Bienvenus dans le Paris de 1915, tel que décrit dans les Mémoires secrets d’un valet de cœur. Ce thriller de Brigitte Aubert lève le voile sur les travestis ou transgenres avant le mot – «femmes nous voulions être, hommes nous étions» – en imaginant une intrigue qui met en scène tout «un corps d’élite chargé des vices privés».
L’Hôtel Sélignac est dirigé par un banquier du sexe. Les travestis vendent leur corps mais gardent leur tête, surtout André/Dédée. Il parle d’elle-même au féminin et plaît aux messieurs qui, pour satisfaire leur contentement, ont besoin à la fois de l’apparence féminine et des attributs masculins.
Un tueur en série rôde dans le sixième arrondissement afin d’éradiquer les erreurs de la nature. Est-ce pour assouvir sa haine ou taire son désir honteux? «Il n’y a rien de plus ambivalent que l’activité érotique.»
Cinq meurtres ont lieu en quelques semaines, dont un dans la maison close où Dédée travaille. C’est elle qui est la narratrice et presque l’adjointe du coroner.
Ce thriller illustre bien comment la peur est une seconde nature chez les travestis au début du xxe siècle. «Peur d’être insultée, peur d’être arrêtée, peur d’être humiliée, peur de mourir…» Cela crée automatiquement des réflexes de survie et de protection.