50e anniversaire d’Apollo 11 : quand l’homme décrocha la Lune

Buzz Aldrin avec, en fond, le module lunaire Eagle. Photo: NASA.
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Publié 20/07/2019 par Lucas Pilleri

Le 20 juillet à 22h56, heure de Houston aux États-Unis, trois héros de l’espace atteignent la Lune pour la première fois de l’histoire.

Neil Armstrong, Buzz Aldrin et Michael Collins, ce dernier resté à bord, foulent l’astre de la nuit contemplé depuis la Terre des millénaires durant. Retour sur cet évènement fondateur de la conquête spatiale.

Quatre jours

Quatre jours et 384 000 kilomètres plus tôt, Apollo 11 décolle depuis Cape Canaveral sous le regard d’un million de spectateurs venus sur les plages de Floride contempler les explorateurs de l’espace.

À 68 km d’altitude, le premier étage de la fusée Saturn V, la plus puissante jamais construite, se détache et tombe dans l’océan.

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Le deuxième étage propulse l’appareil en orbite à environ 170 km d’altitude.

Puis, la fusée tourne autour de la Terre, prenant son élan pour poursuivre sa traversée spatiale.

Enfin, le réacteur du troisième étage pousse la fusée hors de l’orbite terrestre vers la Lune, à 40 000 km/h.

Décollage de la mission Apollo 11 le 16 juillet 1969.

«Un petit pas pour l’homme…»

Eagle, le module lunaire abritant les trois Américains, alunit au sud-ouest de la mer de la Tranquillité.

Neil Armstrong est le premier à poser le pied sur l’astre encore vierge de toute empreinte humaine. «C’est un petit pas pour l’homme, un bond de géant pour l’humanité.» Ces mots trouvent un écho via la télévision et la radio auprès d’un demi-milliard de personnes sur Terre.

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Les astronautes restent 21 heures et 36 minutes sur la surface de la Lune et collectent 22 kilos de roche. Leur trajet de retour, d’une durée de 60 heures environ, s’achève le 24 juillet dans l’océan Pacifique, au large d’Hawaï.

Le module de commande Columbia contenant l’équipage est repêché par le porte-avions USS Hornet avec à son bord le président Richard Nixon.

Buzz Aldrin salue le drapeau américain déployé à la surface de la Lune. Photo: NASA.

Une course politique

Cette conquête lunaire intervient en pleine Guerre froide. La Lune se trouve alors au cœur de l’affrontement entre les Américains et les Soviétiques.

Ces derniers ouvrent le score en 1957 avec le placement en orbite du tout premier satellite artificiel, Spoutnik. Puis, en avril 1961, ils envoient le premier humain dans l’espace, Youri Gagarine. La première femme cosmonaute, Valentina Terechkova, suivra en 1963.

«C’était un grand choc pour le reste du monde», explique Michael Unger, coordinateur des programmes au Centre spatial H. R. MacMillan à Vancouver. «On se disait que les États-Unis n’étaient peut-être pas la première puissance mondiale après tout.»

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En réponse, la NASA est fondée en 1958. L’Administration nationale de l’aéronautique et de l’espace a un but pour les Américains: rattraper leur retard dans la course à l’espace.

«La menace de frappes nucléaires était bien présente. Si les Soviétiques avaient la technologie nécessaire pour faire décoller une fusée, ce pourrait bien être la fin pour le monde occidental», replace dans le contexte Michael Unger.

Michael Unger, à côté de la combinaison spatiale de Michael Collins.

Un exploit national

Le 25 mai 1961, lors d’un discours au Congrès, le président Kennedy affiche sa volonté d’envoyer un Américain sur la Lune. Afin de franchir cette «Nouvelle Frontière», Kennedy lance le programme spatial Apollo la même année, l’alimentant d’«un énorme afflux d’argent et de matière grise», souligne Michael Unger.

Au total, près de 400 000 personnes participeront au programme et 25 milliards $ seront injectés (soit plus de 150 milliards $ ajustés à 2019), un budget «astronomique» représentant jusqu’à 4% du PIB national.

Les missions progressent vite. Le premier satellite américain, Explorer I, est mis en orbite en 1958. Le premier astronaute, Alan Shepard, est envoyé dans l’espace en mai 1961, devancé seulement d’un mois par Youri Gagarine. Entre octobre 1968 et mai 1969, les missions Apollo 7, 8, 9 et 10 sont exécutées, servant de répétitions.

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«Les missions Apollo ont changé la donne», ponctue Michael Unger. Non sans quelques ratés: Apollo 1 emporte la vie de trois astronautes, morts dans un incendie lors d’une répétition au sol.

Le module de commande Columbia, qui a ramené les astronautes sur la Terre, est exposé au National Air and Space Museum à Washington.

Des scientifiques allemands

Lorsque le pari est fait au début des années 1960, aucun Américain n’est encore allé dans l’espace, note Robert Lamontagne, astrophysicien au Centre de recherche en astrophysique du Québec. «C’était un défi très audacieux. Tout était planifié en une série d’étapes, du programme Mercury à Apollo, en passant par Gemini

Les Américains s’appuient sur l’inventeur des terribles fusées V-2 utilisées pendant la guerre, l’ingénieur allemand Wernher von Braun, exfiltré en 1945 vers les États-Unis avec ses meilleurs scientifiques.

Après juillet 1969, cinq autres missions Apollo atteignent la Lune. Dix astronautes, tous américains, fouleront à leur tour le sol lunaire. Le dernier alunissage remonte à 1972, date à laquelle le programme Apollo est arrêté.

Une empreinte de Buzz Aldrin sur la Lune. Photo: NASA.

Retour sur la Lune

Il faut attendre Donald Trump pour que l’Amérique pense à rendre une nouvelle visite à l’astre blanc, prévue d’ici 2024 avec le programme Artémis.

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En face, un nouveau concurrent, la Chine, premier pays à poser un engin sur la face cachée de la Lune en janvier 2019 et désireux d’y construire une base d’ici 2030. «C’est le retour de la compétition, perçoit Robert Lamontagne. Les Chinois sont très proactifs avec leur programme de taïkonautes.»

En ligne de mire, l’établissement d’une colonie lunaire et la conquête de Mars. «La Lune serait un pied-à-terre qui servirait de tremplin», figure l’astronome. L’astre de la nuit n’a pas fini de faire rêver.

Une photo prise par Buzz Aldrin, l’une des rares où l’on voit Neil Armstrong sur la surface de la Lune, car la plupart du temps il tenait lui-même l’appareil. Photo NASA.

Auteur

  • Lucas Pilleri

    Journaliste à Francopresse, le média d’information numérique au service des identités multiples de la francophonie canadienne, qui gère son propre réseau de journalistes et travaille de concert avec le réseau de l'Association de la presse francophone.

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