L’écrivaine Claire Boulé a grandi à Québec, près du fleuve. Elle sait qu’il peut y avoir «beaucoup d’eau dans nos mémoires». Les marées bousculent parfois le cours des événements et des souvenirs; c’est ce qui arrive dans son tout dernier roman, Le bruit sourd des glaces.
«Brillant comme une lame d’acier», le fleuve tranche des morceaux de vie; il est «une entaille qui nous divise». Dès lors, la mission de Claire Boulé s’impose. «Avant que les repères s’évanouissent, il faut mettre des mots sur ce qui va disparaître, apposer du noir sur le blanc pour ne pas qu’il oblitère tout.»
Ancien felquiste
Les trois principaux personnages du roman sont Monique, Claudie et Allan. Les deux premières enseignent à Québec, le troisième est un ancien militant felquiste, «un beau gars doué pour la volupté», qui a la manie de s’éloigner de ses conquêtes «à la vitesse du courant».
Allan est guitariste et membre d’un groupe qui joue dans divers festivals, dont celui de Saint-Tite. À travers lui, on revit des pans de la Crise d’Octobre et du McGill français, tout en baignant dans le monde du rock, que ce soit avec des échos à Pink Floyd, Harmonium et Offenbach ou avec des airs d’Elvis Presley.
Lecture exigeante
À la musique s’ajoutent les arts visuels, car Monique, qui est la narratrice, aime dessiner et tomber sous le charme d’Emily Carr, de son «bleu tourbillonnant qui créait cet effet de vibration et d’apesanteur…».