S’éduquer à propos des cryptomonnaies

Entrevue avec Othalia Doe-Bruce, PDG d'InnovFin

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Des cryptomonnaies. Photo: iStock.com/Chinnapong
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Publié 22/03/2022 par Annik Chalifour

Vous entendez de plus en plus souvent parler des cryptomonnaies, mais vous n’êtes toujours pas complètement au fait de ce qu’elles représentent? Nous avons rencontré Othalia Doe-Bruce, PDG-fondatrice d’InnovFin Consulting Inc., basé à Peterborough, pour éclairer notre lanterne.

«Les cryptomonnaies», explique-t-elle, «sont des valeurs numériques qui utilisent la faculté de partage et de maintien de données… Via la technologie blockchain pour valider le transfert et le suivi sans failles de valeurs numériques entre plusieurs personnes.»

Othalia Doe-Bruce.

Ces valeurs numériques sont détenues par des millions de personnes dans le monde.

C’est presque comme une sorte de «Google Form» n’appartenant pas qu’à un seul individu… Mais à plusieurs personnes qui en maintiennent les informations… Sans qu’aucune d’elles ne puisse modifier les informations une fois entrées.

«Notre dollar canadien, lui, utilise un système où ce n’est pas un groupe de personnes qui maintient les données de transfert ou de transaction. C’est le gouvernement représenté par la Banque centrale.»

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Plateforme éducationnelle

Selon Othalia Doe-Bruce, beaucoup de gens disent ne pas comprendre la cryptomonnaie et craignent de potentiellement y perdre leur argent.

«Pourtant la cryptomonnaie est devenue un puissant outil permettant de recevoir des transactions sans devoir se reposer sur notre monnaie traditionnelle. Elle est très flexible, sans aucune barrière géographique.»

Mais beaucoup de personnes n’ont aucune idée de comment y accéder ou comment l’utiliser.

Voila pourquoi InnovFin propose une plateforme éducationnelle qui veut permettre à tout un chacun de comprendre comment utiliser les produits de la blockchain, incluant la cryptomonnaie.

«Notre plateforme remédie à cette appréhension en créant un système où l’on apprend d’abord à utiliser et transiger la cryptomonnaie de façon gratuite. On peut y pratiquer ses aptitudes en utilisant des faux cryptomonnaies, tout comme les faux dollars du jeu de Monopoly

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Image de la plateforme InnovFin.

Formation et partenariats

Une fois que vous faites confiance en vos aptitudes à manipuler les fausses cryptomonnaies, vous passez à l’étape suivante permettant d’accéder à de la vraie.

«En s’éduquant à travers nos cours, les apprenants gagnent des cryptomonnaies qui sont vraies et gratuites», fait valoir Othalia Doe-Bruce.

On peut s’inscrire aux cours via le site innov-edu.ca… pour l’instant disponible en anglais seulement. Une version française s’ajoutera en fonction de l’intérêt et la demande des utilisateurs.

Les personnes inscrites recevront des avis concernant les cours, incluant les formations en français.

Elles recevront aussi gratuitement de la fausse cryptomonnaie pour s’exercer à l’achat et l’acquisition de vrais biens numériques comme les NFTs (art virtuel sur la blockchain) ou des vrais biens physiques.

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Par ailleurs, InnovFin recherche des partenaires souhaitant offrir certains de leurs biens numériques (en forme de rabais préférentiel) ou physiques aux utilisateurs. «Cela leur donnerait plus de visibilité», souligne Othalia Doe-Bruce.

Pour plus de renseignements, contactez [email protected].

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La plateforme Innov-Edu, de la firme InnovFin, permet de s’éduquer sur les cryptomonnaies et d’effectuer des transactions fictives avant d’investir du vrai argent.

Évasion fiscale: un mythe?

L’un des mythes circulant sur les cryptomonnaies veut qu’elles puissent être facilement utilisées à des fins d’évasion fiscale. Or, selon Othalia Doe-Bruce, «la réalité est qu’il est plus facile de faire une évasion fiscale avec de l’argent comptant»!

Le propre de la technologie sous-tendant la cryptomonnaie – la blockchain – est de faciliter le traçage de toute marchandise transigée.

«Par exemple, des compagnies comme Walmart utilisent la blockchain pour faire un suivi plus efficace des denrées alimentaires de la ferme au plat.»

