Robert Lalonde, un écrivain obsédé de vérité

Robert Lalonde, On est de son enfance
Robert Lalonde, On est de son enfance, carnets, Montréal, Éditions du Boréal, 2024, 232 pages, 24,95 $.
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Publié 14/09/2024 par Paul-François Sylvestre

J’ai fait la connaissance de Robert Lalonde en lisant Le Dernier Été des Indiens (1982), roman sur l’amour interdit (entre deux hommes). J’ai renoué avec lui des décennies plus tard et je salue sa plus récente publication, On est de son enfance, nouveau tome de carnets autobiographiques.

On n’apprend que Robert Lalonde écrit ses premiers poèmes à l’âge de quinze ans. «Je n’écrivais pas encore, je chuchotais mes désirs et mes frousses.» Il se tourne assez jeune vers les mots pour préserver le merveilleux de son enfance.

Lectures interdites

Au collège, avec Bertrand et Jean-Luc, il cause de livres interdits: Camus, Gide, Sartre. Cette «coalition, collision, complicité dans l’illusion» lui permet d’envoyer promener l’inexorable.

En lisant Alice Munro, il retrouve son propre credo de romancier et nouvelliste. «Dans ma mémoire imaginante, les personnages et les lieux sont à la fois vrais et fabulés, réels et recomposés, palpables et mystérieux.» Lalonde cite ou fait référence à une quarantaine d’écrivains, dont Camus, Colette, Giono, Hemingway, Rimbaud, Gabrielle Roy, Rushdie, Sartre et Thoreau, pour ne nommer que les plus connus.

Lalonde réfléchit beaucoup sur l’acte d’écrire, lequel exige plus de foi que de bon sens, plus de folie que de volonté, plus de persévérance que de préméditation.

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Conseil de Marie-Claire Blais

Marie-Claire Blais est décédée en 2021, et Lalonde ne s’habitue pas encore à son départ. Plus de cinquante ans après la publication du roman David Sterne, il se rappelle comment il s’était reconnu dans la destinée d’un adolescent désireux «d’embrasser tous les vices avant de s’éteindre».

Il avait envoyé un mot à Blais pour lui faire part de son ardent désir d’écrire, mais aussi des encombrements qui freinaient son incertaine vocation. Elle lui avait illico répondu qu’il n’avait qu’à se mettre à la tâche, «sans rien craindre. Sans rien espérer, l’écriture étant un voyage qu’il s’agissait d’accomplir sans boussole.»

Tout au long de la lecture de ces carnets, force est de reconnaître que «l’enfance qui convoque la merveille charroie aussi le mal-être». Cela n’est pas évident sur le coup, bien entendu. Il faut avoir beaucoup vécu et réfléchi pour en prendre conscience.

Une vocation

Camus a déjà écrit qu’il n’avait pas de métier, juste une vocation. Lalonde se chauffe du même bois. Comme l’auteur de La Peste, il «ne besogne pas en professionnel de l’écriture mais en chercheur de joie obsédé de vérité».

Comme ce troisième tome de carnets traite de l’enfance, Lalonde colore ses souvenirs de comparaisons teintées du milieu religieux dans lequel il a sans doute baigné. Il avance «solennel comme un premier communiant». Il marche «comme le pèlerin chemine vers Compostelle». Il parle les yeux fermés, «comme fait le prêtre pour mieux voir le péché».

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Menant en parallèle des carrières d’acteur et d’écrivain, Robert Lalonde s’est imposé au premier rang de la littérature québécoise contemporaine. Il s’est vu décerner, en novembre 2023, le prestigieux prix Athanase-David pour l’ensemble de son œuvre.

Auteurs

  • Paul-François Sylvestre

    Chroniqueur livres, histoire, arts, culture, voyages, actualité. Auteur d'une trentaine de romans et d’essais souvent en lien avec l’histoire de l’Ontario français. Son site jaipourmonlire.ca offre régulièrement des comptes rendus de livres de langue française.

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