Thriller à saveur néerlandaise dans l’Est ontarien

néerlandaise, Claire Ménard-Roussy, Un lourd prix à payer
Claire Ménard-Roussy, Un lourd prix à payer, roman, Ottawa, Éditions David, collection Voix narratives, 2024, 248 pages, 25,95 $.
Partagez
Tweetez
Envoyez

Publié 19/02/2025 par Paul-François Sylvestre

Après la Seconde Guerre mondiale, plusieurs familles néerlandaises s’installent au Canada pour réaliser leur rêve dans ce pays van milk en honig (de lait et de miel), mais tout n’est pas gagné. Claire Ménard-Roussy décrit un cas tragique dans le roman Un lourd prix à payer.

Plusieurs romans ont situé l’action dans des villes ontariennes comme Ottawa, Sudbury, Toronto ou Windsor. De plus petites communautés y figurent aussi, notamment Hearst, Mattawa, Rockland ou Penetanguishene.

Claire Ménard-Roussy a choisi un endroit peu connu, soit le canton de Glengarry, à l’Est de Cornwall.

Village paisible

Le couple Frans et Hannah Dykstra quitte les Pays-Bas avec leurs enfants Margriet, Pieter et Adriaan pour s’installer au Canada en 1956, «à la sortie d’un petit village paisible» dont le nom n’est jamais mentionné. On sait que ce hameau est traversé par la rivière Noire. «C’est su’a County Road 17, c’est le ch’min qui mène à Williamstown, ça.»

Margriet a 12 ans et fréquente une école catholique de langue française dirigée par des religieuses. Sa mère ne parle que le néerlandais; son père se débrouille un peu en anglais et baragouine quelques mots en français. La famille vit assez bien des produits de la ferme.

Publicité

Les Dykstra vont à la messe tous les dimanches, mais les voisins ne connaissent absolument rien de leur vie antérieure. «C’était encore des étrangers après tout, des gens venus de l’autre bord, avec des manières différentes, puis une langue qui ressemblait pas mal trop à l’allemand.»

Disparition

Quand Claire Ménard-Roussy a décrit le «Social de la Paroisse» et la contribution de Hannah au souper communautaire, cela m’a rappelé les pique-niques paroissiaux de mon enfance à Saint-Joachim, dans le Sud-Ouest ontarien: kiosques, roue de fortune, lancement de fléchettes, peluches à gagner, repas copieux.

Le samedi 19 septembre 1959, Margriet disparaît. La police n’en est informée que le lundi suivant. Les recherches pour la trouver s’avère infructueuse.

Lors de l’enquête menée par l’Ontario Provincial Police, un homme affirme avoir vu Margriet et son père sur le bord de la rivière Noire, précisant que Frans Dykstra semblait très mécontent.

Quelques jours plus tard, l’agent se rend chez le père et prend une voix grave: « Mister Frans Dykstra, you are now under arrest and charged with the disappearance of your daughter…» Les cinq lignes et demie de l’accusation sont écrites en anglais seulement (pas de traduction en bas de page).

Publicité

Parlure populaire

Parlant de langue, certaines répliques illustrent le parler populaire français; en voici un exemple: « Y para’ que la p’tite fille alla’ assez souvent au bord de la rivière en face de leu’ farme. À s’é p’t-êt’ noyée, on sé jama’. Y disent qu’à sava’ pas nager.»

Le roman est truffé de quelques mots néerlandais. Le curé est appelé vader (père), les sabots de bois sont des klompen, la chaleur du foyer est le gezellling d’une maison accueillante. Une réplique de trois lignes figure en néerlandais, avec traduction dans une note en bas de page.

Le village entier est ébranlé et des vies sont changées par les événements qui s’y déroulent en septembre 1959. La romancière tisse habilement psychologie et criminologie. Résultat: son roman se transforme peu à peu en un véritable thriller.

Claire Ménard-Roussy a effectué une recherche minutieuse sur l’agriculture dans Glengarry, sur la vie dans les Pays-Bas pendant et après la Seconde Guerre mondiale, ainsi que sur la participation des troupes canadiennes à la libération de la population néerlandaise.

Auteurs

  • Paul-François Sylvestre

    Chroniqueur livres, histoire, arts, culture, voyages, actualité. Auteur d'une trentaine de romans et d’essais souvent en lien avec l’histoire de l’Ontario français. Son site jaipourmonlire.ca offre régulièrement des comptes rendus de livres de langue française.

  • l-express.ca

    l-express.ca est votre destination francophone pour profiter au maximum de Toronto.

Partagez
Tweetez
Envoyez
Publicité

Pour la meilleur expérience sur ce site, veuillez activer Javascript dans votre navigateur