Sommet sur le postsecondaire: «Ce n’est que le début»

Sommet États généraux postsecondaire, collèges, universités
Les participants du «Panel sur l’avenir» du Sommet des États généraux sur le postsecondaire: Martin Normand (ACUFC), Alain Dupuis (FCFA), Linda Cardinal (UOF). Photos: Ericka Muzzo, Francopresse
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Publié 28/03/2022 par Éricka Muzzo

La nécessité de revoir le modèle de financement des collèges et universités est ressortie comme la priorité du Panel sur l’avenir au Sommet des États généraux sur le postsecondaire en contexte francophone minoritaire.

En clôture de l’évènement, les organisateurs ont assuré qu’un rapport comprenant des recommandations et un plan stratégique serait publié à la mi-octobre pour que les informations recueillies depuis septembre 2021 se traduisent en changements concrets.

«Le Sommet n’est pas la fin de cette démarche, ce n’en est qu’une autre étape. Nous nous mettrons rapidement à l’œuvre pour rédiger un rapport final structurant et engageant, et qui appelle à une action rapide, cohérente et concertée», a assuré Martin Normand, directeur de la recherche stratégique et des relations internationales à l’Association des collèges et universités de la francophonie canadienne (ACUFC), lors de la cérémonie de clôture du Sommet.

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Martin Normand, directeur de la recherche stratégique et des relations internationales à l’ACUFC.

États généraux du postsecondaire: un avant et un après

Alain Dupuis, directeur de la Fédération des communautés francophones et acadienne (FCFA) du Canada, a indiqué souhaiter «un avant et un après».

«Que ces États généraux marquent l’histoire de la francophonie canadienne et qu’ils soient un moment où on va dire: On s’est pris en charge.»

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«Ce n’est pas une fin, ce n’est que le début, c’est le jour zéro de notre démarche!» Il souligne les «attentes élevées» de la part des communautés,  disant espérer que «les gouvernements seront à l’appui».

Lynn Brouillette, présidente-directrice générale de l’ACUFC, a conclu en accentuant que «nous sommes dorénavant collectivement les porteurs des connaissances accumulées au fil des consultations, et nous devrons en faire honneur et en faire un bon usage».

Lynn Brouillette, présidente-directrice générale de l’ACUFC.

Le gouvernement s’engage à ne pas rester les bras croisés

La ministre des Langues officielles, Ginette Petitpas Taylor, a souligné l’importance de «protéger nos institutions postsecondaires en français». Elle a reconnu que «dans les dernières années, nos collèges et universités ont fait face à des défis importants».

«Notre gouvernement reconnaît que les établissements postsecondaires en milieu minoritaire ont besoin de soutien. Nous sommes engagés à les appuyer.»

«Nous reconnaissons également que l’éducation relève de la compétence des provinces et des territoires. Toutefois, cela ne veut pas dire que nous devons rester les bras croisés. Bien au contraire!», a ajouté Mme Petitpas Taylor.

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La ministre rappelle que le premier ministre lui a confié le mandat d’augmenter le financement des établissements d’enseignement postsecondaire dans les communautés de langue officielle en situation minoritaire.

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À l’écran: la ministre des Langues officielles, Ginette Petitpas Taylor,
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La ministre des Langues officielles, Ginette Petitpas Taylor.

«On doit s’attaquer au modèle de financement du postsecondaire»

En plus de l’importance de revoir le financement des établissements postsecondaires, les participants du Panel sur l’avenir ont aussi identifié comme priorités de passer de la compétition à la collaboration dans les collèges et universités de la francophonie canadienne. Ils souhaitent aussi favoriser la mobilité étudiante et créer plus de liens entre les établissements et leurs communautés.

Selon eux, cela part toutefois d’une refonte du système de financement. «On doit avoir un modèle qui répond à la réalité des communautés francophones en milieu minoritaire, à nos institutions, pas un modèle qui soit fondé sur celui de la majorité», a plaidé le commissaire aux langues officielles, Raymond Théberge.

