Ces reptiliens qui contrôlent nos gouvernements

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Publié 26/02/2019 par François Bergeron

Du spiritisme à la matrice, en passant par les OVNIs et les reptiliens, on peine à distinguer la science-fiction des pseudo-sciences, et les errements des complots. En cela, l’Internet n’a fait que prendre le relais de l’imprimerie.

Mon père me racontait que, dans sa vingtaine (les années 1950), un collègue de travail et lui passaient parfois pour des hurluberlus à discuter des mystères du cosmos et des OVNIs (populaires après l’incident de Roswell), ainsi que de l’influence de civilisations inconnues sur la construction des pyramides et sur le cours de l’Histoire avec un grand H.

Ces théories ou fantaisies, popularisées notamment par Erich von Däniken en 1968 et par Zecharia Sitchin en 1976, circulaient déjà depuis le 19e siècle de Jules Verne et H.G. Wells. La science-fiction s’en inspire encore.

Plus tard, le SETI a officialisé la recherche de signaux extraterrestres, et on a lancé les sondes Voyager et Pioneer contenant des instructions pour communiquer avec nous.

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Jusqu’à maintenant, en braquant nos télescopes vers d’autres systèmes solaires, on détecte des planètes qui paraissent bien situées pour accueillir la vie telle qu’on la conçoit (pas trop chaudes, pas trop froides, pas trop massives). Mais on n’a pas encore de preuves de vie, même microbienne, encore moins intelligente.

Une plaque dans les sondes Pioneer 10 et 11 fournit quelques informations sur notre civilisation et comment nous contacter.

Aux 16e, 17e et 18e siècles, on s’est passionné pour la découverte des Amériques et de l’Océanie, imaginant des mondes étranges comme dans Les Voyages de Gulliver.

Dans les milieux non-conformistes, on jasait aussi de spiritisme et d’alchimie, pas plus bizarres que plusieurs croyances et pratiques religieuses dominantes.

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Gulliver rencontre l’île volante de Laputa.

Une idée récurrente veut qu’un savoir ésotérique très important – révolutionnaire s’il était révélé au monde – se soit perdu au cours de l’Antiquité ou du Moyen-Âge.

C’est un peu la trame du DaVinci Code, le roman de Dan Brown inspiré d’une enquête de trois journalistes britanniques sur les protecteurs d’une descendance secrète de Jésus, qui touche aussi aux templiers et à la franc-maçonnerie.

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Le grain de vérité, ici, est que des connaissances ont parfois été perdues pendant quelques siècles à cause de guerres de conquête, de pandémies comme la peste ou de catastrophes naturelles.

Galilée n’aurait pas été persécuté s’il avait vécu à l’époque gréco-romaine, où l’on admettait que la Terre était ronde et tournait autour du Soleil.

Le poète philosophe Lucretius (mort vers 55 avant J.-C.) concevait déjà l’atome et l’évolution des espèces. Par contre, il contestait l’idée de la rotondité de la Terre, comme récemment cette élue municipale de Gatineau qui a cru bon de tweeter «Qui a décidé que la Terre est ronde?»

The Evolution of Everything, de Matt Ridley, s’inspire de la vision de Titus Lucretius Carus.

Par ailleurs, en l’absence d’événements majeurs, des pans entiers de l’histoire peuvent tout simplement tomber dans l’oubli. On sait souvent peu de choses des conditions de vie de nos propres grands-parents.

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Le progrès de l’humanité ne se dément pas, mais il connaît parfois des ratés ou des reculs, comme des périodes plus fécondes.

Des «habitants» (canadiens-français) jouant au cartes. Toile de Cornelius David Krieghoff 1848.

Bien des gens affichent leur méfiance des «versions officielles» et sont friands des explications les plus échevelées.

Quelqu’un m’a déjà dit trouver crédible l’idée que la Terre ne serait pas ronde ni plate, mais bien concave… Et la Lune, le Soleil, les autres planètes? Et pourquoi nous cacher ça?

Une autre fois, j’ai réalisé qu’un ami, avec qui j’admirais le ciel étoilé à la campagne, ne savait pas que les étoiles étaient des soleils comme le nôtre, en plus éloignés. Il ne s’était jamais posé la question, sur l’immensité de l’univers non plus, imaginant plutôt des effets de lumière dans l’atmosphère…

reptiliens, ciel étoilé

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Il y a une vingtaine d’années, un commerçant m’a demandé le plus sérieusement du monde si j’avais déjà écrit dans mon journal sur les reptiliens intraterrestres qui contrôleraient nos gouvernements. Une preuve: l’ours polaire de notre pièce de 2$ qui devient une tête de tyrannosaure quand on le regarde sous un autre angle…

Selon certains sondages, cette histoire de reptiliens auraient encore des adeptes aujourd’hui, comme celle de la Terre plate ou d’autres comme le remplacement de Paul McCartney par un sosie. Mais je soupçonne que les facétieux sont plus nombreux que les vrais croyants ici, y compris parmi les diffuseurs de ces théories.

Le fondateur de la Scientologie a commencé par écrire des romans de science-fiction avant de deviner qu’inventer une religion serait plus payant. Raël, lui aussi, était journaliste (de course automobile!) avant de fonder sa secte.

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Le livre fondateur de la Scientologie et celui du Mouvement raëlien.

Rappelons que toutes les grandes religions ont commencé par être des sectes, et que toutes les sectes ambitionnent de devenir de grandes religions.

N’importe qui pouvant maintenant créer un site web, une page Facebook ou une chaîne YouTube, on a l’impression que les histoires alternatives, les pseudo-sciences et les faussetés pullulent. Mais les moyens de communication modernes ne font que prendre le relais de l’imprimerie.

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J’ai longtemps été abonné à la revue des Sceptiques du Québec, affiliée à la croisade du magicien américain James Randi contre les charlatans modernes: guérisseurs, devins, médiums et autres soi-disant détenteurs de pouvoirs surnaturels.

James Randi

Le progrès, ou seulement le passage du temps, fait qu’on ajoute constamment au catalogue des curiosités et des complots fantastiques:

– doutes sur les circonstances de la mort d’Hitler ou de JFK, sur les missions Apollo sur la Lune ou sur les responsables des attaques du 11 septembre 2001;

– glorification de l’homéopathie et de médecines «douces» à effet placébo, mais dénigrement des vaccins essentiels et des traitements éprouvés;

– dimensions invisibles accessibles à quelques initiés ou individus particulièrement sensibles (le site Gaia, que je vois passer sur Facebook, est particulièrement divertissant);

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L’empreinte laissée par Neil Armstrong sur la Lune le 21 juillet 1969.

– présence parmi nous d’observateurs ou d’influenceurs extraterrestres ou venus du futur, souvent associés à un gouvernement mondial occulte;

– preuves accidentelles de téléportation ou de bogues dans la matrice (directement inspiré du cinéma ici)…

J’inclus dans cette liste les prédictions de fin du monde dans la guerre, la surpopulation, le dérèglement climatique ou l’intelligence artificielle. Même si elles sont moins fantaisistes, ces peurs ne sont pas aussi minoritaires qu’elles ne le mériteraient.

Notre monde n’est-il qu’un rêve, comme dans le film The Matrix?

Auteur

  • François Bergeron

    Rédacteur en chef de l-express.ca. Plus de 40 ans d'expérience en journalisme et en édition de médias papier et web, en français et en anglais. Formation en sciences-politiques. Intéressé à toute l'actualité et aux grands enjeux modernes.

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