Thomas Bachelder, le Prince du Pinot Noir

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Le couple Thomas Bachelder et Mary Delaney. Photos: courtoisie
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Publié 24/11/2022 par Pierre Ferland

Quelques vignerons de la région du Niagara sont vénérés et élevés aux statuts de légende. Il y a bien sûr les pionniers fondateurs tels Donald Ziraldo et Karl Keiser,  fondateurs de Inniskilin. Il y a la famille Moyer. La famille Hermann attachée au vignoble Vineland. La famille Pennachetti de Cave Spring. Mais peu de noms sont aussi respectés aujourd’hui que celui de Thomas Bachelder.

Bachelder est un Montréalais de naissance avec des racines familiales en Estrie, où sa famille exploitait deux fermes. La ferme familiale a un impact profond sur le caractère et les ambitions du jeune Thomas.

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Thomas Bachelder à la conquête de la Bourgogne dans sa jeunesse.

La cavale de la Bourgogne à l’Oregon

Encore jeune, il laisse tomber sa carrière de journaliste et décide de partir étudier à Beaune en Bourgogne. C’est dans cette région qu’il tombe en amour avec le Pinot Noir. Là, selon lui, il est devenu vigneron.

Entre son apprentissage de la vigne et les découvertes des grands noms de Bourgogne tel Chassagne-Montrachet, il prend la décision de se consacrer aux cépages classiques de la Bourgogne: le Chardonnay et le Pinot Noir.

Le temps passe et il décide de jeter l’ancre dans la vallée de la Willamette en Oregon pour y installer sa jeune famille. Là, il forge sa réputation en découvrant le terroir unique de l’Oregon qui, selon lui, «présente une minéralité et un côté salin uniques au monde».

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Thomas Bachelder manipulant un baril à la Bat Cave.

L’aventure Clos Jordane

Vers la fin des années 1990, Bachelder, solide de ses expériences en Bourgogne et en Oregon est invité à devenir le vigneron du Clos Jordanne. C’est un projet collaboratif ambitieux entre Vincor, une société ontarienne et la Maison Boisset de Bourgogne.

Le Canadien errant n’avait jamais envisagé Niagara comme terroir. Mais à force de découverte et la réussite de plusieurs millésimes, Thomas Bachelder s’attache à la péninsule du Niagara.

De là vient l’ambition, avec l’aide de son épouse Mary Delaney de faire du vin dans trois pays.

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Mary Delaney testant l’un des précieux Chardonnay.

Les lecteurs plus âgés se souviendront sûrement que le Clos Jordanne a fait bien du bruit entre 2004 et 2009, avec des millésimes simplement remarquables et d’une qualité que la région avait rarement produite.

Il y a eu aussi un projet de construction d’un bâtiment architectural par Frank Gehry.

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Malheureusement, malgré les succès, les projets du Clos Jordanne ont été revus à la baisse après la récession de 2008. Le projet architectural a été annulé. En 2010, Bachelder quitte le vignoble et, au grand désespoir de bien des amateurs de vins, le millésime 2012 sera le dernier.

Mais la légende est née.

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Thomas Bachelder en train de tester la fermentation.

Comme le Phénix, Clos Jordane renaît de ses cendres

En 2017, le Groupe Arterra décide de revitaliser le nom Clos Jordanne. Ça tombe bien, avec le temps qui passe, la vie de gitan devient un peu lourde pour Thomas et Mary.

La passion du terroir de Niagara est irrésistible, et notre Québécois fera encore le plaisir de bien des amateurs de vins avec son Chardonnay et son Pinot Noir.

Avec la passion pour laquelle il est reconnu et la ferveur d’un adolescent, Bachelder est simplement ravi de faire du vin, particulièrement ses cépages passions: le Pinot Noir et le Chardonnay,

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Ces raisins expriment le terroir avec plus de précision et de détail que de nombreuses autres variétés, en particulier dans les climats frais comme Niagara.

De plus, sachez que Thomas est francophile et ne refuse jamais une occasion pour une conversation en français!

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Thomas Bachelder dans le vénérable vignoble Wismer.

Les vins Bachelder: le rêve devenu réalité

Bachelder Wines est maintenant en quelque sorte un négociant. Il s’approvisionne chez les meilleurs vignobles indépendants de la région.

Il s’amuse à découvrir les caractéristiques de chaque mètre de terroir. Il est un savant de l’influence qu’ont le lac Ontario et l’escarpement de Niagara sur chaque parcelle de vignoble dont il est responsable.

Ses millésimes 2020 comprend différentes appellations parfois séparées de seulement quelques mètres, mais avec des caractéristiques et profils bien différents l’un de l’autre.

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L’assemblage et l’élevage des vins Bachelder se fait – croyez-le ou non – dans ce qu’il appelle la «Bat Cave».

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La fameuse Bat Cave, le repaire d’un superhéros du vin.

Thomas Bachelder est effectivement un superhéros de l’élevage et comprend précisément l’importance du temps, c’est-à-dire de ne pas forcer la vigne ni le raisin.

La gestion de ses barils est presque de la haute voltige. Il est obsédé et passionné par le terroir. Bachelder a toujours refusé des compromettre sa vision. Le temps lui a donné raison.

Il est une force de la nature. La passion qu’il exerce sur ses vins est d’une contagion sans parallèle. Ces vins sont vivants, droits, précis, et représentent parfaitement le dynamisme de Niagara – de Grimbsy à St.David’s.

Quoi boire?

Comme il me l’a si bien dit récemment lors d’une dégustation privée au bar torontois Chez Nous de Toronto, c’est difficile de choisir un favori – comme quand on a plusieurs enfants.

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L’offre de vins de Bachelder est impressionnante et d’une qualité presque désarmante.

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Lors de ma dégustation au bar à vin Chez Nous, rue Queen Est à Toronto. Photo: Pierre Ferland

Pour le Chardonnay, j’ai une préférence pour le Wismer-Foxcroft pour deux raisons. D’abord, je suis obsédé par la minéralité dans les Chardonnay, et celui-ci captive vos papilles gustatives avec une vigueur et une précision presque magique.

La deuxième raison est partie intégrante de la première raison. Je sais ce que le vignoble Wismer-Foxcroft peut exactement produire, l’ayant goûté avec d’autres producteurs.

Le Patte Rouge est unique en son genre, et l’histoire derrière est fascinante.

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Quatre Chardonnay de Bachelder.

Du côté Pinot Noir, le choix est encore plus difficile.

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Si j’avais un seul Pinot Noir du Niagara à boire pour le reste de mes jours, ça serait sans hésitation le Pinot Noir de Thomas Bachelder parce que la connectivité avec le terroir est profonde, remarquable, voire poétique.

Le Lowry m’a semblé offrir une complexité et une élégance unique. Le Winsmer-Parke, le Saunders Bas et le Bator offrent des profils uniques qui sauront aussi me convaincre sans trop d’hésitation.

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Trois Pinot Noir de Bachelder.

Auteur

  • Pierre Ferland

    Chroniqueur à l-express.ca, le média franco de Toronto et du Centre-Sud de l'Ontario. Pierre Ferland est fondateur-animateur du podcast Read Between the Wines. Il a interviewé les grands noms de l’industrie du vin tels que Ken Forrester, Simon Woolf, Vanessa Price et Karen MacNeil ainsi que de nombreux vignerons de la vallée du Niagara. Son balado rejoint des auditeurs dans 27 pays. Il est également consultant en vin et en marketing.

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