Avec un titre comme L’odeur de l’oubli, il n’est pas étonnant que Roger Levac se penche sur le sort des victimes de la maladie d’Alzheimer. Comme si la mémoire n’était pas déjà knock-out, ce roman à l’effet d’un véritable coup de poing.
Il met en scène une jeune femme témoin de la maladie de sa mère placée dans un maison d’accueil appelée La Sablière. Les ordres des préposées pleuvent: debout, assis, heure du bain, heure du dodo. L’endroit entretient le soupçon que chacun a «échoué dans cette piaule en attendant de mourir».
L’Alzheimer rétrécit le monde
Le monde de la mère se rétrécit jusqu’à n’être plus qu’un souvenir incertain. À La Sablière, la vie «coule entre les doigts comme du sable». La mémoire est «une peau de chagrin qui rétrécit un peu chaque jour».
La fille-narratrice couche par écrit ce qu’elle vit, ce que sa mère endure et leur passé commun, troublé par le passage d’un père violent. Elle griffonne chaque jour ses observations, ses secrets, ses pensées les plus intimes, les moins avouables.
Les notes que renferment son cahier finissent par former un livre. Ce n’est pas tout à fait le roman que nous lisons, car elle dédicace ce livre à son père, alors que L’odeur de l’oubli est dédicacée à la mémoire de la mère de Roger Levac.