Le Franco-Torontois Nicolas Weinberg a beaucoup réfléchi sur ce qui peut rendre difficile l’existence dans notre société. Son recueil de nouvelles Vivre ou presque illustre comment nous nous retrouvons parfois dans des situations où nous ne partageons pas les valeurs dominantes, comme la recherche aveugle du pouvoir et de la domination.
Les sept récits qui composent ce livre ont été écrits entre 2013 et 2020. Ils ont en commun d’être marqués du sceau de la lucidité la plus totale. Ils nous font la démonstration que la vie n’est pas nécessairement un cadeau, plutôt le mal de vivre.
Mourir coûte cher
La première nouvelle, qui donne son titre au recueil, met en relief l’hyper-financement de la mort. Le personnage principal va bientôt mourir et il lui faut presque une calculatrice pour connaître la valeur de chaque étape à venir: coût des traitements, revenus des dons d’organes, funérailles.
Dans cette nouvelle, le couple s’offre un cadeau de Noël en laissant l’étiquette du prix «afin que l’autre puisse vérifier s’il n’a pas dépensé plus, auquel cas il y a rééquilibrage par un transfert monétaire de main à main au moment du dessert». C’est une coutume pour eux, la preuve que les bons comptes font les bons amis.
De journaliste à traducteur
Né à Paris en 1967, l’auteur inclut parfois des références à la France dans ses nouvelles. L’action de l’une d’elles se passe dans les bois et les collines du Lot, dans la vallée du Celé. Une autre histoire fait un arrêt au jardin des Gobelins et mentionne la rivière Bièvre soustraite à la vue des Parisiens sous les voûtes qui la ravalent au rang d’égout.