Robert Aird et Marc-André Robert ont vu 150 longs métrages pour trouver comment le rire a contribué à définir les Québécois. Le fruit de leur recherche a donné lieu à un essai intitulé L’Imaginaire comique dans le cinéma québécois, 1952-2014. Cet ouvrage sérieux fera parfois sourire les lecteurs.
L’année 1952 renvoie au film Ti-Coq, de Gratien Gélinas. Avant cette production, le Service de ciné-photographie provincial occupait presque à lui seul le grand écran avec des films d’information gouvernementale. Les longs métrages de fiction étaient surtout le fait de maisons de production privées «qui se spécialisaient dans le mélodrame, laissant le champ du rire presque complètement en friche».
Le sexe demeure une source intarissable d’éclats de rire. Juste pour l’année 1970, il y aurait eu de 15 à 20 films érotiques à l’affiche dans les salles de cinéma à Montréal, qui est «perçue comme la métropole du cinéma cochon». Le rire gras est présent dans Q-bec my love de Jean-Pierre Lefebvre, dans Deux femmes en or de Claude Fournier et dans Après ski de Roger Cardinal.
La duperie est une autre source de comique. Denis Héroux y a recours dans Y a toujours moyen de moyenner (1973), tout comme Roger Fournier dans Les Aventures d’une jeune veuve (1974).
Les personnages solos ont marqué le cinéma québécois et ont fait rire. On n’a qu’à penser à Julien Poulin dans Elvis Gratton, le King des Kings de Pierre Falardeau (1985), à Guy A. Lepage dans L’appât d’Yves Simoneau (2010) ou à Patrick Huard dans Starbuck de Ken Scott (2012).
Au sujet de la série Elvis Gratton, Robert Aird et Marc-André Robert notent que le slapstick, la caricature et la satire n’ont rien de spécifiquement québécois. «Seulement, la caricature est celle du colonisé et la satire vise entre autres le fédéralisme et le bilinguisme canadiens.»