Sylvothérapie: quand la forêt nous aide à contrer le stress

Alors que la 3^e vague de covid nous frappe de plein fouet, entraînant (encore!) un confinement forcé, comment faire pour se maintenir en équilibre: garder la bonne forme physique, émotionnelle et intellectuelle? Voici une suggestion: la sylvothérapie.

Du mot «sylve», qui signifie «bois, forêt», la sylvothérapie est une pratique thérapeutique d’origine japonaise (shinrin-yoku) qui gagne en popularité un peu partout chez nous dans le Nord de l’Ontario, au Québec et dans l’Ouest canadien, comme dans le Sud notamment en Guadeloupe.

La thérapie consiste à faire une promenade en forêt pour calmer l’anxiété et contrer la dépression.

L’immersion en forêt a pour but d’encourager les gens à découvrir les effets positifs de la nature sur l’humeur par l’effet relaxant de certaines molécules libérées par la végétation.

Tandis que nous traversons sans répit, depuis plus d’un an, une pandémie bouleversant notre mode de vie sur tous les plans, les promenades en pleine forêt peuvent servir d’exutoire bénéfique.

La sylvothérapie, s’effectuant en solo ou petits groupes, permet aussi de respecter les règles sanitaires en ces temps de crise aiguë.

Effet apaisant de la sylvothérapie

L’Équipe de santé familiale Nord-Aski de la région de Hearst, offre dorénavant un programme de «bain de forêt» (sylvothérapie) inspiré du mouvement shinrin-yoku.

L’Équipe estime que ce nouveau programme sera un bon complément à ses autres services visant au mieux-être et à la réduction du stress.

Selon Bernadette Rey, guide fondatrice de Shinrin Yoku Québec, «les bénéfices que peuvent apporter les pins, les chênes, les bouleaux ou les érables s’observent tant du point de vue physiologique que psychologique et spirituel».

«S’immerger dans l’ambiance de la forêt (bain de forêt) et permettre à sa beauté de s’imbiber dans tous nos sens, crée un effet vraiment calmant», selon Haida Bolton, première praticienne sylvothérapeute en Colombie-Britannique.

Les bains de forêt ont été popularisés en Amérique du Nord par l’Association des guides en sylvothérapie et en thérapie verte de la Californie (Association of Nature and Forest Therapy Guides and Programs).

Immersion tropicale

Particulièrement interpellée par la pratique de la sylvothérapie dans le Sud, j’ai contacté la Maison de la Randonnée et du Tourisme vert de Guadeloupe (MRTVG) impliquée, entre autres, dans l’offre de bains en forêt.

En voici un aperçu procuré par Véronique Hardel-Nicolas, guide-accompagnatrice de la MRTVG.

La Guadeloupe (île de la Basse-Terre) est recouverte d’une forêt tropicale luxuriante sur une grande partie de son territoire, ce qui permet de pratiquer avec aisance la sylvothérapie toute l’année.

«Tout un chacun peut marcher sans s’essouffler, prendre le temps d’aller à la rencontre du milieu forestier, tout en respirant profondément.»

«La présence de grands arbres, tels les châtaigniers, les acomats boucans, les gommiers, donne l’occasion de pratiquer la sylvothérapie avec des petits groupes de personnes, souvent très stressées à leur arrivée, et beaucoup plus apaisées après leur immersion en forêt», témoigne Véronique.

Exploration de la forêt

La marche dure environ une demi-heure, durant laquelle le guide-accompagnateur de la MRTVG explique les espèces végétales, l’histoire du lieu, sa toponymie. S’ensuit une pause autour d’un ou deux grands arbres.

«On invite ceux qui le souhaitent à se déchausser pour sentir le sol sous leurs pieds, souvent recouvert de mousse ou d’herbes.»

«C’est un moment de calme pendant lequel le silence est de rigueur. Certains randonneurs en profitent pour enlacer l’arbre et sentir ses vibrations», décrit Véronique.

«Un moment silencieux où l’on se confie à son arbre; on peut tout lui demander (sa force, sérénité, stoïcisme).»

Puis la marche reprend pendant trois heures, à la découverte d’espèces et d’arrêts près de grands arbres. La balade s’achève par un partage d’échanges autour de tisanes bienfaitrices et fruits bios du pays.

Au départ, la MRTVG offre des sessions de trois jours incluant trois heures d’immersion par jour. Des séances d’une à deux fois par semaine sont proposées pour en maintenir les bienfaits.

Sylvothérapie: bien-être avant tout

«Nous nous adaptons aux disponibilités de nos visiteurs et suggérons un programme sans jamais n’obliger quiconque à participer à une séance sans leur souhait, car la sylvothérapie, c’est avant tout un outil de bien-être», précise Véronique.

«Nous évoquons également les travaux du docteur Qing Li, expert mondial en sylvothérapie, ainsi que les expériences menées dans certains pays scandinaves ayant implanté des hôpitaux au cœur de leur forêt et constaté les bénéfices de la forêt sur la guérison de leurs patients.»

Le Dr Qing Li, médecin immunologiste à l’Université de Médecine de Tokyo et membre fondateur de la Société japonaise de Sylvothérapie, dirige depuis 2005 des recherches sur les effets des bains de forêt sur la santé.

Booster son énergie

«Les études du Dr Qing Li confirment les effets bénéfiques sur l’organisme générés par les phytoncides (substances volatiles libérées dans l’air par les arbres et plantes).»

«Ses expériences démontrent que nos sens jouent un rôle crucial dans les effets apaisants des bains de forêt dont l’odorat est le plus influent.»

«Les recherches ont également indiqué que l’un des phytoncides (le d-limonène au parfum d’agrume) serait plus efficace que les antidépresseurs pour fournir un bien-être émotionnel et redonner le moral à des patients souffrant de troubles mentaux.»

«Se balader en forêt est l’une des meilleures ordonnances naturelles pour lutter contre le stress et booster son énergie incluant le tree hugging (l’art de faire un câlin à un arbre) qui se développe en France», mentionne Véronique.

En attendant d’apercevoir la lumière au bout du tunnel.