Il estime que les gouvernements devraient miser sur un système «différencié» qui prendrait en compte les particularités des établissements, comme leur plus petite taille.

Raymond Théberge
Raymond Théberge, commissaire aux langues officielles du Canada. Photo: CLO

Compétition entre les établissements

D’après le commissaire, le modèle actuel crée des inégalités d’accès à l’éducation postsecondaire et encourage une compétition «malsaine» entre les établissements, qui se battent entre eux pour obtenir plus d’inscriptions. «Si on veut s’attaquer au concept de la compétition, on doit s’attaquer au modèle de financement», assure Raymond Théberge.

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C’est aussi le point de vue d’Alain Dupuis, qui plaide pour que les établissements eux-mêmes jouent un rôle actif et proposent des solutions. «Moi, je convoquerais une grande conférence avec les 13 gouvernements pour penser un nouveau modèle de financement, à l’invitation des 22 établissements membres de l’ACUFC.»

Alain Dupuis estime que d’attendre des solutions du fédéral et des provinces, «avec toutes les dynamiques politiques qui peuvent exister», est un vœu pieux.

Raymond Théberge met toutefois en garde qu’«il ne faut pas, en demandant un meilleur financement du fédéral, déresponsabiliser les provinces et territoires».

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Alain Dupuis, directeur de la Fédération des communautés francophones et acadienne du Canada.

Pour des pôles d’expertise parmi nos collèges et universités

Linda Cardinal, professeure et membre de l’équipe rectorale de l’Université de l’Ontario français, défend quant à elle une nouvelle vision pour le postsecondaire dans son ensemble, davantage axée sur la complétude et la collaboration que sur la compétition.

«Je pense qu’on est en avant de la locomotive, on peut être de leaders dans la mise en place de cette vision-là avec des pratiques de collaboration — comme le Consortium national de formation en santé — qui sont intéressantes pas juste pour nous, mais aussi pour le Québec», souligne la professeure.

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Dans une idée de complétude, les panélistes aimeraient voir les établissements postsecondaires francophones créer des «pôles d’expertise».  Des bourses de mobilité pourraient aussi permettre aux étudiants de compléter leurs diplômes hors de leur région natale… Mais toujours dans la francophonie canadienne.

«C’est quelque chose de très concret à quoi tous les gouvernements pourraient contribuer. Il faut penser à un arrimage canadien parmi la famille des 22, à un système national de reconnaissance des acquis», suggère Alain Dupuis.

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Linda Cardinal, professeure et membre de l’équipe rectorale de l’Université de l’Ontario français.

Mieux intégrer les étudiants internationaux

Le directeur de la FCFA exhorte aussi à mieux encadrer les étudiants internationaux. «On ne prend pas la responsabilité. On les recrute, on leur charge des frais de scolarité faramineux… Puis on ne s’assure pas de leur réussite en français dans nos communautés.»

«On a des responsabilités collectives à réussir cela… Assurer une transition harmonieuse envers la résidence permanente… Assurer qu’ils ont des emplois… Lutter contre le racisme et la discrimination auxquels ils font face…»

«C’est un engagement moral qu’on a besoin de prendre ensemble pour réussir et être fiers de ce projet collectif», ajoute Alain Dupuis.

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Université de l'Ontario français, UOF
L’entrée de l’Université de l’Ontario français au 9 rue Lower Jarvis à Toronto. Photo: Nathalie Prézeau

Un nouveau concept: le bien-être linguistique

Enfin, Linda Cardinal estime qu’il serait temps de «mettre de l’avant un nouveau concept: celui du bien-être linguistique.»

«Il faut en finir avec l’insécurité linguistique. C’est un concept honni, à proscrire, de perdant! Mon rôle en tant que professeure, c’est de m’assurer que l’étudiant vive un bien-être linguistique», ajoute-t-elle.

Cela fournirait un contexte plus encadrant. Et cela permettrait aux universités de miser sur leur taille à échelle humaine.

Francopresse est le partenaire médiatique officiel des États généraux sur le postsecondaire en contexte francophone minoritaire.

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