Roman décapant sur le burn-out maternel

Janis Locas, Moi, Jessica M., 37 ans, maman, malheureusement
Janis Locas, Moi, Jessica M., 37 ans, maman, malheureusement, roman, Montréal, Éditons Somme toute, 2024, 256 pages, 28,95 $. Photo: Deschenes Regnier
Partagez
Tweetez
Envoyez

Publié 08/05/2024 par Paul-François Sylvestre

Une mère frôlant la folie, un père charmant mais absent, deux enfants accaparants, voilà les personnages que Janis Locas met en scène dans Moi, Jessica M., 37 ans, maman, malheureusement, un roman irrévérencieux et même décapant sur le burn-out maternel.

La narratrice-maman est Jessica, pour qui la maternité a sonné l’heure du désenchantement. «Avec une famille, s’extraire de la routine est laborieux.» Cette famille comprend le père Éric et les enfants Cassandra et Nathan. Si les bébés rendent les hommes sympathiques, ils peuvent rendre les femmes compliquées.

Enfants accaparants

À 7 ans, Cassandra porte toute une brochette de sobriquets: Cassou, Cassolette, Cassouchouette, Cachoupette. Elle fait remarquer à sa mère que «les éléphants ont des oreilles en forme d’Afrique». Et c’est vrai.

Quant à Nathan, 3 ans, il est toujours entre deux rendez-vous chez le pneumologue, l’allergologue, l’immunologue ou l’antibiothérapeute. Lorsque sa narine coule, Jessica dit: «une nouvelle infection pointe le nez» (beau jeu de mot).

Le papa Éric a du charme avec ses yeux émeraude, ses cheveux ondoyants, ses épaules de déménageur et les bras de Rafael Nadal. Lorsqu’il rentre tard du travail, Jessica lui lance: «Là TOI tu t’occupes des kids avant que je me tire une balle.»

Publicité

Écrire pour se défouler

Ici et là, on lit des extraits du roman que Jessica rédige pour raconter «l’histoire décousue d’une mère qui tente d’écrire une histoire, mais qui se fait déranger par des gamins se chamaillant pour un ver de gélatine». Jessica écrit pour se défouler, pour mettre du piquant dans sa vie.

Entre certains chapitres, on lit aussi les messages laissés sur Facebook par Dave, «une crisse de tapette heureuse» et un artiste-chorégraphe tapageur. En voici un exemple: « Hey FB, je voudrais me faire livrer les meilleurs cupcakes ou un gâteau red velvet. J’ai un gros craving!!!»

Plusieurs mot anglais parsèment ce roman. Chubby ou over my dead body sont bien connus. C’est moins le cas avec des expressions comme il watche de la porn, faire des mind games, ou blast from the past.

Enragée à temps plein

Dans ses moments de dépression, Jessica dit qu’elle a été «enragée toute la soirée, toute la journée en fait, toute la semaine, toute la vie, tiens!»

Dès qu’elle sent des murs s’effondrer à l’intérieur d’elle-même: quatre happy pills! Jessica engloutit aussi des drogues que je ne connais pas: Morfan pour dormir, Céliessa pour relaxer. À l’hôpital, on lui donne du Regulexiq, du Calmoft et du Froidril.

Publicité

Folle, pas folle, Jessica doit jongler avec son horaire à la maison et au travail. Mais, comme l’auteure le dit si bien en conclusion, «la vie c’est vivant, ça déborde de tous bords, ça ne pourra jamais rentrer dans un horaire».

Auteurs

  • Paul-François Sylvestre

    Chroniqueur livres, histoire, arts, culture, voyages, actualité. Auteur d'une trentaine de romans et d’essais souvent en lien avec l’histoire de l’Ontario français. Son site jaipourmonlire.ca offre régulièrement des comptes rendus de livres de langue française.

  • l-express.ca

    l-express.ca est votre destination francophone pour profiter au maximum de Toronto.

Partagez
Tweetez
Envoyez
Publicité

Pour la meilleur expérience sur ce site, veuillez activer Javascript dans votre navigateur