violations et atteintes, et enregistrer et conserver systématiquement tous les renseignements, documents et éléments de preuve, y compris les entretiens, les témoignages et les indices médico-légaux, en mettant tout en œuvre pour que ces éléments soient recevables dans les procédures judiciaires devant les cours ou tribunaux nationaux, régionaux ou internationaux qui sont compétents ou pourraient l’être à l’avenir.

d) Recueillir et vérifier les informations et les éléments de preuve pertinents, y compris en travaillant sur le terrain et en coopérant avec les organes judiciaires et d’autres entités, selon qu’il conviendra.

e) Identifier, dans la mesure du possible, les responsables de violations des droits de l’homme et d’atteintes à ces droits ou de violations du droit international humanitaire en Ukraine, afin qu’ils aient à répondre de leurs actes.

f) Formuler des recommandations, notamment sur les mesures de responsabilisation qui pourraient être prises, en vue de faire cesser l’impunité et de garantir l’établissement des responsabilités, notamment des responsabilités pénales individuelles, et l’accès des victimes à la justice.

La résolution reçoit l’appui de 32 pays alors que 13 pays s’abstiennent de voter et seulement 2 votent contre: la Russie et l’Érythrée. Poutine continue son agression.

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Une guerre économique

Chaque jour, la liste des pays et des entreprises internationales qui prennent des sanctions contre la Russie s’allonge. Même les compagnies de cartes de crédit comme Mastercard, Visa et American Express suspendent leurs activités en Russie.

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Vladimir Poutine

Combien d’autres sanctions seront nécessaires avant que des généraux de l’armée russe, des oligarques ou le peuple russe décident qu’il est temps de remplacer celui qui est la cause de leurs maux?

Une guerre d’information

Le 4 mars dernier, Poutine signe une nouvelle loi prévoyant une peine de 15 ans de prison pour quiconque diffuse de l’information contraire à la position du gouvernement.

La liberté de presse n’existe plus en Russie. Les rares médias russes indépendants doivent fermer boutique et les médias étrangers, comme Radio-Canada, suspendent leurs activités sur le territoire russe. La propagande russe contrôle maintenant l’information sur tout le territoire de la Russie et se manifeste à l’étranger.

Dans son communiqué du 1er mars, l’ambassade russe à Ottawa allègue, notamment, que la Russie ne commence pas de guerres, mais qu’elle les termine. 

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L’arme nucléaire

Lorsque l’ex-président américain Donald Trump avait menacé d’utiliser l’arme nucléaire contre la Corée du Nord, bien des observateurs s’étaient interrogés sur son état mental.

Maintenant que le président russe menace d’utiliser son arsenal nucléaire, de plus en plus de gens constatent que son discours est incohérent et remettent également en question son état mental.

Le problème est que Vladimir Poutine n’a aucune considération pour la vie humaine autre que la sienne.

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Des négociations ont lieu entre la Russie et l’Ukraine, mais la guerre se poursuit.

Les obligations de la Russie, du Royaume-Uni et des États-Unis

Il est important de rappeler que, le 5 décembre 1994, à l’occasion du sommet de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe qui se tient à Budapest, l’Ukraine, la Russie, le Royaume-Uni et les États-Unis signaient le Mémorandum relatif aux garanties de sécurité dans le cadre de l’adhésion de l’Ukraine au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires

Dans le Mémorandum, pour éviter une augmentation du nombre de pays détenteurs de l’arme nucléaire, la Russie, le Royaume-Uni et les États-Unis garantissent la sécurité de l’Ukraine. En échange, l’Ukraine renonce à la possession d’armes nucléaires et s’engage à rejoindre le traité sur la non-prolifération des armes nucléaires.

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On ne peut pas se fier à la signature de la Russie. Quelle ironie de constater qu’en 2022, Poutine renie la signature de la Russie… Non seulement en envahissant le pays que la Russie s’était engagée à protéger… Mais aussi en menaçant d’utiliser l’arme nucléaire.

On doit aussi se demander si l’aide humanitaire et militaire que le Royaume-Uni et les États-Unis apportent présentement à l’Ukraine honorent complètement leurs obligations.

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Volodymyr Zelensky

Du droit, à l’humour puis à la politique

Avant le début des hostilités, le président ukrainien était peu connu à l’extérieur des frontières de son pays. Maintenant, il est admiré pour le courage qu’il démontre en s’opposant aux visées expansionnistes de Poutine. Et pour les plaidoiries qu’il fait presque quotidiennement en faveur de la paix, la justice et la démocratie.

Né en 1978, Volodymyr Zelensky suit un parcours fascinant. Après avoir obtenu un diplôme en droit, il fait ses débuts à la télévision ukrainienne. En 2003, son groupe remporte les plus grands championnats d’humour du pays.

À partir de 2015, il est l’acteur principal d’une émission télévisée humoristique dans laquelle il incarne un professeur de lycée intègre accédant de façon inattendue à la présidence de l’Ukraine.

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Après la troisième saison de diffusion, il lance un parti politique sous le même nom que son émission télévisée, Serviteur du peuple, puis se présente à l’élection présidentielle de 2019. Après une campagne où il prend pour cible la corruption des élites, il l’emporte face au chef de l’État sortant.

À 41 ans, il devient le plus jeune président de l’histoire de l’Ukraine.

L’Ukraine dans la Francophonie avant l’Ontario

En 2006, l’Ukraine adhère à l’Organisation internationale de la francophonie (OIF) à titre d’état observateur. En 2010, il y avait en Ukraine 285 800 locuteurs de français. Dix ans plus tard, en 2016, l’Ontario adhère à l’OIF à titre de gouvernement observateur.

Une des quatre missions de l’OIF est de promouvoir la paix, la démocratie et les droits de la personne.

L’OIF compte 54 membres, 7 membres associés et 27 observateurs. Honte aux pays membres de la Francophonie qui n’ont pas appuyé la résolution de l’Assemblée générale des Nations Unies sur l’agression russe contre l’Ukraine. Il s’agit des pays suivants: Arménie, Burundi, Cameroun, République centrafricaine, Congo, Madagascar, Mali, Mozambique, Sénégal et Vietnam.

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Honte aux pays membres de la Francophonie qui n’ont pas appuyé la résolution du Conseil des droits de l’homme sur l’agression russe contre l’Ukraine: Arménie, Cameroun, Gabon.

Pour un aperçu de la communauté ukrainienne au Canada, je vous recommande le texte publié dans l‘Encyclopédie canadienne

Cuba s’abstient: on devrait aller en vacances ailleurs

Dans une chronique précédente, je soulignais que, depuis bien des années, l’effet des sanctions imposées à Cuba par les États-Unis est considérablement réduit par les retombées économiques des voyageurs canadiens.

J’indiquais que, si Cuba n’annonce pas publiquement qu’il demande le retrait des troupes russes du territoire ukrainien, les Canadiens devraient cesser d’aller en vacances à Cuba, tant que la Russie n’aura pas compensé financièrement l’Ukraine pour les pertes de vie et la destruction massive des infrastructures ukrainiennes.

Cuba s’est abstenu de voter à la fois sur la résolution de l’Assemblée générale des Nations Unies et sur la résolution du Comité des droits de l’homme. Poutine a rendu toxiques les plages de Cuba. 

Auteur

  • Gérard Lévesque

    Avocat et notaire depuis 1988, ex-directeur général de l'Association des juristes d'expression française de l'Ontario. Souvent impliqué dans des causes portant sur les droits linguistiques. Correspondant de l-express.ca, votre destination pour profiter au maximum de Toronto.

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