Rwandapreneur mobilise la diaspora pour une Afrique entrepreneuriale

Toronto a accueilli le 26 juin le Forum africain sur le commerce et l’investissement. Il s’agit d’une initiative organisée par Rwandapreneur, une plateforme torontoise-rwandaise dédiée à l’autonomisation des entrepreneurs à fort potentiel au Rwanda et dans la diaspora africaine.

L’événement, tenu à Entrepreneurs Point au centre-ville de Toronto, a réuni un public varié: investisseurs, experts en technologie, chefs d’entreprises, universitaires, représentants communautaires et membres de la diaspora africaine installée au Canada.

Créer des ponts durables entre deux mondes

«Il y a une forte demande d’investissements et d’opportunités, mais beaucoup de chefs d’entreprises manquent d’orientation», explique Roxanna Izamurera, conseillère stratégique pour Rwandapreneur.

Selon elle, le forum répond à un besoin de connexion réelle entre porteurs de projets et partenaires. «L’Afrique a des idées, la diaspora a des réseaux et des compétences. Il faut créer des passerelles concrètes pour traduire les idées en actions.»

Cette première édition diaspora s’inscrit dans une série d’initiatives menées par Rwandapreneur pour appuyer les créateurs d’entreprises à fort impact et bâtir un écosystème entrepreneurial afrocentrique. L’objectif est clair: mobiliser capital, capacités et connexions pour stimuler une croissance durable sur le continent africain, avec le soutien stratégique de la diaspora.

Panels et réseautage stratégique

La journée a été rythmée par plusieurs panels thématiques: commerce, infrastructures, intelligence artificielle, finance et développement économique. Des experts ont notamment débattu du rôle des données et de l’IA dans la transformation du commerce africain.

Le tout s’est clôturé par un cocktail de réseautage, permettant aux participants de nouer des contacts directs dans une ambiance conviviale.

Parmi les intervenants, Ali Soumah, président de AS Business Centre, a mis l’accent sur un élément central: l’exécution.

«L’information est disponible. Ce qui manque, c’est la capacité d’agir. Une mauvaise idée bien exécutée vaut mieux qu’une excellente idée jamais réalisée. Pour avancer, il faut de l’appui, des ressources, des connexions – et surtout, il faut passer à l’action.»

Un contexte favorable aux opportunités Canada-Afrique

Dans un contexte géopolitique où le Canada cherche à diversifier ses exportations, l’Afrique émerge comme un partenaire de choix. «EDC [Exportation et développement Canada] a annoncé 5 milliards $ pour soutenir les exportations hors États-Unis. C’est une opportunité à saisir, surtout dans des secteurs comme l’agriculture, l’habitation, les énergies propres ou la fintech», souligne M. Soumah.

Il rappelle aussi que les financements, les assurances de contrats et les partenaires techniques existent bel et bien. Le défi réside dans la mise en relation et dans l’adaptation aux réalités de terrain. «Il faut accepter certaines logiques locales, budgéter intelligemment, et surtout comprendre que l’Afrique, c’est un terrain d’opportunités – mais aussi de complexités.»

La diaspora, moteur de synergies

Pour Alphonse Barikage, président de RCA– Toronto (Rwanda Community Abroad), la diaspora a un rôle essentiel à jouer dans cette dynamique. Fort d’une communauté estimée à 4 000 personnes dans la région de Toronto, RCA mise sur des échanges économiques, sociaux et culturels pour renforcer les liens avec le Rwanda.

«Nos membres sont parfois dispersés, isolés, mais ils ont une envie réelle de contribuer. Ce type d’événement montre que c’est possible. On peut investir, collaborer et avoir un impact à la fois ici et là-bas», explique-t-il.

Il souligne également l’importance de sensibiliser la jeunesse, d’honorer les mémoires, et de renforcer les synergies entre associations de femmes, de jeunes, et d’entrepreneurs.

Un forum qui ouvre des perspectives

Le Forum africain sur le commerce et l’investissement aura permis, en un après-midi, de semer des graines de projets, de collaborations, et de rêves à réaliser. Pour Rwandapreneur, il ne s’agit pas d’un événement ponctuel, mais d’un mouvement de fond. Comme le rappelle Roxanna Izamurera: «Ce forum, c’est un début. Ce qu’on vise, c’est un écosystème vivant, durable, et connecté.»