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Ainsi, transiger des cryptomonnaies sur la blockchain équivaut à pouvoir faire un traçage sans failles de toute personne qui les reçoit ou les envoie.

L’argent comptant plus difficile à traquer

«Ce n’est pas le cas avec l’argent comptant, plus difficile à traquer.»

«Voilà pourquoi dans certaines boutiques, les commerçants nous proposent de payer en argent comptant sans taxes, ou avec la carte de crédit ou débit avec taxes. L’État peut plus facilement retracer nos paiements par carte de crédit ou débit.»

Notons que votre carte de crédit ou débit est associée à votre nom, tandis qu’avec la cryptomonnaie l’identifiant n’est pas toujours associé à un nom.

Pourtant en 2021, John McAfee, millionnaire créateur de l’anti-virus McAfee, a été condamné à une peine de prison pour évasion fiscale au moyen du Bitcoin, la plus populaire des cryptomonnaies. En 2020, l’ingénieur Volodymyr Kvashuk, un employé de Microsoft, a également été condamné.

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L’État peut donc repérer des activités frauduleuses faites avec la crypto.

«Il est important de noter que le citoyen doit aussi comprendre qu’elles sont ses obligations par rapport à l’État pour ce qui est des cryptomonnaies. Nous en parlons sur notre plateforme», indique Othalia Doe-Bruce.

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De plus en plus de dépanneurs affichent la présence d’un guichet automatique permettant de convertir de l’argent en Bitcoins.

Autonomie et sécurité

Le propre de la cryptomonnaie est qu’elle nous donne une entière autonomie sur notre compte. Tandis que les comptes bancaires sont contrôlés par les banques.

«Avec la cryptomonnaie, vous seul gérez votre compte», fait valoir Othalia Doe-Bruce.

«Ce degré d’autonomie inclut le devoir de gérer vos propres mots de passe. Si vous les perdez, ainsi que les garde-fous mis en place par le système blockchain, vous perdrez votre cryptomonnaie à jamais.»

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«La banque offre son service à la clientèle, mais votre autonomie y est évidemment moindre», signale Othalia Doe-Bruce.

«Quand on y pense, ça peut faire peur, en effet, mais ce degré d’autonomie est quelque chose que l’humain adulte moyen peut gérer.»

«Si vous pouvez vous permettre de conserver précieusement les titres fonciers de votre maison, de votre voiture, une pièce d’identité ou même un contrat sans l’aide de personne, vous pouvez faire de même avec la cryptomonnaie.»

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Image de la plateforme éducative d’InnovFin.

Achats et ventes

On peut acheter et vendre de tout en cryptomonnaies, des denrées alimentaires aux propriétés immobilières. On peut aussi se faire payer son salaire en cryptomonnaie.

InnovFin elle-même, évidemment, accepte les paiements en crypto pour ses services de consultation.

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L’or numérique contre l’inflation

Une façon de parer à l’inflation est d’investir dans des produits dits «protecteurs», ou des produits dont la valeur s’ajuste automatiquement vers la hausse, pour refléter l’inflation avec le passage du temps.

«Ces produits incluent l’immobilier, les commodités telles que l’essence, les métaux précieux comme l’or. Aujourd’hui, nous avons une autre forme de produit qui permet de faire la même chose. C’est la cryptomonnaie, qui est même appelée l’or numérique pour cette raison», cite Othalia Doe-Bruce.

Puisque la cryptomonnaie ne répond pas au même critère que l’argent, elle peut permettre à l’investisseur de se protéger contre l’inflation.

Mais cela ne veut en aucun cas dire que le prix de la cryptomonnaie monte ou descend automatiquement en raison de l’inflation.

«En fait la cryptomonnaie nous permet de faire un rééquilibrage des facteurs qui normalement impactent notre portefeuille d’investissement par rapport à l’argent», selon Othalia Doe-Bruce.

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Il existe un moyen de gagner des intérêts sur les cryptomonnaie; nous réservons ce concept pour nos cours plus avancés », précise la PDG.

Paiements numériques à la hausse

Il y a une forte croissance globale de l’adoption des paiements numériques. On  estime qu’elle atteindra jusqu’à 16% d’ici 2026 incluant les cartes de crédit, débit, Interac… et les cryptos.

«Donc il y a en effet une forte chance que la plupart des transactions soient faites en cryptomonnaie dans le futur.»

