Le récent commentaire du premier ministre canadien, Justin Trudeau, sur les ordinateurs quantiques, a provoqué un «nerdgasme» (l’expression provient d’un éditorial de la revue Nature), mais pourquoi?
Tout simplement parce que nous ne sommes pas habitués à ce qu’un politicien parle de science.
Lors de l’annonce d’une subvention de 50 millions $ à l’Institut Périmètre de Waterloo le 15 avril, un journaliste a commencé une question sur la mission militaire canadienne en Irak par: «je ne vous demanderai pas d’expliquer ce qu’est un ordinateur quantique»… À la surprise et l’hilarité générales, le premier ministre s’est au contraire lancé dans une comparaison entre les ordinateurs traditionnels et quantiques.
L’éditorialiste de Nature rappelle que c’est en 1959 que le penseur britannique Charles P. Snow a publié The Two Cultures, qui mettait pour la première fois des mots sur un phénomène en émergence depuis le début du siècle: le gouffre entre «culture scientifique» et «culture littéraire», et le fait que l’élite politique soit presque systématiquement issue de la deuxième culture.
55 ans plus tard, les choses n’ont guère changé, comme en témoignent ces politiciens parfois fiers de dire qu’ils ne connaissent rien aux sciences. D’où la surprise lorsque l’un d’entre eux montre qu’il s’y intéresse un peu — «mais ils devraient tous le faire», conclut l’éditorialiste de Nature.