S.O.S. Hawaï

Alexis Riopel, Reportages hawaïens
Alexis Riopel, Reportages hawaïens, Décadence naturelle, renaissance culturelle, essai, Montréal, Éditions Somme toute – Le Devoir, 2025, 126 pages, 18,95 $.
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Publié 08/10/2025 par Paul-François Sylvestre

Isolées du reste du monde pendant des lustres, les îles hawaïennes sont maintenant confrontées à de vives menaces. Dans ses Reportages hawaïens, le journaliste Alexis Riopel se penche à la fois sur la décadence naturelle et la renaissance culturelle de cet archipel, dont la population se chiffre à 1,4 million et dont le nombre de visiteurs est au moins sept fois plus élevé.

De septembre 2023 à août 2024, Alexis Riopel a eu la chance d’explorer Hawaï. Il a publié des reportages dans Le Devoir, L’actualité, Liberté, Québec Science, Nouveau projet, Curium et Le Monde. Son recueil les inclut presque tous.

La culture indigène disparaît

Le constat de l’auteur est alarmant. La nature indigène disparaît au profit d’espèces envahissantes. La langue hawaïenne et l’agriculture traditionnelle ne sont plus que l’ombre d’elles-mêmes. Les feux de brousse menacent la population.

Dans Restaurer le paradis hawaïen (Québec Science, septembre 2024), Riopel explique comment la flore qui a évolué dans l’archipel volcanique est maintenant au bord de l’abîme. Des écologistes tentent de regénérer ces milieux avant qu’il ne soit trop tard.

Dans La revivance de la langue hawaïenne (Le Devoir, 12 juin 2024), on apprend que cette langue a l’un des systèmes sonores les plus restreints au monde, avec seulement 14 sons. Chaque mot signifie différentes choses à la fois. Leur sens dépend beaucoup du contexte.

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Écoles d’immersion

Avant les années 1970, l’hawaïen suscitait le dédain et l’indifférence. Aujourd’hui, une nouvelle génération de locuteurs revitalise cette langue. «Près de 2 400 élèves du primaire et du secondaire fréquentent les écoles d’immersion intégrale en langue hawaïenne, soit 50% plus qu’il y a 10 ans.»

Dans Le hula, fierté de la jeunesse hawaïenne (Curium, juillet-août 2025), on apprend que cette danse traditionnelle, jadis interdite par les colonisateurs, fait revivre les histoires anciennes du royaume d’Hawaï. «Il permet à ses interprètes d’apprendre la langue du pays, de découvrir sa culture, d’étudier son histoire, de vivre un moment spirituel.»

La prospérité d’Hawaï n’est pas durable. Ses ingrédients d’effondrement sont les mêmes qu’à l’échelle planétaire. Ils n’apparaissent que plus clairement dans un microcosme insulaire: dépendance au pétrole, incapacité de se nourrir soi-même, vulnérabilité aux catastrophes naturelles.

Renaissance?

En conclusion, Riopel écrit qu’une question cruciale demeure en suspens. Jusqu’où, se demande-t-il, ira la renaissance hawaïenne? «Sa cadence actuelle peut-elle se maintenir jusqu’à ce que la culture hawaïenne redevienne dominante dans l’archipel?»

Alexis Riopel est journaliste au Devoir depuis 2018. Il couvre l’environnement, l’énergie et les sciences. En 2024, il publiait Singapour, laboratoire de l’avenir avec le photographe Valérian Mazataud.

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Auteurs

  • Paul-François Sylvestre

    Chroniqueur livres, histoire, arts, culture, voyages, actualité. Auteur d'une trentaine de romans et d’essais souvent en lien avec l’histoire de l’Ontario français. Son site jaipourmonlire.ca offre régulièrement des comptes rendus de livres de langue française.

  • l-express.ca

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