Aujourd’hui, beaucoup de gouvernements s’intéressent à la possibilité de créer leur propre version de la cryptomonnaie: la Chine, le Royaume-Uni, le Bahamas, la Barbade…

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Plusieurs commerces – ici une épicerie – affichent permettre les transactions en Bitcoins.

Pandémie

La Banque du Canada a tenu une série de rencontres sérieuses en 2020 pour déterminer si un dollar canadien en cryptomonnaie pouvait être une meilleure façon de gérer la pandémie. Et ce même si on attend toujours de savoir s’il y aura bientôt une cryptomonnaie canadienne.

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«Cet intérêt est vrai non seulement pour les gouvernements, mais aussi pour les compagnies», selon Othalia Doe-Bruce.

«Chez InnovFin nous créons notre propre version de la cryptomonnaie approximant aux dollars canadiens, ce qui vous permet de pratiquer l’utilisation de la cryptomonnaie en toute sécurité et sans dépense.»

24 millions d’utilisateurs

Tant qu’il y aura des fraudeurs, des vendeurs de drogues, et des gens qui tiennent à conserver leur argent sous le matelas, l’argent papier restera. Mais est-ce qu’un jour toutes les monnaies auront une version numérique en cryptomonnaie?

«La réponse est oui, il y a de très fortes chances», répond Othalia Doe-Bruce.

Aujourd’hui l’adoption de la cryptomonnaie au Canada est de 5% et de 9% aux États-Unis, soit près de 24 millions d’utilisateurs. La valeur du marché crypto a rapidement crû de zéro en 2009 à presque $2 trillions de dollars US en 2022.

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Othalia Doe-Bruce, cryptomonnaie
Othalia Doe-Bruce éduque sur la cryptomonnaie depuis quelques années déjà.

En temps de crise 

La cryptomonnaie ouvre de nouvelles possibilités en cas de crise, puisqu’elle permet aux individus de se déplacer légèrement sans porter leur argent qui peut être volé ou détruit, évoque Othalia Doe-Bruce.

Elle permet aussi de préserver la valeur de ses avoirs spécialement quand l’on ne veut ou ne peut pas utiliser la monnaie de son pays. Elle permet aussi de faire des collectes de fonds comme on le constate durant le conflit actuel en Ukraine.

«Cela dit, elle peut être utilisée des deux côtés d’un conflit parce qu’elle ne discrimine pas et elle est accessible par tout individu dans le monde.

Internet incontournable

Toutefois la cryptomonnaie a ses limites. Il faut que la personne utilisant la cryptomonnaie comme moyen de préserver son capital financier puisse:

  • Avoir accès à internet, un ordinateur ou téléphone mobile. Sinon il est impossible d’utiliser la cryptomonnaie.
  • Pour en acquérir, on doit trouver quelqu’un prêt à échanger votre argent contre la cryptomonnaie désirée.

Pendant un conflit, ce genre de transaction peut être difficile puisque la valeur de la monnaie d’un pays peut baisser.

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«Donc, bien que la cryptomonnaie ait beaucoup d’avantages, certains facteurs peuvent freiner son utilisation surtout durant une crise.»

Par ailleurs, si vous arrivez à transférer votre argent en crypto durant un conflit, «votre valeur financière n’est plus limitée aux effets négatifs du conflit sur la monnaie du pays, puisque vous vous êtes soustrait à cette influence».

Othalia Doe-Bruce
Un portrait d’Othalia Doe-Bruce dans le magazine Corporate.

À propos d’Othalia Doe-Bruce

Othalia Doe-Bruce est PDG-fondatrice d’InnovFin Consulting Inc depuis 2018, membre du comité du Conseil canadien des normes, contributrice au magazine Entrepreneur.

Diplômée en Finance des Investissements, Othalia a œuvré plus de dix ans à l’international (Crédit Suisse, Alliance Bernstein, UBS, la Financière Manuvie, Thomson Reuters).

Elle s’est ensuite réorientée vers le secteur des cryptomonnaies. Elle a formé des professionnels, des entrepreneurs et le grand public sur l’utilisation de la blockchain, notamment à l’Université de Pennsylvanie, l’Université York et le collège La Cité.

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 L’entrepreneure est co-auteure du livre Crypto Finance and Mechanisms of Exchange et lauréate du prix «Community Activist» décerné par le Waterfront Magazine.

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